Les ouvrages de la collection Cursus sont régulièrement recensés dans la Cliothèque. Ceux-ci sont destinés aux étudiants et offrent des synthèses denses sur un thème précis.   Cette 5° édition du Byzance de J-C Cheynet constitue  un des ouvrages de base pour une approche de l’Empire byzantin.

Si le découpage en trois parties est chronologique, chacune comporte des chapitres permettant de faire le point sur une thématique précise : l’Eglise, le pouvoir etc…

 

 

L’Empire romain d’Orient (330-718)

3 chapitres consacrés à cette période qui permettent de mieux comprendre la filiation avec l’Empire romain. Pour cela, il est utile de remonter à Constantin, à la fois fondateur de Constantinople mais aussi premier empereur converti au christianisme. Le choix du site de l’antique Byzance donne à la ville  de Constantinople une situation stratégique qui explique largement la pérennité de celle-ci. Située sur un carrefour de routes, elle peut jouer le rôle de plaque tournante du commerce. Tandis que le site même de la ville se révèle facile à défendre. C’est d’emblée une ville chrétienne dont le rôle dirigeant va être affirmé avec la création du patriarcat de Constantinople.

La période justinienne apparaît à juste titre comme un des temps forts de l’histoire de l’Empire romain d’Orient. L’empereur va mener une politique de reconquête d’une partie des territoires de l’ancien Empire romain d’occident : en Afrique sur les Vandales, en Italie sur les Ostrogoths, et même en Andalousie. Il bénéficie de généraux compétents et profite du calme régnant sur les fronts orientaux et danubiens. Mais Justinien est aussi celui qui contribua par son œuvre administrative et législative à donner à l’Empire des bases solides.

Cependant à partir de la fin du VI° siècle, la situation extérieure de l’Empire se fragilise. Dans les Balkans, Avars et Bulgares s’installent durablement au détriment des frontières de l’Empire. Mais c’est surtout en Orient que l’Empire subit ses plus grandes défaites. Les Perses, adversaires traditionnels se montrent particulièrement habiles et après avoir conquis la plupart des provinces orientales, menacent directement sa capitale. Il faut toute l’habileté d’un Héraclius pour rétablir la situation. L’Empire sort cependant fragilisé et épuisé du conflit alors qu’il doit faire face à la menace arabe. La défaite du Yarmouk scelle définitivement le sort des possessions byzantine de Syrie et d’Egypte, même si au final les Arabes échouent devant Constantinople. L’Empire est alors ruiné économique et démographiquement. Les échecs militaires ont affaibli les empereurs et les querelles dynastiques sont fréquentes.

 

L’Empire médiéval (718-1057)

Une période qui correspond à l’image classique que l’on se donne de l’Empire byzantin. Un Empire qui réussit à se redresser et à rétablir son autorité sur une partie des territoires perdus : en Orient jusqu’aux contreforts du Caucase et dans les Balkans au détriment des Bulgares.

Les structures du pouvoir se stabilisent peu à peu et font l’objet d’un chapitre spécifique. L’occasion pour l’auteur de présenter le fonctionnement de la cour du Basileus et de la question si particulière de la légitimité impériale : le mauvais empereur peut ainsi être renversé, signe de la colère divine et justification de l’usurpation. L’empereur bénéficie d’une administration centrale et d’un système fiscal qui traverse tant bien que mal les différentes crises et contribue au redressement impérial. Il en est de même de l’armée dont les structures évoluent entre forces centrales et thématiques, l’occasion pour l’auteur de faire le point sur les différentes thèses concernant les transformations de l’Empire.

Les questions du renouveau démographique et des transformations économiques sociales font l’objet d’un chapitre. Dans un Empire qui absorbe des populations différentes (Arméniens, Slaves…) il y a une transformation des structures agricoles qui bénéficie aux grands propriétaires. Les villes, à l’image de Constantinople, bénéficient du développement des échanges.  Tandis que les élites se renouvellent, avec un poids croissant des familles issues des carrières militaires. Celles-ci bénéficient cependant souvent aussi de solides implantations locales comme relais de leur pouvoir.

Quant à l’Eglise, elle occupe toujours une place centrale, les relations entre l’empereur et le patriarche constituent un élément essentiel de la vie de l’Empire. Des querelles comme celles des iconoclastes débordent largement le cadre religieux et ont de nombreux enjeux politiques. La religion bénéficie d’un renouveau, à l’image du développement de la vie monastique et de l’expansion de la chrétienté sur les peuples slaves. Ce renouveau se manifeste également dans l’éducation, dans l’Empire romain d’Orient celle-ci donne naissance à un premier humanisme.

 

De l’Empire à la ville-état (1057-1453)

Où comment pendant près de 5 siècles, l’Empire va tâcher de survivre face aux agressions extérieures. Le XI° siècle est particulièrement difficile car il voit se cumuler les querelles dynastiques et l’avancée des menaces turques en Orient (défaite byzantine de Mantzikert en 1054) et normande (perte de l’Italie du sud en 1071). En difficulté les Comnènes appellent à l’aide et cela  aboutit au déclenchement des croisades. Les relations entre Byzantins et Croisés vont être compliquées car les luttes de pouvoir s’ajoutent aux incompréhensions mutuelles. Cela finit par le détournement de la quatrième croisade et la prise de Constantinople par les Latins en 1204. L’Empire n’existe alors plus sur le plan territorial , scindés entre des Etats latins d’orients et les états des différents prétendants grecs au trône.

Michel VIII Paléologue réussit à reprendre Constantinople en 1261 en jouant sur la rivalité entre Vénitiens et Génois. Mais il échoue à stabiliser les frontières extérieures de l’Empire, notamment face aux Turcs.  Dès lors l’Empire peine à subsister, les échecs de pouvoir aboutissent à une remise en cause de la légitimité impériale ce qui est source de guerres civiles dans lesquelles les protagonistes n’hésitent pas à chercher le soutien de l’étranger. Un lent déclin qui prend fin en 1453 avec la prise de la ville par les Turcs.

 

 

En conclusion

Un livre bien dense (format oblige) qui permet une bonne première approche de ce que fut l’Empire byzantin. De plus il  fait   le point sur l’historiographie de certains thèmes. Au lecteur qui veut aller plus loin, l’ouvrage fournit une importante bibliographie thématique ainsi qu’une sitographie fort utile. L’on peut cependant regretter  une cartographie peu mise en valeur.

 

 

François Trébosc©Les clionautes