Sophie Lamoureux a écrit de nombreux documentaires et fictions historiques, dont l’excellent « Sur la piste du soldat inconnu », ainsi que plusieurs volumes de la collection Cétéki, Cétékoi. Les Gaulois ont longtemps fait l’objet d’images fausses et plusieurs d’entre elles sont liées sans doute à la bande dessinée Astérix mais pas seulement. L’auteure entreprend donc de reprendre le dossier pour remettre « les pendules à l’heure et rendre justice à ces fiers Gaulois » comme elle dit. S’ils ont longtemps trainé une mauvaise image, c’est sans doute que les seuls témoignages sur eux venaient de leurs ennemis. 

Le principe de la collection

Chaque article se présente sous la forme suivante : une formule interrogative puis un texte explicatif avec, très souvent, des renvois entre les questions, ce qui permet de prendre le livre dans l’ordre que l’on veut. Parfois un « Le savez vous ?  » en bas de page permet d’aller un peu plus loin. Les illustrations sont assez discrètes et ne concernent pas toutes les entrées. Chronologie, glossaire, quiz et index complètent l’ensemble. Ce dernier propose aussi une reconfiguration de l’ouvrage sous forme de thèmes comme « La Gaule et ses voisins » ou « Art et artisanat » par exemple avec à chaque fois des sous-thèmes. Ainsi l’entrée « Un peuple de guerriers » se compose de huit éléments comme « armes et armures, chars » ou encore «  oppidum ». Le ton du livre est enlevé avec des formules très actuelles comme lorsque l’auteure s’interroge pour savoir si le forgeron «  est le Harry Potter des Gaulois » . 

Les peuples gaulois et leurs origines

Il faut d’abord se rappeler que le territoire gaulois est plus vaste que la France actuelle tout en étant bien moins peuplé qu’aujourd’hui évidemment. Les Gaulois sont divisés en une soixantaine de peuples dont les Eduens ou les Séquanes. Quant au terme de « Celtes », les historiens aujourd’hui disent qu’ils étaient une confédération de peuples gaulois installés depuis longtemps dans le centre de la Gaule. L’entrée numéro 3 propose une originale mise en scène, façon carte d’identité de quelques peuples gaulois. Un peu plus loin, Sophie Lamoureux invite le lecteur à considérer avec distance ce qu’a raconté César à propos des Gaulois. 

Gaulois célèbres

Ce thème permet de redonner une personnalité aux Gaulois et revient par exemple sur  leurs prénoms pour savoir s’ils finissaient tous en « rix » ? Ce terme signifie roi ou chef  : il a donc formé une trace importante dans l’histoire mais en réalité il existait plein d’autres prénoms. L’entrée 42 propose de s’arrêter sur des Gaulois qui ont marqué l’histoire. Il y eut par exemple Crixus, esclave et gladiateur, qui fut un des compagnons de Spartacus, ou Julius Sabinus qui participa lui à une révolte contre l’empereur romain Vespasien. 

Vie quotidienne

L’auteure précise que les habitations des Gaulois étaient en bois, ce qui ne signifie pas qu’ils s’agissaient de huttes peu solides. Les murs au contraire étaient recouverts de terre et le toit pentu souvent en chaume descend presque jusqu’au sol. Les Gaulois ont « inventé » le matelas, ce qui relativise grandement l’image fruste que certains leur associaient. Au niveau des soins du corps, les hommes se rasaient, se coiffaient et les femmes se maquillaient et rougissaient leurs lèvres. Si on se penche sur l’alimentation, c’est sûr qu’il faut remettre en cause l’image du sanglier rôti ! Les Gaulois mangeaient surtout du porc, du mouton et des volailles. Autre point à corriger, celui du paysage car ce sont les Gaulois qui ont entrepris la grande déforestation de la future France. Cela interroge sur le pourquoi d’une image de forêts impénétrables. Comme souvent on doit cette fausse image aux Romains car, pour eux, les Gaulois étaient des barbares et ne pouvaient donc vivre qu’au sein d’une nature sauvage. 

Religion et croyances

L’entrée numéro 13 s’intitule «  Ont-ils peur que le ciel leur tombe sur la tête ? ». Ce qui est certain c’est que les Gaulois ne connaissaient pas comment fonctionnait l’univers et ils s’en remettaient donc, comme d’autres, aux dieux. On en comptait des centaines avec par exemple Taranis, le dieu de la foudre. Les Gaulois croyaient aussi à la réincarnation. L’entrée suivante décortique ce que l’on sait réellement sur les druides. Enfin, on peut revenir sur la question des sacrifices humains. Ils sacrifiaient des animaux, comme les Grecs ou les Romains, et si les archéologues ont retrouvé quelques os humains, il s’agit sans doute de reste de guerriers ennemis déposés en offrande dans un sanctuaire. 

Héritage et redécouverte 

Dans cette partie, on trouve un article sur la localisation d’Alésia et sur les différentes revendications. Sophie Lamoureux précise bien que la communauté scientifique est d’accord sur le fait que le site se situe à Alise-Sainte-Reine. Un peu plus loin, une entrée sur « Le coq français nous vient-il des Gaulois ? ». Au départ, il s’agit d’une mauvaise blague des Romains et d’un jeu de mots autour de Galates, façon de se désigner des Gaulois, et gallus, le coq. Les Gaulois ont su retourner cela puisque, assiégé par César, Vercingétorix lui expédia un coq agressif pour le narguer. On peut aussi souligner que du vocabulaire nous vient des Gaulois comme nous le propose un amusant petit texte dans l’entrée 11. L’ultime entrée s’interroge donc pour savoir si les Gaulois sont vraiment nos ancêtres. La formule à retenir c’est que s’ils le sont, ils ne sont pas les seuls.

Ces cinquante questions et leurs réponses offrent donc un panorama très complet de ce que l’on sait sur les Gaulois. Ecrit dans un style prenant et vif, il ne sacrifie jamais la rigueur historique au ton parfois plus léger qu’il adopte.

Pour découvrir l’ouvrage, c’est ici. 

 

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes