« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »

ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
LES POPULATIONS DU MONDE : CONVERGENCE OU FRAGMENTATION ?

Y aura-t-il donc une mondialisation démographique avec des pays dont les dynamiques naturelles seraient toujours équilibrées ? Allons-nous vers la fin généralisée du processus de la transition démographique où les pays connaîtraient un « régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s’équilibrent également » ?

Au total, les situations d’équilibre entre taux de natalité et taux de mortalité ne se constatent nulle part, et l’examen cinétique de ces taux montre de nombreuses variations selon les années.

En réalité, dans chaque pays et chaque année, le taux de natalité dépend de multiples facteurs politiques, économiques, sanitaires ou culturels. Sur le plan économique, le moindre ou grand dynamisme du marché de l’emploi peut avoir des effets sur la possibilité ou l’envie pour les couples de souhaiter accueillir un enfant. Concernant la mortalité, elle évolue aussi dans chaque pays en fonction des comportements de prévention sanitaire, positifs ou négatifs.

La combinaison de tous ces facteurs géographiquement variés ne conduit nullement à une convergence des pays vers un équilibre entre natalité et mortalité. Aujourd’hui, le monde se caractérise par une fragmentation démographique, qui pourrait se concrétiser par de profondes recompositions du peuplement. L’Afrique, dont la population pourrait doubler au cours des 30 prochaines années tandis que le solde naturel de l’Europe devrait être de plus en plus déficitaire, est l’une des illustrations les plus marquantes de cette redistribution possible des rapports de force géodémographiques.

 

DOSSIER par Gwénaël DORÉ 

ENVIRONNEMENT : LES TERRITOIRES PRIORITAIRES DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE

Dès les années 1960, certains territoires français font l’objet de dispositifs particuliers de protection de l’environnement à l’initiative de différents niveaux d’institutions publiques. En incluant notamment les sites classés et ceux du Conservatoire du littoral, la superficie totale des aires protégées représente environ le tiers des territoires français, auquel s’ajoute des espaces maritimes protégés.

Le réseau Natura 2000 est constitué d’un ensemble de sites naturels, terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces de la flore et de la faune sauvage et des milieux qu’ils abritent. Il comprend deux types de sites : des Zones de protection spéciale (ZPS), visant la conservation des espèces d’oiseaux sauvages ou qui servent d’aires de reproduction, de mue, d’hivernage ou de zones de relais à des oiseaux migrateurs et des Zones spéciales de conservation (ZSC) visant la conservation des types d’habitats et des espèces animales et végétales. En France, le réseau Natura 2000 comprend 26 935 sites dont 1 779 sites en France parmi lesquels 212 sites marins soit 402 zones de protection spéciale et 1377 zones spéciales de conservation.

Les parcs nationaux s’inspirent d’une invention américaine du XIXème siècle. En France, ces territoires de protection de la nature gérés par l’Etat sont créés par une loi du 22 juillet 1960. Un parc national a la particularité d’être structuré en 2 secteurs à la réglementation distincte : une zone de protection appelée « zone cœur » à la réglementation stricte de protection de la nature et une « aire d’adhésion » dont les communes sont partenaires du développement durable du parc. La logique affichée des parcs nationaux est celle d’une « conservation » et non celle d’une « préservation » qui, quant à elle, exclurait, quasiment toute activité humaine. La France compte 11 parcs nationaux, essentiellement implantés dans les massifs montagneux ou les départements d’outre-mer.

Issue d’une réflexion de la DATAR dans les années 1960, la possibilité de Parcs naturels régionaux a été instituée par un décret du 1er mars 1967. Les PNR concourent à la politique de protection de l’environnement, de l’aménagement du territoire, de développement économique et social et d’éducation et de formation du public. La législation du parc national est plus stricte que celle du PNR.

Une loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature avait autorisé la création de réserves naturelles, à l’initiative de l’Etat. Les réserves naturelles sont des espaces qui protègent des secteurs terrestres ou maritimes où la conservation du milieu naturel présente une importance particulière. Depuis 2002, elles peuvent être créées par l’Etat, par une région ou par la collectivité territoriale de Corse. Le classement en réserve naturelle peut avoir pour effet de soumettre à un régime particulier ou d’interdire, à l’intérieur de la réserve, toute action susceptible d’y altérer le patrimoine naturel. La France compte 168 réserves naturelles nationales et 178 réserves naturelles régionales dans toutes les régions en dépit d’une procédure assez longue et souvent des conflits locaux ayant incité à proposer des règlements de compromis.

Les espaces naturels sensibles ont été institués par une loi du 31 décembre 1976. Une ENS est un espace dont le caractère naturel apparaît menacé en raison de la pression urbaine et du développement d’activités, ou présente un intérêt particulier eu égard à la qualité du site ou aux caractéristiques des espaces s’y trouvant. Les départements disposent d’un outil financier, la taxe d’aménagement, afin d’acquérir des espaces ou de les aménager pour les ouvrir au public, et d’un outil foncier, le droit de préemption. A la place du département, le Conservatoire du littoral ou les communes peuvent aussi préempter. Les ENS contribuent aussi à la trame verte et bleue, dans le cadre des schémas régionaux de cohérence écologique. 4000 sites sont gérés dans le cadre de cette politique.

