Cet ouvrage a pour but annoncé de restituer à la mémoire française l’histoire de la première république fondée en Haïti en 1804. Certes cet ouvrage n’est pas une nouveauté mais il fait, en quelque sorte, échos à un ouvrage récent de Stéphanie Barzasi : Haïti, l’histoire en héritage ( http://clio-cr.clionautes.org/haiti-l-histoire-en-heritage.html).
L’introduction annonce les trois grands axes qui organisent les diverses contributions: l’échec de la France, la spécificité haïtienne dans les révolutions du temps et la place de cet événement dans les relations internationales.

Quand le 1er janvier 1804 est proclamée l’indépendance de la colonie française de Saint-Domingue, les anciens esclaves et affranchis choisissent pour marquer la rupture avec la France de reprendre le nom indigène d’Haïti.Le projet colonial : la guerre de 1802-1803 et l’échec de la France

Bernard Gainot et Mayeul Macé analysent en détail l’expédition envoyée par Bonaparte ou plutôt son épilogue après la mort de Leclerc jusqu’à la capitulation de Rochambeau. Le récit met en valeur les raisons de l’échec entre causes sanitaires (épidémie de fièvre jaune), militaires avec la reprise du conflit avec les Anglais et les responsabilités des autorités coloniales.

Thierry Lentz traite du régime consulaire au lendemain de 10 années de troubles révolutionnaires. Il montre les directions politiques : hostilité au projet autonomiste de Toussaint Louverture, répression en Guadeloupe et rétablissement de l’esclavage. Il montre l’échec d’une politique qui n’avait pas les moyens maritimes face à l’Angleterre dans un vaste domaine colonial (Inde, Louisiane…).

Georges Lutz aborde un aspect très particulier et singulier de l’histoire de l’esclavage : l’origine, le dressage et l’emploi des chiens à esclaves : les « Buscadores » dans la chasse aux « marrons ».

Une nation sortie de l’esclavage

Avec Dominique Rogers est abordé l’origine du préjugé de couleur à partir des travaux récents sur les libres de couleur. Ce sont les relations sociales, économiques et culturelles qui sont marquées par ces distinctions d’origine et de couleur de peau. Phénomène complexe encore présent aujourd’hui en Haïti.

Gérard Barthélémy évoque la tradition paysanne des esclaves venus d’Afrique qui n’ont pour beaucoup pas eu le temps de la créolisation et rejettent d’emblée le modèle de la plantation. Ils sont à l’origine du développement de la petite propriété et de l’élaboration d’une « culture indigène » en opposition à la culture occidentalisée de l’élite mulâtre

Franklin Midy s’interroge sur la spécificité haïtienne. Pourquoi la révolte des esclaves n’a-t-elle réussie que là? Il en recherche les causes dans l’imaginaire social d’un pays afro-créole indépendant présent au Nord de l’île et en montre les traces dans l’itinéraire qui conduit vers la proclamation de l’indépendance.

Une nation rejetée : difficile insertion dans les relations coloniales

Itazienne Eugène consacre sa contribution à la politique extérieure de Charles X et à l’ordonnance du 17 avril 1825 qui reconnait, certes avec retard, le nouvel état mais impose une dette destinée à indemniser les anciens colons. L’article analyse l’évolution des relations franco-haïtiennes jusqu’en 1838.

L’étude de Vertus Saint-Louis montre les caractéristiques de la classe dirigeante née de la révolte attachée à la plantation et donc à des relations extérieures permettant l’exportation du sucre et du café. Cette situation a conduit à une dépendance envers l’Europe et les États-Unis voire à une soumission.

Quand Léo Elisabeth analyse les relations entre Haïti et les petites Antilles, Rose-Mie Léonard s’intéresse à la perception américaine qui influence la politique de domination des États-Unis entre 1804 et 1864 alors que les Noirs américains y voient un lieu d’inspiration politique voire une terre d’asile.

Enfin le rôle de la république apparait bien réel dans certains mouvements dans l’empire espagnol comme le montre Carmen L. Bohorquez à propos du Venezuela. .