La France en partage de Max Memmi est un ouvrage de vulgarisation en histoire et géographie, comparable à L’état de la France, moins la scientificité du propos et plus l’inventaire à la Prévert et la poésie du verbe, avec une mise en page et une construction de chapitre qu’on pourrait qualifier d’artisanales, en excluant de ce terme toutes connotations négatives, et en y incluant l’idée d’une ballade dans la campagne ou d’un récit au coin du feu pendant une longue soirée d’hiver.

Une Encyclopédie littéraire

Dans cet ouvrage, on appréciera un aspect encyclopédique, qui assume de le proposer en des termes fleuris, dans un style baroque ou surprenant ou les deux à la fois. Il y a quelque chose des encyclopédies ottomanes de la fin du XIXe siècle dans cette manière de composition – décrites par Orhan Pamuk dans plusieurs de ses écrits nostalgiques d’une splendeur déchue.

Un plaidoyer amoureux

L’ouvrage est aussi et surtout un plaidoyer – l’avant-propos nous le dit – en faveur de la France, de son idée, de son système, de ses beautés, de ses réalisations; une ode chatoyante et disparate en hommage à l’hexagone pluri-millénaire, écrite dans un esprit de révolte, contre la sinistrose et le catastrophisme ambiants, contre l’impression de décadence qui fait les beaux-jours des éditeurs pourvoyeurs de thésards réformateurs, dépressifs et dégoûtés par le monde qui les a vu naître et élevé.

Colère et émerveillement

On sent une certaine colère dans les propos de l’auteur, colère de l’homme qui a beaucoup donné et beaucoup reçu d’un pays qu’il voit aujourd’hui dénigré injustement – à ses yeux –, alors qu’il aimerait enfin profiter de la retraite du guerrier de la culture, qui n’a pas démérité mais comme tout le monde, a le droit à la paix.
La colère passe vite, se fait happer dans le flot des mots qui s’émerveille de notre France éternelle : il suffit d’énumérer les titres des chapitres pour comprendre qu’il s’agit d’un procès en canonisation, assorti de notices post-fin-de-chapitres intitulées « mais le savez-vous ? » et qui cataloguent toutes les inventions plus ou moins utiles, toujours révolutionnaires et culturellement mémorables, des plus illustres des Français, depuis l’époque moderne, parfois le Moyen-âge, jusqu’à nos jours.

Au fil des chapitres

Au fil des chapitres, l’auteur raconte les dimensions économiques, démographiques, culturelles du pays, les symboles de sa République, les étapes de sa construction, les structures de ses terroirs et de l’administration qui les gouverne ; il parle de ses racines religieuses, de la construction de la monnaie nationale puis européenne, de la vie politique typiquement française (droite-gauche…), de tout ce qui est caractéristique d’une discussion sur les « fleurons » de notre nation : système social, industrie nucléaire, aéronautique, automobile, cinéma, spectacle et last but not least ! Paris, capitale mondiale.

Avec tout ça, en sortant de ces lignes pleines de fougue et de conviction, si vous n’êtes pas persuadé que la France s’en sortira forcément grâce à son génie antédiluvien – c’est, décidément, que vous n’êtes pas un bon Français ou qu’alors, vous souffrez vraiment d’un cruel problème d’entendement.