L’excellent magazine Dada propose un numéro consacré aux sorcières.
Un court propos liminaire rappelle que la sorcière est autant objet de fascination que de répulsion. La Sorcière est à cette occasion présentée comme une femme qui ne vit pas sous la coupe patriarcale.
Le mot de sorcière, inventé au XIIe siècle, dérive du latin sortiarius, « jeteur de sorts ». Le terme fait florès et les images féminines qui l’accompagnent sont de deux types : la vieille femme effrayante (ici illustrée par une œuvre de Gustave Doré) ou la jeune séductrice (superbe toile de Burne-Jones figurant Sidonie von Bork).
En pleine vague de chasse aux sorcières, le peintre italien Salvator Rosa (« Sorcières à leur incantation ») réalise une toile présentant tous les poncifs de la dévotion au mal des sorcières. Objet de détestation que l’on rend responsable des malheurs, la sorcière est persécutée et traquée. Le premier procès célèbre pour sorcellerie a lieu en 1460 (celui de la Vauderie d’Arras). Le Malleus maleficarum est ainsi rédigé pour dénoncer les dangers que représentent les sorcières et l’ouvrage explique également comment les punir. L’artiste Kiki Smith, avec son œuvre « Femme au bûcher agenouillée (2002. Voir page quinze) », rend hommage à toutes ces victimes innocentes.
La sorcière est aussi un personnage qui va connaître une évolution positive. Capable de guérir, de confectionner des philtres d’amour (très belle toile d’Evelyn de Morgan, p. 16), elle est un personnage qui communie avec la nature (superbe photographie de 1905 de Anne W.Brigman, page dix-neuf) et qui finalement intègre la pop culture (Harry Potter).
Personnage adopté par la mode, la sorcière devient aussi un élément de lutte politique avec l’émergence, aux États-Unis, du mouvement W.I.T.C.H (acronyme signifiant Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell) et qui visait à l’émancipation des femmes.
Le petit dossier se conclue sur des histoires de sorcières fictionnelles (Circé avec une très belle toile de Waterhouse, la Kiki de Miyazaki…) ou non (Jeanne d’Arc, Marie Laveau).
Un numéro qui pourra être utilisé profitablement dans le cadre de plusieurs séquences d’Histoire.