Une grande partie des images et sons de Mai 68 sont présentées et analysées. Radio, photographie, cinéma, affiches, dessins, journaux, musique, télévision : les évènements les ont produit et même engendrés à postériori. Ainsi les affiches, dessins humoristiques ou films produits par la CGT s’opposent à celles de la propagande antichienlit des militants gaullistes.
Pour reprendre l’expression de Michael Rolland, « une culture visuelle libérée et protéiforme » est née souhaitant l’avènement d’une autre société. Son influence s’est faite ressentir jusque dans le bassin méditerranéen (Espagne, Grèce) et en Amérique latine (Mexique, Argentine)Ces images et ces sons retranscrivent le mieux les émotions de Mai 68. Cela permet donc d’expliquer la mémoire bien présente de cette courte période dans nos imaginaires et la construction de représentations collectives. Certaines de ces images sont ainsi devenues des icônes : L’affiche du CRS = SS ou la photo de Daniel Cohn-Bendit souriant et provocateur.
L’évocation à 23 reprises, plus ou moins directement, des événements de Mai dans l’émission de Bernard Pivot, « Apostrophe », permet même d’appréhender sur la longue durée la mémoire de ce moment. Rapidement ils ont été perçus comme une rupture majeure qui a remis en question les structures sociales. Puis, dans les années 1980, la lecture libérale les a démysthifié. Même si en 1978 si les dix ans de sa commémoration ont inégalement touché les médias, quarante ans plus tard, ils ont largement été célébrés. Cet ouvrage d’histoire culturel nous plonge ainsi dans ce « bain visuel et sonore » encore en fusion.