Jean Muzi a écrit de très nombreux ouvrages de contes et fables dont « 19 fables du méchant Loup », «  15 contes du Sénégal » ou encore «  Mille ans de contes arabes ». Ses livres sont traduits dans de nombreuses langues.

Le présent ouvrage choisit de rassembler 54 contes des sagesses du monde. L’auteur précise bien qu’il les « a adaptés, ciselés et parés de ses propres mots ». Il s’agit de textes très courts, allant d’une page à quelques-unes au maximum. Ce recueil est à la fois une invitation au voyage et donc à la sagesse.

Les bons contes font les bonnes histoires

A chaque fois est annoncé le titre du conte, un pays d’attribution et, pour certains, un dessin réalisé par Frédéric Sochard. Le lecteur trouvera parfois quelques mots en bas de page pour préciser un élément de contexte par exemple. Difficile de tout dire sur un tel ensemble. L’important, c’est qu’il y a de multiples enseignements à tirer de toutes ces histoires. Elles sont autant d’occasions de réfléchir et de s’enrichir intellectuellement. On trouvera parmi cette variété quelques contes très connus comme celui de Midas.

Des animaux et des pays

Une façon de présenter cet ensemble peut être, par exemple, de regrouper tous les contes par des thématiques, comme les animaux. Parmi les couples à découvrir, le renard et le loup, la panthère, le chacal et la tortue, ou encore la grenouille et la grue. L’histoire 43 concerne elle un chameau, un boeuf et un bélier.
Un autre angle pour envisager l’ouvrage de Jean Muzi, c’est de considérer les provenances des contes. On voyage ainsi entre la Pologne, la Chine, l’Inde, la Turquie ou la Côte d’Ivoire entre autres. On sourira à l’évocation de ce conte chinois où un homme, cherchant à plaire à ses deux femmes, arrache alternativement ses cheveux blancs pour paraitre plus jeune à la demande de la première et ses cheveux bruns pour plaire à la seconde qui se trouve sinon trop vieille par rapport à lui. Au final, il termine chauve …et ne plait plus à aucune des deux !
L’histoire numéro 49 montre à quoi peut conduire l’avarice. Tombé à l’eau, le personnage refuse de se faire aider par un passant car celui-ci lui a dit «  Donne-moi ta main ».
Jean Muzi propose à un moment différentes variations du même conte selon les endroits de la planère et rapproche ainsi des personnages qui sont comme des archétypes qui dépassent les pays.

Des coups de coeur

Chacun selon ses inclinations trouvera davantage de plaisir à tel ou tel conte. L’histoire numéro 8 narre la rencontre entre un batelier et un artiste. Ce dernier se révèle assez méprisant avec le batelier qui ne s’intéresse pas à l’art et il lui reproche d’avoir perdu un tiers puis deux tiers de sa vie. Seulement, le batelier lui rend la monnaie de sa pièce, car au moment où le bateau coule, le batelier fait remarquer à l’artiste qu’en ne s’intéressant pas à la natation, il a perdu la totalité de sa vie !
A chacun ensuite de découvrir le destin de trois voleurs page 55, ou un petit bijou de concision page 61 sur une vieille femme aveugle. Notons aussi l’histoire numéro 19 et son étonnante façon de compter et de partager équitablement 17 truites en trois.
A titre de conclusion, on pourra lire l’histoire 50 qui fait s’interroger sur le sens du mot chance ou malheur.

Voici un livre plein de surprises et de sagesse. Le lecteur pourra le prendre dès qu’il a une minute de libre et y trouvera une histoire dont la portée dépasse le simple temps de lecture. Un beau pari réussi.

(c) Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.