Guy Delisle, concepteur entre autres de Shenzhen, Pyongyang ou encore des Chroniques birmanes, offre, une nouvelle fois, dans ce récent opus, un récit largement autobiographique.
Durant son adolescence québecoise et les premières années de ses études en arts plastiques, il travailla plusieurs étés dans l’usine de pâte et de papier de Québec.
Celle-ci, fondée en 1927 par un groupe anglo-canadien (et rachetée à plusieurs reprises par différents groupes), domine la vieille ville de la cité canadienne, véritable « Moloch» industriel avalant des billots de bois et crachant en continu une fumée prégnante.
Affecté en tant que papetier « sixième main »sur une machine gigantesque constituée de rotatives assurant la transformation du papier, Guy Delisle fait l’expérience du monde ouvrier et découvre les conditions de travail inhérentes à une gigantesque fabrique.
Le propos, comme à l’accoutumée, est souvent très juste et on se plonge avec plaisir dans les découvertes de jeunesse de l’auteur, qu’il s’agisse de sa sensibilité artistique naissante (découverte de Moebius, Franquin, Tardi, Gotlib…) ou de son appréhension de la sociabilité du monde de l’entreprise.
Une très belle réussite.
Grégoire Masson