Apportant à la fois un éclairage théorique et des exemples pratiques, cet ouvrage se veut une nouvelle contribution à la sensibilisation des jeunes générations à la question écologique.

Les deux premiers chapitres s’ouvrent sur la place de cette thématique dans les cadres scolaires tant en primaire que dans le secondaire. Ils rappellent la place relativement naturelle de la géographie et des sciences de la vie et de la terre et, de manière plus timide, le rôle que peuvent également tenir les mathématiques (courbes montrant le réchauffement), les sciences physiques et chimiques (la température, l’effet de serre, les îlots de chaleur urbains…), l’EPS, l’histoire, le français, la philosophie, les langues…Malgré tout, les croisements sont durs tant la France est attachée à son cloisonnement disciplinaire, l’auteur comparant notre système éducatif à un « vaste cimetière de tentatives d’introduire l’interdisciplinarité ».

Il s’ensuit une analyse de la pédagogie de projet à l’aide d’exemples : le climathon (créer des îlots de fraîcheur, des ateliers de réparation de vélo…), mener des enquêtes, des fresques du climat…mais il est aussi question de la présentation de partenaires : « Ma petite planète » par exemple.

L’ouvrage invite à « penser plus large » : plus qu’une période, plus qu’une année….il évoque le potentiel « conflit de loyauté » : les comportement des parents ne sont pas forcément ceux préconisés…d’où la nécessité de les impliquer. On peut aussi fédérer les troupes autour d’éco-délégués et regarder du côté d’autres pays pour comparer les situations.

L’éco-anxiété est traitée également et vue comme un mal nécessaire : il faut un dosage entre le fait de rassurer et de responsabiliser. En aucun cas se résigner. Ce n’est pas une pathologie mais, au contraire, une saine manifestation de l’écolucidité.

L’opus aborde aussi le recours à la fiction pour imaginer des « happy ends » à des scénarios prospectifs qui pourraient être trop noirs. La démarche « Ter Ter I3 » de l’Université de Toulouse permet de mettre en lumière les travaux de nos collègues géographes. Dans un autre registre, la mise en scène corporelle permet de représenter, dans une sorte d’acrogym, la hausse de la pollution.

Sortir et se connecter à la nature apparaît aussi une nécessité : l’exemple original de la nage en eau libre est convoqué à l’appui des travaux de deux chercheurs de l’université d’Artois : Sarah Pochon et Muriel Surrans.

L’ouvrage traite aussi du réseau d’acteurs officiels comme « La main à la pâte » ou les « Savanturiers » ou d’autres regroupements plus informels. Ils nous aident à résister au positivisme, au relativisme et au conformisme.

La fin de l’ouvrage est très intéressante au travers des questions relatives au déni, au scepticisme et à la vigilance qu’il faut y avoir envers les stratégiques argumentatives qui montrent que certains peuvent encore nier, croire aveuglement en une géo-ingénierie qui nous sauverait…des « moisissures argumentatives » comme le dit l’auteur. Les pages 148-149 présentent un pertinent listing des différents types de risques cognitifs associés à ces questions.

De ce fait, l’éducation aux médias, notamment à la traque de la publicité cachée, est indispensable. On peut faire produire des textes informatifs par les élèves. La réponse de ChatGPT à l’existence du réchauffement climatique semble, a priori, correcte et éviterait, a priori, pas mal de désinformation.

Le livre se termine sur la présentation des métiers verts qui pourraient constituer des emplois d’avenir : l’occasion de rappeler, qu’hélas, le lien entre l’utilité sociale d’un métier et sa rémunération est tout sauf cohérent.

Débattre et travailler les controverses, introduire une didactique des questions socialement vives font partie de la solution.

Trois phrases intéressantes, page 151, résume finalement très bien le problème :

  • Le climat change du fait de l’action humaine,
  • Les scientifiques sont d’accord,
  • C’est grave et on peut faire quelque chose.

A noter, en cas de réimpression, une coquille page 22, sur l’orthographe du nom de Nicole Tuttiaux-Guillon.