En cette fin d’année, les éditeurs alimentent les casiers des professeurs en spécimens divers. Dans la série des livraisons de la semaine cette série de 28 fiches « méthodes bac », publiée aux éditions Hatier a retenu mon attention. J’ai la particularité en effet d’avoir une excellente mémoire, et je me souviens de mes multiples courriers envoyés à cette maison d’édition il y a huit ans, faisant état d’une demande de réassortiment de fiches complémentaires que j’étais par ailleurs tout à fait disposé à payer. J’attends toujours la réponse.
Ce désagrément ne m’empêche pas de considérer avec intérêt cette publication, réalisée par trois collègues implantés en région parisienne, et le cas échéant d’inviter à son acquisition.
Ce n’est malheureusement pas le cas.
Au niveau de la forme d’abord, le choix du format le rend assez peu pratique à utiliser, et paradoxalement sa grande taille ne l’auront pas forcément plus lisible. Les incrustations de couleurs variées, semblent dictées par une volonté de cultiver le flashy, pas forcément la méthode.
Au niveau des sources documentaires, on peut trouver des références assez récentes, comme l’édition 2016 des images économiques du monde, mais parfois des antiquités géographiques, comme cette carte des métropoles qui date de 2009. (Page 59).
Les 28 fiches qui sont proposées ont en réalité pour fonction de renvoyer sur le site compagnon Hatier–clic.fr où l’on est censé récupérer le corrigé. Petit détail ennuyeux, lorsque l’on clique consciencieusement le code de la ressource, on vous apprend qu’elle sera bientôt disponible. Cela rappelle ses messages sur de trop nombreux numéros de services, « nous vous invitons à renouveler votre appel ultérieurement ». On peut supposer néanmoins que dès la rentrée ses ressources seront effectivement disponibles, et on peut souhaiter d’excellentes vacances aux estimés collègues qui passeront l’été.
Sur certains points, et notamment sur la fiche 23 consacrée à la rédaction de la conclusion, on propose comme exemple le sujet : « l’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie en France », sujet assez discutable d’ailleurs, car il apparaîtrait comme réducteur à certains égards. On peut rappeler que ce sujet est sorti pour le bac TL et ES en 2016. Avec le choix entre l’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie, où l’historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale.
Ce sujet d’ailleurs repris sur plusieurs fiches, celle de la conclusion dans laquelle on explique comment répondre à la problématique, est le pendant de celle qui est consacrée à la construction et à la rédaction de l’introduction.
Cette conclusion qui doit répondre à la problématique nous paraît pour le moins discutable, car expliquer que la guerre d’Algérie a été un « tabou » de la société française, ne pas forcément une réponse à la problématique qui serait de comprendre qu’elle a été le rôle de l’historien dans la compréhension de la guerre d’Algérie, à propos de laquelle un affrontement mémoriel est toujours en cours.
En cherchant bien, on peut trouver des éléments pertinents, mais l’intérêt de reproduire une copie manuscrite n’est pas forcément attractif, et en réalité, si l’on prend les exercices de méthode, ils sont directement en lien avec le manuel, et avec le site compagnon dont on peut supposer que l’accès sera réservé aux prescripteurs du manuel papier. Cela n’est pas en soi choquant de notre point de vue, mais encore faut-il le préciser clairement.
En dehors du lien existant avec le manuel papier et le site compagnon de l’éditeur, cette publication est difficilement utilisable en tant que telle, d’autant que sa présentation, avec une juxtaposition de bulles et d’encadrés a peu de chances de permettre la structuration des connaissances dont nos élèves ont désespérément besoin.