 

DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)

Les parcs naturels régionaux (PNR) en France : une géographie qui concerne presque toutes les régions et qui témoigne d’une grande diversité paysagère

EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE

LA CONFERENCE DE BERLIN (1884-1885) ET LE PARTAGE DE L’AFRIQUE

Cette proposition s’insère dans le thème 3 du programme de première de spécialité HGGSP qui s’intitule « Étudier les divisions politiques du monde : les frontières ». C’est dans ce thème que se situe cet exercice portant sur la conférence de Berlin (1884-1885).

Dans la 1ère étape, les élèves travaillent sur des frontières africaines, souvent marquées par l’empreinte coloniale. Puis, dans une deuxième étape, ils choisissent un parcours pour répondre à des questions et/ou rédiger une réponse problématisée à partir d’un corpus de documents variés. Enfin, dans une troisième étape, ils participent à un débat sur l’évolution du principe d’intangibilité des frontières.

 

ANALYSE par Dominique VALENTIN
MOBILITÉ DURABLE, RURALITÉ ET TÉLÉTRAVAIL : LE RÔLE DES TIERS-LIEUX D’ACTIVITÉ

La mobilité durable, c’est contenir les émissions de CO2. Le mariage de la mobilité durable et de la ruralité, c’est offrir à ceux qui le souhaitent une qualité de vie dans des territoires de faible densité sans conséquences dommageables sur le travail et la fatigue liée aux transports. Est-ce possible ? oui grâce à certains équipements comme les tiers-lieux d’activité.

Lors des premières vagues de la pandémie Covid-19, les mois de confinement ont rappelé à quel point il était possible de repenser sa mobilité en questionnant la motivation de la mobilité, ceci pouvant conduire à de l’innovation comportementale dans les choix de déplacements.

Face aux besoins de mobilité domicile-travail, les solutions envisagées par les pouvoirs publics sont pour les unes très conservatrices (élargissement des rocades…), pour les autres plus technologiques (navette autonome,…), voire plus solidaires (covoiturage), mais le plus souvent concernent les plus grandes villes (transport en commun, politique vélo…). Elles ne sont guère adaptées aux déplacements pendulaires des actifs résidants en dehors des villes dont les kilomètres de transports domicile-travail s’allongent.

Les solutions pour faire venir à soi le travail, plutôt que d’être contraint à s’y rendre, existent pour préférer la proximité à la mobilité. Dans ce contexte, la pratique du télétravail est devenue courante et les tiers-lieux d’activité apparaissent comme des alternatives au fait de travailler au siège de l’employeur ou en télétravail au domicile. Le premier intérêt est d’éviter de faire de lofs déplacements pour aller à son travail, sans, pour autant travailler à la maison. En outre, les tiers-lieux permettent des rencontres.

Ces tiers-lieux d’activité, qui participent donc de la proximité entre lieu de domicile et lieu de travail, peuvent être dénommés des espaces de « Proxitravail ». Ils sont et peuvent par exemple être proposés par les collectivités locales qui, en milieu rural ou para-urbain, possèdent des bâtiments publics disponibles idéalement situés et dont la réhabilitation peut s’inscrire parfaitement dans les politiques de revitalisation des bourgs-centres.

Le développement des tiers-lieux d’activité concourt au rééquilibrage du peuplement des territoires au profit des zones de plus faible densité, et notamment des campagnes. Ainsi, le développement de tiers-lieux d’activité peut satisfaire la qualité de vie des populations et concourir à un meilleur aménagement du territoire.

 

LE POINT SUR…par Philippe BAUMERT, Philippe BAIRRAS et Fernando BIANCHI-DE-AGUIAR
LISBONNE, PORTO ET LE « DÉSERT » PORTUGAIS

La répartition de la population du Portugal et son évolution depuis le début des années 1980 montre très clairement une opposition entre deux « Portugal » : celui de « la façade littorale » et celui de « l’arrière-pays ». Le Portugal de la façade littorale atlantique concentre la majeure partie de la population. Ce Portugal très urbanisé, concentre l’essentiel des industries et des services. Il compte les 2 principales métropoles portugaises, Lisbonne et Porto. Le « Portugal de l’arrière-pays », nettement moins densément peuplés et qui perd très majoritairement des habitants, est plus agricoles, plus rural, moins développé et plus vieillissant que celui des façades littorales.

Ce net déséquilibre littoral-intérieur est ancien. Il puise ses origines dans la géopolitique, s’explique essentiellement par des choix politiques et a été récemment renforcé par le processus de mondialisation. La « vocation océanique » du Portugal a ainsi durablement déséquilibré le territoire portugais, en favorisant la concentration des populations et des activités sur le littoral. Plus récemment, le processus de modernisation du pays, l’exode rural et l’émigration, la métropolisation et la croissance du tourisme ont accentué ce contraste littoral/intérieur.

Par ailleurs, le Portugal, comme l’ensemble de l’Europe, est entré dans un « hiver démographique » depuis 1982, avec donc une fécondité nettement inférieure au simple remplacement des générations. Toutefois, il existe, là aussi, des différences en matière d’accroissement démographique entre le Portugal de la « façade littorale » et son hinterland, sachant que, dans les années 2010, seules la région de l’Algarve et l’aire métropolitaine de Lisbonne ont enregistré une croissance démographique.

La réduction de ces déséquilibres territoriaux (et démographiques) constitue aujourd’hui un des grands enjeux de la politique d’aménagement du territoire au Portugal, dans un contexte où la « désertification » menace particulièrement certains territoires de l’arrière-pays.