Histoire-géographie : bac professionnel 3 ans: collection le monde en marche, Nathan technique

Première originalité de ce manuel destiné aux élèves de bac pro, qui reçoivent une heure et demie d’histoire et de géographie par semaine, l’ouvrage couvre deux années de la scolarité en trois ans. Ce choix « économique », ne devrait pas déplaire aux financeurs des opérations gratuité, que sont les conseils régionaux.

Pour lez professeurs qui auront à choisir et surtout à utiliser ce manuel, l’avantage sera de disposer sur l’ensemble des deux années de la même référence, ce qui permettra de revenir facilement sur des points du programme qu’il pourrait considérer comme essentiel à la compréhension du monde contemporain par des élèves préparant le bac professionnel.

En histoire classe de seconde, le programme couvre la période XVIe XVIIIe siècle, avec comme intitulé «les Européens et le monde», et en première, État et société en France de 1830 à nos jours.

En géographie, les questions sont assez proches de ce qui se fait en seconde générale, tandis qu’en première les questions concernent davantage le programme de terminale des sections générales.

On apprécie en ouverture de ce manuel de 350 pages, une table des matières très claire, et rappelle aux références du bulletin officiel du 19 février 2009. Au passage, on appréciera, ou on s’inquiètera de la vitesse de réalisation de cet ouvrage. Les auteurs ont dû être soumis à des délais particulièrement courts.

Du point de vue du contenu, et bien que le volume horaire de ces classes soit particulièrement réduit, on trouve ici une production très complète et une qualité d’information tout à fait comparable à ce que l’on trouve dans les manuels de séries générales.
Le chapitre sur la Renaissance, est très comparable à d’autres qui figurent dans d’autres spécimens. Selon les académies, l’histoire et la géographie qui sont associés à l’enseignement du français représentent 1 h30 hebdomadaire de cours au maximum.

Du point de vue pratique on appréciera dans ce manuel la taille parfaitement adaptée des cartes qui ouvrent la plupart des chapitres. Très commode également la disposition des cours par rapport aux documents à les auteurs ont conçu une alternance de cours et de situations. Après les bouleversements de la renaissance, une étude sur Léonard de Vinci et la représentation du corps est proposée. Plus classiquement, après une présentation sur l’humanisme, une étude des voyages d’Erasme peut peu mobiliser la classe.

Contrairement à quelques idées reçues sur les enseignements en bac professionnels et en lycées techniques le niveau proposé est soutenu mais tout à fait adapté à un usage en classe.Le troisième sujet d’étude consacré au premier empire colonial français, une bonne occasion sans doute, de rappeler les liens qui existent entre la métropole et les îles à sucre comme la Guadeloupe ou la Martinique. On trouve ici un chapitre qui s’ouvre sur une double carte l’empire colonial français au début du XVIIIe et sur la mise en place de cet empire. Peut-être aurait-il fallu ici évoquer la rivalité avec l’Angleterre.
Ce chapitre particulièrement riche comprend deux situations consacrées au commerce triangulaire et au fonctionnement d’une plantation. Ici aussi les documents sont clairs et la mise en page très aérée. Nous avons déjà eu l’occasion de dire, à propos de l’éditeur, la qualité de l’infographie.

Pour ce qui concerne le chapitre d’histoire en première, « État et société en France de 1830 jours », deux chapitres méritent particulièrement l’attention : il s’agit des femmes dans la société française de la Belle Époque à nos jours et de la République et le fait religieux depuis 1880, deux questions certainement difficiles à traiter dans quelques types de classe.

