Ce livre, dirigé par Raphaël Eppreh-Butet, est la compilation d’essais de différents auteurs sur les deux mandats de Barack Obama. Président charismatique et adulé, notamment en Occident, il entretient l’image d’un président bienveillant, ouvert, symbole d’une Amérique tolérante, qualités qui auraient disparu avec le nouveau président Donald Trump. 2 ans après la fin de son 2e mandat, les auteurs décident donc de faire plusieurs bilans, apportant au final énormément de nuances quant à l’hagiographie médiatique et populaire qui a pu se créer autour d’Obama. Les auteurs viennent de milieux différents: Droit, Histoire et Civilisation, Economie et Gestion, Politique. Raphaël Eppreh-Butet est quant à lui docteur à la Sorbonne Nouvelle, maître de conférences en Civilisation américaine à Lille et spécialisé dans la politique étrangère américaine et leur politique d’immigration.

Le livre est découpé en trois grandes thématiques. D’abord, 4 chapitres évoquent la politique intérieure et les réformes sociales et économiques de ces mandats. Ensuite, 6 chapitres (dont un en anglais) traitent de la question de la diplomatie et des relations extérieures. Enfin, 2 chapitres s’attardent sur la politique économique et financière.

Ces chapitres présentent la particularité, et cela peut-être une aubaine pour les professeurs travaillant en DNL ou en section euro, de retranscrire des passages entiers de discours en anglais d’Obama. Cet ouvrage peut également être particulièrement intéressant pour les enseignants de terminales qui ont à évoquer les relations entre les EU et le monde, depuis 1918 ou 1945 selon les sections. En réalité, le livre s’adresse à tous ceux qui sont intéressés par l’homme politique Barack Obama et qui cherchent à gagner en recul par rapport à un discours globalement positif sur ces 8 années de mandat.

La première partie permet d’évoquer la radicalisation d’une partie de l’opinion américaine, notamment du côté des conservateurs, quant à la question des impôts et de l’immigration. Si cette radicalisation était déjà visible avant Obama, le mandat de ce dernier voit clairement une accélération de ce mouvement, le Tea Party, dont Trump a été le principal bénéficiaire. Ensuite est décrit le côté social de la présidence, avec cette volonté fédérale d’aider les plus faibles, à travers un salaire minimum ou l’emblématique Obama Care. Du côté juridique, ce sont les relations avec la conservatrice Cour suprême qui sont analysées. L’idée des auteurs est d’apporter de la nuance, de montrer sans fioritures réussites et échecs, soutiens et contestations, manœuvres politiques. Cette première partie apporte quelque chose d’essentiel: il est compliqué de comprendre de France la société américaine. Cette volonté d’exporter notre modèle partout dans le monde ou de regarder ce qui se passe outre-atlantique sans maîtriser le fonctionnement sociétal des EU peut entraîner dans des analyses sans queues ni têtes. Gouverner les EU n’est pas gouverner la France et Obama n’est pas un faiseur de miracles, seulement un président américain comme les autres qui doit agir avec nuances et compromis.

La deuxième partie traite de géopolitique. Le fil conducteur des différents auteurs est clairement de montrer la volonté d’Obama de changer de stratégie par rapport à son prédécesseur George Bush Jr. Résumée en anglais « Leadership from behind » et/ou « burden-sharing », cette stratégie est un mélange de multilatéralisme, d’opportunisme et de recentrage des EU. Obama, à l’instar des autres présidents américains, défend d’abord les intérêts de son pays. Il cherche aussi à restaurer son image, notamment à travers les accords sur le climat de Paris. Mais c’est aussi quelqu’un qui peut hésiter voire se tromper parfois, sur l’Ukraine, sur les Printemps arabes ou sur la Syrie. Le Moyen-Orient est d’ailleurs traité dans la majorité des chapitre du livre et les auteurs en offrent un bilan sans concession, nuancé et instructif.

Enfin, la dernière partie s’attarde d’abord sur le bilan de l’initiative Africa power et plus largement de la politique économique américaine en Afrique. Puis est analysée la politique financière d’Obama, sa relation avec les milieux financiers, les tentatives de régulation et réformes tentées. 2 chapitres synthétiques qui mériteraient un traitement plus approfondi.

Pour terminer ce compte-rendu, il est indispensable de parler de l’édition de cet ouvrage. De nombreux chapitres sont truffés de fautes d’orthographe, d’erreurs de présentation, d’oublis de mots. Beaucoup de documents graphiques sont clairement illisibles. Il semble que cet ouvrage n’ait pas été relu avant son impression. Le dossier de presse, une simple feuille d’imprimante sale et mal imprimée, ne fait pas honneur à un tel éditeur. Cela gâche clairement la lecture de ce livre qui apporte pourtant de nombreux éléments pertinents sur ces mandats Obama.