Dans un format à l’italienne, un livre documentaire sur la construction de la Statue de la Liberté qui en surprendra plus d’un au fil de la lecture en se transformant en livre réflexif sur le thème de la Liberté.
Cet ouvrage est vraiment amusant et très agréable à lire. Il s’adresse directement au lecteur avec une liberté de ton, un humour assez plaisant qui peut être lu à divers degrés.
L’histoire commence en France, à Paris. Un jour Edouard de Laboulaye a l’idée d’offrir une statue monumentale aux Etats Unis d’Amérique à l’occasion de leur centième anniversaire. Il parvient à convaincre Frédéric Auguste Bardholdi de concevoir cette sculpture. Après plusieurs modèles de plus en plus grands, le modèle final de 93 mètres est terminé. Il est recouvert d’une « fine couche de cuivre, pas plus épaisse que deux pièces de 1 centime.» Les différents morceaux de la statue ont été assemblés à Paris où elle a surplombé la ville pendant presque 1 an en 1884 ! Les Français adorant l’absurde selon l’auteur, ils l’ont démontée pour la placer en 214 caisses sur le bateau l’Isère, direction New York !
Il a fallu 17 mois pour tout monter sur une île qui s’appelait Bedloe’s Island avec probablement 214 ouvriers !
L’ouvrage se poursuit sur un ton humoristique en impliquant le lecteur : « Vous avez sans doute remarqué que, depuis le début du livre, la statue de la Liberté est représentée en brun. Et peut-être vous vous êtes dit : « tiens, l’illustrateur n’a pas bien fait son travail », car tout le monde sait que la statue de la Liberté est d’une couleur bleu vert assez particulière. » » Les explications très simples mais précises arrivent à la suite.
De nombreux éléments sont ainsi dévoilés au lecteur : la date du livre que la statue tient, ce que représentent les sept points de la couronne, le symbole de la flamme, le rôle de Gustave Eiffel, et un dernier élément, le plus important du livre : les pieds de la statue. En effet, avez-vous déjà vu ses pieds ? Notamment l’arrière de son pied droit ? Et bien, elle marche !!! Elle va quelque part !!
Les visiteurs parlent souvent de sa couronne, de son visage austère mais jamais du fait qu’elle marche et va de l’avant… Mais où va-t-elle avec ses 225 tonnes et ses pieds du 3341 ? Elle regarde vers le sud-est.
Si l’on regarde bien, il y a des indices : ces chaînes brisées aux pieds, elle était prisonnière et si elle s’appelle statue de la Liberté, comment aurait-elle rester immobile si elle devait accueillir les millions d’étrangers arrivant aux Etats-Unis ?
Voilà le tournant de ce livre qui est plus qu’un simple documentaire mais bien un livre sur ce qu’est la liberté, sur la nécessité d’accueillir au sens large du terme, tous les opprimés, les immigrants, « les gens pauvres, fatigués, tous ceux qui luttent pour leur liberté. »
« Elle ne se contente pas d’attendre. Elle doit aller à leur rencontre, sur la mer. »
Un livre documentaire et philosophique à la fois, très intéressant à découvrir même en tant qu’adulte.
Certes le livre est dense en nombre de pages mais le texte est simple, clair et tient en quelques lignes à chaque fois. Chaque affirmation est prétexte à réflexion, même celles humoristiques.
Les illustrations sur fond plein ou coloré sont très bien réalisées, couleurs vives, d’autres rappelant les couleurs brunes et bleu-vert de la statue de la Liberté. Elles accompagnent parfaitement le texte et lui apportent même un éclairage supplémentaire.
Cet ouvrage se clôt sur des photographies, notamment, celle du fameux pied droit se levant pour faire avancer la statue. Le lecteur découvre aussi le poème gravé sur une plaque montée sur le socle. Ecrit par Emma Lazarus pour lever l’argent nécessaire à la construction du socle
Le Nouveau Colosse
Pas comme ce géant d’airain de la renommée grecque
Dont le talon conquérant enjambait les mers
Ici, aux portes du soleil couchant, battues par les flots se tiendra
Une femme puissante avec une torche, dont la flamme
Est l’éclair emprisonné, et son nom est
Mère des Exilés. Son flambeau
Rougeoie la bienvenue au monde entier ; son doux regard couvre
Le port relié par des ponts suspendus qui encadre les cités jumelles.
« Garde, Vieux Monde, tes fastes d’un autre âge ! » proclame-t-elle
De ses lèvres closes. « Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Tes masses innombrables aspirant à vivre libres,
Le rebus de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte
Je dresse ma lumière au-dessus de la porte d’or ! »
Un livre agréable à lire, où l’on apprend de nombreux détails sur ce monument connu dans le monde entier, où l’on réfléchit sur la notion de liberté pour les hommes, que demander de plus ?
En classe, en cycle 3, un parfait prétexte à un débat philosophique sur la Liberté et l’absence de Liberté, sur les symboles qui nous entourent et dont on ne connait pas toujours la signification.