Une édition complètement revue qui fait suite à la première édition de 2011

La première édition de l’Atlas de l’Océanie, dont le compte-rendu de Mathieu Souyris est lisible sur le site de la Cliothèque, n’était plus disponible depuis plusieurs années dans les librairies. Le prix de la version en occasion pouvait atteindre des sommets, se rapprochant parfois des 100 €. Une nouvelle édition était donc attendue depuis plusieurs années.

La deuxième édition de l’Atlas de l’Océanie permet donc désormais de disposer des données récentes, à un prix correct. Le trio d’auteurs reste identique. Fabrice Argounès est géographe à l’université de Rouen-Normandie et spécialisé dans l’histoire de la cartographie et de la géopolitique. Sarah Mohamed-Gaillard est maître de conférences à l’Inalco et enseigne l’histoire de l’Océanie. Enfin, Luc Vacher est maitre de conférences à La Rochelle Université et enseigne la géographie de l’Océanie. Les trois auteurs, spécialisés dans des domaines différents (histoire, géographie, géopolitique), sont assistés par la cartographe Mélanie Marie, en charge des cartes. Elle s’appuie sur les cartes de Cécile Marin, en charge de la première édition.

« Des nations de migrants » qui construisent une région (page 42)

Les mouvements de populations dessinent dans le Pacifique des situations contrastées. L’attractivité régionale des territoires liés à la France et aux Etats-Unis est importante. La capacité à attirer peut même être large comme en Polynésie française grâce à une image forte, mais surtout en Nouvelle-Calédonie avec des opportunités économiques importantes. Toutefois, les fermetures d’usines de confection des îles Mariannes et de conserveries de thons aux Samoa Américaines liées à la crise économique et l’évolution de la réglementation du travail dans les territoires américains entraînent une baisse centaine d’attractivité de ces territoires au début du XXIe siècle. Dans le nord de la Mélanésie et en Micronésie, les mouvements migratoires sont en général faibles alors qu’ils se multiplient en Océanie centrale. Ces mouvements sont facilités quand des liens forts existent encore avec une ancienne administration coloniale (Niue, Cook, Tokelau vis-à-vis de la Nouvelle-Zélande) ou que les besoins de main-d’oeuvre sont importants dans les pays récepteurs.

Atlas de l’Océanie, Autrement, 2021, page 42

L’une des points appréciés est la diversité des situations étudiées. L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont traitées à travers de nombreux exemples, sans devenir hégémonique. La révolte des Maoris au XIXe siècle (page 30) côtoie le redécoupage administratif de la Nouvelle-Calédonie (page 38), l’urbanisation de Nauru et des Kiribati (page 45), le village samoan d’Upolu (page 48), les royaumes de Wallis-et-Futuna (page 59), les organisations régionales présentes à Suva aux Fidji (page 65), les déplacements forcées des populations marshallaises en fonction des essais nucléaires (page 79), le développement économique et la protection de l’environnement en Papouasie Nouvelle-Guinée (page 80), les bases militaires états-uniennes à Guam (page 50) et même la localisation des îles non-peuplées de Palmyra, Baker et Jarvis (page 61). L’atlas permet de dresser un panorama complet de l’Océanie en moins de 100 pages.

Source : Sommaire tiré du livre « l’Atlas de l’Océanie » publié chez Autrement, Novembre 2021, pages 4-5

L’un des points faibles de cet atlas est le nombre élevé de coquilles et de petites erreurs, ce qui est particulièrement rare dans cette collection. A la page 13, la partie droite de la légende de la carte sur les ZEE est tronquée pour la mise en page. A la page 16, c’est le titre de la carte qui pose problème (« le découpage régionale »). Page 94, « l’Australlie » abrite 22,7 millions d’habitants en 2021 alors que page 13 en indique 25,7 millions pour 2020. Une différence est également visible pour la population de la Papouasie Nouvelle-Guinée : 8,9 (page 13) ou 9,1 millions d’habitants (page 94) ? Le nom de Beijing devient « Beinjing » à la page 71. Le plus cocasse est de lire le nom de la « Papouasie Nouvelle-Zélande » à la page 62. Enfin, le nom du Bahreïn sur la page de la page 95 est écrit en anglais. Contrairement aux autres double-pages de l’atlas, les deux pages consacrées à l’économie océanienne présente environ 1/4 de zone blanche : un choix délibéré ou un oubli ? Pour terminer sur une note plus positive, il convient de garder à l’esprit que ces défauts n’entachent pas la lecture générale de l’atlas.

En conclusion, un atlas particulièrement utile pour traiter de l’Asie-Pacifique, des ZEE et des migrations sur une région traditionnellement peu mise en avant dans l’édition. Des documents originaux et surtout récents permettront aux enseignants de collège et de lycée de diversifier les exemples étudiés à propos de la géographie des migrations, de la géopolitique dans l’Océan indien et Pacifique, des questions maritimes et environnementales. Le début d’une piste pour désigner la région comme l’une des prochaines questions de géographie régionale au Capes et à l’agrégation ?

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes