Préfacé par Jean-Noël Jeanneney, ce bel ouvrage nous a été malheureusement envoyé en PDF, ce qui en fait une lecture moins agréable. Ponctué de cinq chapitres, il nous livre la symbolique des animaux qui peuplent les manuscrits médiévaux.
Archiviste-paléographe, Marie-Hélène Tesnière nous invite à explorer quatre-vingts manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Défilent sous nos yeux les principaux animaux peints sur des trésors enluminés. L’histoire sainte fourmille d’animaux symboliques, compagnons d’un saint, objets de sacrifice ou de service, interprètes de l’affrontement du Bien et du Mal. Le roi des animaux peut être le lion en Europe méditerranéenne ou l’ours en Europe germanique, même si ces notions évoluent au XVe siècle. L’ours par sa bestialité s’oppose à la séduction de la femme et de nombreuses vies de saints montrent les hommes de Dieu combattre l’ours sauvage, vecteur des vices de paresse, de goinfrerie, de brutalité, de lubricité et de colère. L’Église fait la promotion du lion contre l’ours. Le félin dort les yeux ouverts comme le Christ dont la divinité veillait tandis qu’il mourait sur la croix. Le lion efface de sa queue toute trace pour se protéger des chasseurs, tel le Christ qui souffre pour sauver les hommes effaçant son humanité. Quand la lionne met bas ses petits, ils sont morts-nés, puis s’éveillent à la vie trois jours après, grâce au souffle du lion qui les ranime, mythe à rapprocher de la résurrection du fils trois jours après sa mort.
Parlons de la licorne largement représentée dans les manuscrits enluminés. Son origine vient de L’histoire naturelle de Pline l’Ancien qui évoque un fauve chassé de l’Inde. L’unicorne aurait un corps de cheval, une tête de cerf, des pattes d’éléphant et la queue d’un sanglier. D’abord maléfique, la licorne revêt ensuite un sens plus positif et la mise à mort de l’animal, le flanc percé d’une flèche devient symbole de la Passion divine. Au XIIIe siècle, commencent à circuler des prétendues cornes de licorne (en réalité des dents de narval). Puis le siècle suivant, apparaît la légende selon laquelle la licorne a le pouvoir de purifier l’eau empoisonnée en y trempant sa corne. On voit alors se multiplier des scènes qui associent la licorne et une fontaine.
Le bestiaire médiéval dérive du Physiologus, un texte grec écrit à Alexandrie au IIe siècle après JC auquel se sont ajoutés au fil du temps, certains commentaires pseudo-linguistiques. Les 50 animaux du corpus primitif sont pour la plupart ceux d’Égypte ou d’Asie, symboles d’une conception chrétienne leur attribuant un sens moral et spirituel pour contribuer à l’élévation des chrétiens vers la spiritualité.