Le combat des femmes pour l’égalité est présenté de façon classique mais efficace en mettant en avant successivement, la conquête des droits civils, le combat pour l’égalité des droits politiques, la lutte pour la maîtrise des naissances, questions qui devraient susciter quelques interrogations dans certaines classes. Pour ce qui relève du droit de vote des femmes en appréciera ici la pertinence de certains textes comme ces déclarations de députés et de sénateurs dans les années 30. Pour le débat sur l’interruption volontaire de grossesse, Simone Veil et le vote de la loi en novembre 1974, est l’objet d’une étude spécifique. On y retrouve parmi les documents cette remarquable affiche du MLAC, « c’est tout de même plus chouette de vivre quand on est désiré ».
La place des femmes dans l’école est l’objet d’une excellente étude qui fait apparaître très clairement le fossé qui se creuse en matière de réussite entre les filles et garçons pour ce qui concerne les résultats au baccalauréat. Pour ce qui relève du travail des élèves, on appréciera ici aussi un questionnement très clair permettant aux professeurs de bâtir leurs fin de séquences sans difficulté particulière.

Pour la partie géographie, l’enjeu énergétique et le chapitre le plus original de cette partie du programme de seconde. On apprécie ici aussi l’ouverture avec des cartes de grande taille évitant un recours parfois inutile au rétroprojecteur ou au vidéoprojecteur dans les classes équipées. Le cours est particulièrement accessible, utilisant des documents récents comme l’Atlas des énergies parues en 2007, et des articles du monde datant d’octobre 2008. L’enjeu énergétique chinois est également l’objet d’une excellente étude mettant en avant la performance technique du barrage des trois gorges. Comme pour tout le chapitre de ce manuel il se termine par un résumé su à r l’essentiel, est un exercice permettant d’évaluer les capacités acquises avant de proposer une forme d’évaluation.

Ces évaluations rappellent beaucoup ce qui est demandé à l’écrit du baccalauréat des séries STG. En géographie de première le sujet d’étude consacrée à la mondialisation et à la diversité culturelle s’ouvre sur une carte qui met en avant les grandes religions comme facteur de diversité culturelle. Ce choix peut apparaître discutable surtout si on le renvoie au débat sur les nouveaux programmes des classes de sixième. Cette carte jure les espaces religieux est d’ailleurs assez mal reliée au cours sur la diversité du monde dans lequel on évoque les aires linguistiques. Il est vrai que ces notions de cultures ne sont pas évidentes à transmettre. Peut-être que l’étude de cas proposés sur le cinéma en Asie associant les films de kung-fu et productions de Bolliwood, devrait interpeler les élèves. Un document remarquable est également proposé page 291, opposant des prises de vues de femmes dans aspects du haut de photographe à Téhéran en 1950, et en 1990, après la révolution islamique de 1979. Cette photographie aurait mérité d’être davantage mise en valeur, sur la partie gauche consacrée aux documents notamment.

Un petit chapitre est consacré à l’éducation civique, l’éternel parent pauvre des programmes d’histoire et de géographie, qui sont déjà dans les séries des bac pro, déjà réduites à la pension congrue. Pourtant les questions traitées sont importantes, notamment les questions traitant de discrimination, d’action citoyenne et d’organisation de la justice.

En histoire et en géographie, comme probablement dans les autres matières, le manuel aussi bon soit-il, ne suffit pas à assurer forcément la réussite des élèves. Il est surtout un outil commode permettant aux professeurs, dès lors qu’ils sont suffisamment fermes pour le faire amener à leurs élèves, de construire des séquences de cours qui ne reposent pas sur des moyens techniques chronophages. L’usage fréquent du vidéoprojecteur et du powerpoint associés, même s’il est très à la mode est très apprécié par l’inspection, présente l’inconvénient d’éloigner du support écrit. Dans des séries professionnelles où cette référence n’est pas toujours évidente, l’usage d’un manuel auquel on peut se référer mais certainement jamais inutile.

De ce point de vue, avec cet ouvrage qui accompagnera la scolarité des élèves de bac professionnel pendant deux ans, les auteurs et l’éditeur ont fait œuvre utile. Actuellement, cela mérite d’être souligné.

Bruno Modica © Clionautes