Comme l’écrit Vincent Plauchu, économiste, maître de conférences de l’Université Grenoble-Alpes dans la préface ce livre aborde quatre thèmes : la présentation d’une expérience de développement dans le Sud-Est du Sénégal, la narration du parcours professionnel de l’auteur, une réflexion sur la fonction de coordinateur d’un projet de développement et une interrogation sur les atouts d’une coopération décentralisée dans un pays en développement comme la Guinée.

 

Dans son introduction Boubacar Sidighi Diallo montre la concomitance de deux politiques : la coopération décentralisée des collectivités locales européennes et la décentralisation dans les pays d’Afrique francophone, deux démarches qui prônent la même idée d’un développement « par le bas » dans un cadre de démocratie participative. Il présente d’une part le contexte sénégalais et d’autre part le choix du Conseil général de l’Isère de se saisir de la compétence facultative de coopération internationale.

Le contexte institutionnel et politique de la mission au Sénégal

Cette étude concerne l’engagement du département de l’Isère auprès des régions de Tambacounda et Kedougou. L’auteur décrit le contexte et les conclusions de l’évaluation externe de la politique de coopération iséroise en 2007 au bout de huit ans d’action : condition d’efficacité, cohérence avec la politique de développement sénégalaise.L’évaluation conclut sur la nécessité de renforcer le suivi des actions sur le terrain avec la création au Sénégal d’un poste de coordinateur tout en suscitant une plus grande implication dans les projets des collectivités locales partenaires.
C’est dans ce contexte que l’auteur, à la recherche d’un stage pour la validation de son master, a été retenu par le département de l’Isère.
L’auteur décrit son expérience à Grenoble en 2008 et montre l’opportunité qui lui a permis ensuite de partir à Tambacounda pour une mission de volontaire de solidarité internationale financée par le Conseil général de l’Isère, sans pour autant oublier sa Guinée natale.
Il décrit son expérience , l’importance des relais locaux pour lui qui ne connaissait pas le Sénégal.

Les facteurs déterminants dans la structuration de l’action publique locale

Cette seconde partie montre l’intérêt d’inscrire l’action publique de la coopération décentralisée dans la mobilisation des acteurs du département et la nécessité, à côté des aspects financiers, d’un portage politique de l’action de coopération pour répondre aux besoins exprimés par les populations bénéficiaires.
L’auteur reprend les dates clés de l’engagement isérois jusqu’en 2013, il montre l’intérêt d’une contractualisation des différents opérateurs (département, associations, institutions, scolaires par exemple).
Boubacar Sidighi Diallo consacre un chapitre à la préparation de part et d’autre du programme triennal d’action (2010-2012) et à la définition des outils de suivi.
Le travail de chargé de mission lui a permis d’être au cœur d’échanges multi-acteurs, de mettre en place des outils de communication, plus facile aujourd’hui grâce à l’internet. Il décrit ses tâches d’interface entre la région sénégalaise et le département français.

Au quotidien, sur le terrain au Sénégal

Une des réalités de cette forme de coopération ce sont les missions d’Isérois au Sénégal et de Sénégalais en Isère : temps de découverte, de formation qui facilitent ensuite la définition et la gestion des projets.
Pourtant la question du coût est souvent posée : et si cet argent était investi dans le développement ?
Pour l’auteur cette mobilité est une force de la coopération pour être au plus près des réalités. Il défend aussi l’intérêt et l’efficacité de son poste de chargé d’appui à la coopération.
Après la description de son rôle vis-à-vis des Français il développe comment se concrétise l’engagement des collectivités de Tambacounda et Kedougou comme maître d’ouvrage des projets et montre la nécessité d’un renforcement de capacités tant des acteurs locaux que des élus dans le contexte évolutif de la décentralisation au Sénégal et les relations avec les Agences régionales de développement .
Enfin il évoque les relations indispensables avec les habitants dans le rôle d’un agent de développement.
Un chapitre est consacré aux limites dans les actions de coopération décentralisée : limites financières pour de gros projets comme le barrage à la RNC du BoundouRéserve Naturelle Communautaire , limites juridiques, réforme régionale qui supprimant l’échelon régional fait disparaître les interlocuteurs du département français. L’auteur évoque les difficultés pour mobiliser des acteurs différents en France et au Sénégal, la nécessité de prendre son temps mais aussi la multiplicité des acteurs de développement auprès des collectivités sénégalaises (collectivités locales, ONG, initiatives privées) dont les actions sont difficiles à harmoniser.

Quelles contributions de la coopération décentralisée au développement des pays ?

L’intérêt de la démarche de coopération décentralisée est mise en avant, elle vise à renforcer les capacités des acteurs des collectivités partenaires, elle promeut un développement par la base au plus près des populations. Un tableau des actions réalisées entre 2009 et 2014 en témoigne. L’auteur insiste sur les effets d’expérimentation et d’innovation rendues possibles. Pour lui il est important de considérer le local comme l’échelle pertinente de conduite des politiques publiques.
Tout un chapitre est consacré au projet-pilote de la Réserve Naturelle Communautaire du Boundou et aux leçons à en tirer en matière de gestion de projet. Il met en lumière le besoin de transversalité dans l’analyse des problèmes à résoudre et l’importance de l’animation autour du projet.
Le bilan amène à une réflexion sur le statut de volontaire de solidarité internationale.

Analyse du processus de décentralisation en Guinée et éléments de recommandations pour sa mise en œuvre

De retour dans son pays natal où il est consultant pour la ville de Conakry, Boubacar Sidighi Diallo analyse la politique de décentralisation de la Guinée, les limites existantes et milite pour une territorialisation des politiques publiques pour un développement local s’appuyant sur les ressources territoriales et les facteurs locaux de dynamiques économiques. Il prône des réformes structurelles, notamment en matière de fiscalité, une réelle décentralisation qui permette de construire des modèles de développement avec les acteurs locaux et la formation d’hommes au service de développement local.

Cet ouvrage, tiré de son expérience professionnelle et personnelle, se veut une contribution au développement de son pays.