Manuel de préparation à l’agrégation interne d’Histoire-géographie, ce livre peut-être également une introduction à la géographie de la France pour tout étudiant en Licence ou professeur dans les disciplines, notamment grâce à l’actualisation des chiffres et des statistiques.
Cet ouvrage appartient à la collection de manuels proposée par l’éditeur Bréal. Il a été rédigé par Alexandra Monot, docteur en géographie, agrégée de Géographie et spécialiste du développement durable et de géographie économique. Elle est directrice de la collection géographie pour concours chez cet éditeur.
Elle est secondée ici par Frank Paris, professeur agrégé et spécialiste des notions d’habiter et d’insularité, notamment en milieu tropical.

Il faut démarrer par une évidence: si cet ouvrage, bien que complet, s’adresse d’abord et avant tout à des candidats à l’agrégation, il n’est en aucune manière exhaustif et il faudra le compléter par de nombreuses lectures. Pour cela, les indications bibliographiques, présentes tout au long de l’ouvrage, ainsi que la bibliographie finale, sont extrêmement pertinentes. On appréciera le fait que les références soient récentes et la mise à disposition d’une webographie intéressante et actualisée. Autre gros point extrêmement positif: le nombre de croquis et de schémas et les multiples encarts sur des petites études de cas locales qui peuvent-être très utiles le jour de l’examen.

L’introduction montre bien cette orientation concours. Les auteurs ont repris la lettre de cadrage du sujet de concours dans un premier temps. Puis, ils reviennent sur les différents sujets sur la France tombés ces dernières années au concours de l’Ecole des Chartes, à l’agrégation interne et au concours de la Gendarmerie nationale. Ils terminent enfin par une analyse plus qu’utile des liens entre le sujet du concours et les programmes du secondaire.

L’ouvrage est divisé en 7 chapitres thématiques: chapitre 1 Les maillages du territoire français;
chapitre 2 La population française, démographie et dynamiques;
chapitre 3 Les systèmes productifs en France;
chapitre 4 Paysages et modes d’habiter en France métropolitaine;
chapitre 5 De l’aménagement du territoire à l’aménagement des territoires;
chapitre 6 La France en Europe et dans le monde;
chapitre 7 L’Outre-mer, des marges françaises?

La conclusion revient sur la sempiternelle question des territoires gagnants ou perdants dans un contexte de mondialisation et de concurrence exacerbée. Question dont les réponses n’ont rien de nouveau ou de révolutionnaire.

La conclusion permet de confirmer une impression qui traverse cet ouvrage: une impression de déjà-lu, de déjà-entendu. De nombreux éléments présents dans cet ouvrage, pour ne pas dire la quasi-totalité, vont sembler être des évidences pour ceux qui préparent un concours tel que l’agrégation interne. On aurait aimé plus d’apports des recherches, des thèses ou notions récentes telles les hyperlieux de Lussault. Pourquoi pas une présence d’ouvrages plus polémiques, comme ceux de Christophe Guilluy comme Le crépuscule de la France d’en haut. Plus d’épistémologie en somme.
S’il faut évoquer, avec pertinence, l’actualisation des données, cela souffre d’un énorme bémol: les chiffres sont donnés pour des régions qui n’existent plus. Pour un livre sorti fin 2017, après l’ouvrage de Carroué La France des 13 régions, deux ans après la mise en place de la loi NOTRe, cela paraît plus que surprenant. C’est déstabilisant et l’effort d’actualisation s’estompe, au grand risque de perdre celui qui prépare un tel concours.
Dernier bémol: l’absence de traitement de l’aspect géographie physique du sujet. Cela est surement dû à la spécialisation des auteurs. Mais il aurait été apprécié un chapitre sur ce thème, notamment pour ceux dont la formation universitaire remonte ou a été incomplète. Tout le monde n’est pas familier des travaux d’Yvette Veyret, référence dans le domaine.

Deux petits conseils bibliographiques pour compléter cet ouvrage: La France des 13 régions sous la direction de Laurent Carroué; La France, une puissance en mutation sous la direction d’Alexandra Monot.