Dans ces mélanges d’histoire culturelle, genre que je déteste, le pire côtoie le correct et parfois l’intéressant. Cela étant dit, je vous ferais le compte-rendu de quelques rares articles historiquement intéressants.
Nous trouvons Johann Chapoutot avec une lecture culturaliste du phénomène nazi; Rémi Dalisson sur les célébrations vichystes et Anne Simonin sur : le collaborateur : petite histoire d’une grande figure de l’ennemi. Enfin on peut lire Représentations et collaboration sur le Luxembourg de 1933 à août 1940 de Vincent Artuso.
Chapoutot a le sens de la formule quand il explique page 40 que « le crime nazi était du au fait que les Allemands avaient trop lu Luther »; 500 ans après 1517, il est bon de rappeler l’antisémitisme virulent du moine Luther.; il nous explique aussi que le sociologue Daniel Goldhagen a raison de dénoncer les bourreaux volontaires d’Hitler et le fait que des centaines de milliers d’Allemands ont été les agents zélés de la politique d’extermination du troisième Reich. Il critique par contre Christophe Browning pour avoir minoré l’idéologie nazie et vu seulement le comportement mimétique du groupe du 101ème bataillon de réserve de Hambourg au comportement criminel, meurtrier puis génocidaire (Page 39).
Rémi Dalisson nous réserve le meilleur de ce pot-pourri avec son article sur les célébrations vichystes de 1940 à 1944 où on voit le poids des affiches, des fêtes populaires et de la bande dessinée à Vichy, qui marche comme propagande surtout de 1940 à 1942, avant qu’un vent mauvais se lève sur la France de 1943 à 1944. Des documents méritent votre attention comme l’affiche du Grand Ferré, page 79, icône anti-britannique comme Jeanne d’Arc; les 2 affiches sur le culte de Noël et par les enfants écoliers du Maréchal, page 81 et une conclusion pertinente sur le caractère culturellement novateur de la Révolution Nationale. Bravo à cet auteur !
Anne Simonin nous rappelle judicieusement les ancêtres des collabos en 1749, avec le collabo pro-français Jean Henry Creskens et les traîtres à la patrie, hors la loi et coupables d' »intelligence avec l’ennemi » de la loi du 7/09 1793. Cette loi n’ayant jamais été abrogée, elle peut couvrir l’épuration de 1944/45. C’est intéressant et bien formulé ( pages 65 à 73).
Par contre l’oxymore du président normal de Patrick Garcia est à laisser aux 2% de fanatiques de François Hollande et mérite juste un coup d’oeil sur les 2 photos de la cérémonie d’entrée au Panthéon de 2 résistantes et 2 résistants le 27 mai 2015 (page 209). Les 3 formules du professeur Ory d’Alexandre Saintin, caricature du Sorbonnard comme les « aimait » Rabelais ou Erasme, est un joli titre, digne du journal Libération, pour un vilain article d’hagiographie, faut il vraiment canoniser Pascal Ory et sa fécondité intellectuelle?? L’insulte contre Brasillach le « tueur stylographique » pourrait se retourner contre le tueur hagiographique Saintin.
Enfin pour les humoristes, « quand Cocteau et le maréchal Lyautey parlaient sexe » (par Elisabeth Hennebert qui défend mieux la Sorbonne que d’autres) est la seule vraie histoire d’O de ce recueil peu érotique…
Ces Mélanges sont d’un niveau très inégal. Heureusement la verve et la chaleur de 5/6 auteurs arrive à sauver 5/6 articles qui méritent votre lecture.