Quand deux Français, un anthropologue et une artiste, tous deux amoureux de la Corée se rencontrent, cela donne ce beau petit ouvrage, sur un pays souvent méconnu. Benjamin Joinau est professeur de culture et de civilisation à l’université à Séoul tandis qu’Elodie Dornand de Rouville est diplômée de l’Ecole nationale supérieure des beaux arts de Paris. Précisons de suite que l’ouvrage ne traite que de la Corée du Sud et c’est en ce sens qu’il faut entendre le mot Corée employé ensuite dans ce compte-rendu.

Une mise en images très séduisante

Les auteurs permettent au lecteur de découvrir ce pays de façon très originale. Sans parler pour l’instant du contenu, l’objet est d’abord très séduisant. Pour illustrer son propos il alterne textes et dessins à la fois très utiles et très beaux. Il entend montrer la Corée du Sud, à la fois dans sa dimension patrimoniale, mais sans oublier la vie quotidienne actuelle. Le livre est organisé en cinq chapitres et fournit un index. Les grandes entrées sont consacrées à la société, à la culture, aux arts, aux traditions et à la spiritualité. Chaque thème comprend un certain nombre d’articles récapitulés sur la première page du chapitre.

Comprendre la société coréenne

Dès le début, le livre évoque donc à la fois des traditions et aussi les évolutions actuelles. Ainsi, en Corée, on considère que les nouveaux-nés ont déjà un an à la naissance et, au bout de cent jours, a lieu une fête qui a perdu aujourd’hui de sa popularité au profit désormais du premier anniversaire. Les auteurs dressent un portrait de la société coréenne à travers quelques portraits par tranche d’âge. Parmi les points particulièrement intéressants, on remarque plusieurs pages sur le langage du corps pour savoir, par exemple, ce qui peut être considéré comme impoli dans le pays. Ensuite, les auteurs parlent des lieux pour dormir en Corée comme le minbak, chambre chez l’habitant, qui a tendance de plus en plus à devenir un bed and breakfast au standard européen. Les bains publics restent très populaires en Corée et l’ouvrage pourra vous permettre de savoir là aussi comment vous comporter. Le lecteur pourra découvrir aussi quelques panneaux de signalisation ou la différence entre taxis orange et noirs. Le chapitre se termine par les objets modernes du quotidien : il s’agit par exemple des visières ou de la bonne façon d’utiliser un podaegi.

Culture et arts

Le deuxième chapitre pourra provoquer chez le lecteur d’irrésistibles envies d’aller essayer la cuisine coréenne. Il propose en effet un descriptif de plusieurs plats mais s’attarde aussi sur les lieux pour manger comme le pojangmacha, tente sous laquelle on vend de la nourriture, et installé sur les trottoirs des rues. Une place particulière est faite au kimchi, l’accompagnement roi en Corée, comparé par les auteurs aux pâtes en Italie, bien qu’il se rapproche plus en goût des pickles. La boisson n’est pas oubliée avec l’alcool et particulièrement le soju avec des chiffres de consommation importants. Les auteurs insistent sur les rituels liés à la consommation d’alcool. Le chapitre envisage ensuite les fêtes et jours fériés où l’on apprendra peut-être que le 8 avril est l’anniversaire de Bouddha qui se traduit par une grande fête célébrée dans les temples et rues principales, tandis que Noël est clairement une fête importée. On en apprend davantage sur les différents symboles nationaux dont certains moins connus comme la pie ou le tigre mais on pourra aussi identifier qui est représenté sur les billets de banque. Après quelques repères sur la calligraphie, la céramique et les danses, on lira de très intéressants passages sur les couleurs et les motifs. Plusieurs instruments de musique sont présentés avant de parler de chansons en allant des plus traditionnelles jusqu’à la K-pop.

Traditions et spiritualité

Ces deux parties traitent notamment des costumes des hommes, des femmes mais également des coiffes. La qualité des dessins est ici encore un véritable plaisir et vous apprendrez à quoi correspondent les différents chapeaux. Il s’agit de marqueurs sociaux permettant de connaitre la position ou le métier d’une personne. Les auteurs détaillent ensuite plusieurs arts martiaux, que ce soit le tir à l’arc, le taekkyeon, le taekwondo ou le ssireum. Il s’agit dans ce dernier cas d’une sorte de lutte qui prend à la fois dans la tradition mongole et au sumo. On découvre ensuite les objets du quotidien mais d’autrefois. La dernière partie du chapitre nous plonge dans l’intérieur d’une maison et l’on découvre que la brique fut longtemps peu employée pour les maisons communes. Elle aborde la question des religions, des croyances populaires ou encore des sépultures. Il faut savoir que la moitié de la population est considérée comme agnostique, l’autre moitié étant répartie entre bouddhistes et chrétiens. Le temple bouddhique est décrit en détails tout comme ce qui a trait à Bouddha. On apprendra peut-être aussi que les sépultures royales du Joséon ont été inscrites par l’Unesco sur la liste du patrimoine mondial en 2009.

Nul besoin de préparer un voyage en Corée pour apprécier cet ouvrage qui fait découvrir de façon très agréable la culture de la Corée du Sud. La mise en images de l’ensemble est une réussite et incite le lecteur à se plonger au gré de ses envies dans l’ouvrage.
Des extraits à découvrir ici : http://www.atelierdescahiers.com/croquis-de-coreacutee.html

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.