Malgré tout, des leçons et analogies intéressantes peuvent être dégagées du travail fourni par Sébastien Evrard. Car il y a des traits d’avenir dans les dispositions mises en œuvre par les hommes et les doctrines de la Ferme Générale, où l’on discerne les éléments d’une paléo-culture du service public. S’inscrivant dans une forme archaïque de partenariat public-privé, le statut des personnels de la Ferme porte la marque de ces deux influences. Des constances s’affirment dans la pratique administrative et les modalités de gestion des ressources humaines. Agents privés d’une délégation de service public, les hommes de la Ferme sont exposés aux risques d’une suppression de poste dans le cadre des réorganisations du service, dont la logique est identique à celle d’un plan social. La « machine à sanctionner » de la Ferme Générale a pour fondement le souci d’imprégner ses membres du respect des règles d’éthique professionnelle nécessaires à la bonne marche et la bonne image de leur fonction. Il leur faut d’ailleurs accepter contrainte d’éloignement et exigence de neutralité, de manière à prévenir les risques de complaisance ou de corruption avec les fraudeurs. Enfin, l’invention d’un mécanisme de retraite par répartition témoigne d’un souci original -quoique relatif- de la responsabilité sociale. Le modèle de la Ferme Générale à son crépuscule trouve ainsi dans ces signes une troublante modernité.
Gabelous et contrebandiers – Histoire des fermiers généraux de Dijon (1760-1780)
Sébastien Evrard
L'Harmattan, 2015, 278 p., 25 €
Malgré tout, des leçons et analogies intéressantes peuvent être dégagées du travail fourni par Sébastien Evrard. Car il y a des traits d’avenir dans les dispositions mises en œuvre par les hommes et les doctrines de la Ferme Générale, où l’on discerne les éléments d’une paléo-culture du service public. S’inscrivant dans une forme archaïque de partenariat public-privé, le statut des personnels de la Ferme porte la marque de ces deux influences. Des constances s’affirment dans la pratique administrative et les modalités de gestion des ressources humaines. Agents privés d’une délégation de service public, les hommes de la Ferme sont exposés aux risques d’une suppression de poste dans le cadre des réorganisations du service, dont la logique est identique à celle d’un plan social. La « machine à sanctionner » de la Ferme Générale a pour fondement le souci d’imprégner ses membres du respect des règles d’éthique professionnelle nécessaires à la bonne marche et la bonne image de leur fonction. Il leur faut d’ailleurs accepter contrainte d’éloignement et exigence de neutralité, de manière à prévenir les risques de complaisance ou de corruption avec les fraudeurs. Enfin, l’invention d’un mécanisme de retraite par répartition témoigne d’un souci original -quoique relatif- de la responsabilité sociale. Le modèle de la Ferme Générale à son crépuscule trouve ainsi dans ces signes une troublante modernité.