Cap COP 21 ! Les auteurs et les éditeurs se bousculent pour fournir des éléments de réflexion sur les enjeux de la 21ème conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies pour le Changement Climatique se tenant en décembre 2015. Arthur Vétu, ingénieur centralien, fait le choix d’examiner la situation à partir de la Chine. Il s’appuie essentiellement sur la bibliographie institutionnelle de l’ONU et celle de l’État chinois sur le sujet, publiée en langue anglaise.
La Chine s’est rendue célèbre lors de la conférence de Copenhague pour avoir refusé tout engagement chiffré et contraignant en termes de réduction de gaz à effets de serre (GES) et avoir mis en échec tout processus de négociation. Premier émetteur de GES, elle a un poids énorme dans les négociations. Si elle accepte lors de la COP 21 de s’engager, cette conférence sera historique puisque le cas de la Chine constituera « un exemple sur lequel pourraient s’aligner les autres économies émergentes et en développement qui hésitent sur la posture de négociation à adopter en vue de concilier développement économique et lutte pour la préservation du climat et de l’environnement. » (p. 19).
D’un côté, Arthur Vétu est optimiste sur les chances de réussite de cette conférence (Chine engagée activement dans des discussions internationales sur le climat dans le cadre de la CCNUCC Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ainsi que la mise en place de l’ambitieux 12ème plan quinquennal national 2011-2015), d’un autre, il demeure réaliste sur les chances d’aboutissement des négociations. La Chine demeure inflexible sur le principe de Responsabilités Communes Mais Différenciées (RCMD) tel que mis en pratique dans le Protocole de Kyoto, surtout que toute injonction venant des pays occidentaux est mal vécue car renvoyant « à un siècle d’humiliations à la suite des guerres de l’opium et des interventions japonaises » (p. 24).
Un espoir de réussite demeure toutefois en raison du poids de la société civile, la population vivant de plus en plus mal les pollutions multiples qu’elle subit. Le pouvoir est conscient des risques qu’il prend à ne rien faire. En 2005, dans la province du Zhejiang, 30 000 à 40 000 paysans ont provoqué une émeute pour protester contre les lourdes pollutions causées par une zone industrielle voisine. L’histoire chinoise regorge d’accidents climatiques à l’origine d’une instabilité politique. « Les Tang, les Song, les Yuan et les Ming ont tous du leur chute aux inondations, aux sécheresses et aux mauvaises récoltes qui ont sapé leur règne » (p. 53).
Aussi, ces derniers éléments laissent espérer, à défaut d’un accord historique en décembre 2015, quelques avancées sur lesquelles les ONG chinoises comme occidentales pourront s’appuyer pour accompagner le processus : seul l’avenir confirmera ou infirmera cette analyse !
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes