Présentée dans une fausse borne d’arcade dans certaines librairies, cette BD a pour ambition de retracer le développement d’un acteur culturel, social et économique incontournable : le jeu vidéo.

Alors que certains esprits chafouins le cantonnent à un no man’s land peuplé de jeunes garçons en décrochage social et le résument à la « culture geek », le jeu vidéo est révélateur de nombreuses tendances qui parcourent notre société, le témoin de l’aventure informatique et de la créativité humaine et un moyen de rassemblement qui transcende les générations.

Cette BD met en scène les deux auteurs, Jean Zeid et Emilie Rouge, deux pratiquants de jeu vidéo de génération bien différente. Accompagnés d’un robot de compagnie aux intentions cachées, ils vont être plongés de manière improbable dans le couloir du temps de l’art vidéoludique, de ses débuts aux évolutions les plus récentes.

La BD est donc un documentaire extrêmement fouillé et riche. Elle est découpée en une douzaine de chapitres qui traite à la fois de l’informatique, des consoles, des salles d’arcade, des compétitions ou des jeux sur smartphone. Un programme donc très riche et très dense qui demande une vraie attention de lecture.

Chaque page, au-delà des aventures des protagonistes principaux, fourmille de détails et d’anecdotes. Les dialogues sont l’occasion de placer un maximum de vocabulaire, familier pour le « gamer », parfois flou pour le novice. Ce vocabulaire est défini et mis en situation, repris plusieurs fois dans le livre, pour qu’il devienne, au final, accessible au plus grand nombre, l’objectif clair des auteurs.

Parmi les apports très nombreux de cette somme, on peut insister sur la mise en avant des femmes dans cette industrie du jeu vidéo qui reste encore marquée par le machisme et la misogynie et de nombreuses dérives : les créatrices et les joueuses ne sont pas oubliées et on dépasse la simple figure de fantasme que peut-être une Lara Croft.

Autre apport non négligeable: le génie créateur des grandes figures de l’industrie, telles Shigeru Miyamoto ou Vidéo Kojima, est également respecté pour son apport à la culture mondiale. Derrière la création d’un titre, ce sont des références culturelles, des musiques, des scénarios dans lesquels sont invités les joueurs.

Au final, une très bonne immersion dans cet univers trop souvent résumé à des clichés et des idées reçues. Le rythme de la BD est haletant. Les auteurs couvrent toute cette période avec précision et amour très marqué du support. A faire découvrir au plus grand nombre.

Présentation de la BD et des auteurs

« Une plongée dans l’histoire des jeux vidéo qui saura ravir les plus grands gamers et ceux qui n’y connaissent rien ! Une histoire de créateurs, de businessmen et de joueurs. Né il y a soixante ans dans les laboratoires de recherche, le jeu vidéo s’est imposé comme un divertissement populaire et mondial. En 1972, tout bascule avec Pong, développé par le premier géant du secteur: Atari. Depuis, le jeu vidéo s’invite sur tous les écrans, bornes d’arcade, consoles, ordinateurs, puis téléphones portables. Enfant de la société des loisirs et du capitalisme, le jeu vidéo devient un business planétaire et un monde parallèle.

Né avec Pong, Jean Zeid est journaliste, spécialiste de jeux vidéo, chroniqueur radio mais aussi commissaire d’exposition depuis que le jeu vidéo est entré dans les musées.

Émilie Rouge, gameuse depuis qu’elle a 10 ans, est dessinatrice et coloriste. Diplômée de l’École des arts décoratifs de Paris, elle peint aussi des fresques murales. »