Les Actes du colloque orléanais « Roger Secrétain » (1902-1982)

L’ouvrage Roger Secrétain, est la publication par Pierre Allorant est né en 1962, à Orléans. Après avoir obtenu son baccalauréat scientifique au lycée Pothier d’Orléans, Pierre Allorant étudie les sciences politiques à Paris. Certifié d’histoire-géographie en 1985, scientifique du contingent à Saint-Maixent-l’École, il est reçu à l’agrégation d’histoire en 1988. Il rentre alors à Orléans pour enseigner au collège Dunois, au collège Condorcet puis au lycée Voltaire et donner quelques cours et travaux dirigés d’histoire contemporaine en licence d’administration économique et sociale à l’université d’Orléans. À cette époque, il rencontre Michel Pertué, doyen de la faculté de droit, qui lui propose de reprendre des études juridiques afin de préparer un doctorat sous sa direction. En 2006, il soutient à l’université d’Orléans sa thèse en histoire du droit portant sur Le corps préfectoral et les municipalités dans les départements de la Loire moyenne au XIXe siècle. Nommé maître de conférences en histoire du droit en 2007, Pierre Allorant soutient son habilitation à diriger des recherches en histoire du droit en 2009. Il devient professeur des universités en histoire du droit en 2015. Doyen de l’UFR de droit, économie et gestion de l’université d’Orléans (depuis novembre 2016), il est également membre du centre de recherche juridique Pothier. Ses travaux portent sur la décentralisation et la déconcentration administrative, sur les relations entre le corps préfectoral et les élus municipaux, départementaux et régionaux, ainsi que sur la gouvernance de l’offre de soins. En outre, il est président du CHPP (depuis juin 2023) et des Amis de Jean Zay, il vient de publier avec Olivier Loubes, Jean Zay. Jeunesse de la République (Bouquins, 2024). et William ChancerelleIl est adjoint à la culture de la ville d’Orléans (Secteur ouest du quartier Saint-Marceau) avec pour attribution la Culture (incluant l’ensemble des musées d’Orléans) dont la Culture scientifique, Animation touristique, Jumelages et Événementiel (hors fêtes de Jeanne d’Arc et Festival de Loire), Animation sociale. William Chancerelle fait parti de l’équipe du maire Serge Grouard (LR puis DVD après sa démission du parti en 2023), élu maire d’Orléans en 2020. des Actes du colloque « Roger Secrétain », ayant eu lieu au musée des Beaux-Arts de la ville d’Orléans, le vendredi 16 juin 2023.  Ce livre constitue l’une des toutes dernières parutions en 2025 des jeunes Éditions orléanaises Le Mail, créées en 2022.

L’ouvrage est divisé en 4 parties reprenant les thèmes du colloque (le journaliste, l’homme politique, l’urbaniste et l’écrivain). Outre une préface (p. 5-6) du maire d’Orléans actuel Serge Grouard, un avant-propos (p. 7-8) signé conjointement par William Chancerelle (adjoint actuel à la culture de la ville d’Orléans) et Jean-Pierre Sueur (ancien maire d’Orléans), une introduction générale (p. 9-10) écrite par Pierre Allorant (président du CESER), suivent la partie I (p. 11-44), la partie II (p. 45-92), la partie III (p. 93-146) puis la partie IV (p. 147-236), sans oublier une conclusion originale (Sagesse du pessimisme, tentative de conclusion) par William Chancerelle (p. 237-240), un index des noms de personnes (p. 241-243), un livret d’illustrations (p. 246-260), une table des matières (p. 261-262) et, enfin, des remerciements (p. 263).

Le journaliste (1925-1931)

Avec Un Orléanais d’autrefois passionné de littérature, l’historien Pierre Allorant retrace en quelques pages le parcours du passionné de littérature autodidacte, fondateur de deux revues mensuelles et littéraires orléanaises Le Grenier (1925-1927) avec son ami Jean Zay et Le Mail avec un jeune professeur agrégé Marcel Abraham (1927-1931).

Avec Roger Secrétain, une leçon d’écriture à l’intime, le journaliste culturel à La République du Centre Jean-Dominique Burtin témoigne de l’héritage laissé par Roger Secrétain et son équipe de rédacteurs en chef sur lui-même et sa génération de journalistes.

Avec Roger Secrétain, l’éditorialiste, le chroniqueur, l’élu orléanais William Chancerelle tente de résumer 35 ans de chroniques et près de 1 500 pages par 3 maîtres-mots : constance, tempérance et sagesse du pessimisme. Tour à tour, journaliste, résistant, président-fondateur d’un quotidien local, député du Loiret, maire d’Orléans, Roger Secrétain tente de comprendre le monde dans lequel il vit (l’Occupation, la IVe République, 1958 et le retour de De Gaulle et la Ve République gaullienne, pompidolienne, giscardienne et mitterrandienne. Il ne comprendra pas Mai 68 car fustigeant l’Université et l’Éducation nationale.

Avec Témoignage : Héritiers de Roger Secrétain, la journaliste de La République du Centre Pascale Auditeau indique que Roger Secrétain se montrait particulièrement fier, c’est du ton trans-partisan qu’il avait su donner à son journal, durant sa présidence, au-delà des clivages politiques et des querelles ou polémiques politiciennes vaines.

L’homme politique (1951-1971)

Avec Du journaliste résistant au député de l’UDSR, l’historien et doyen actuel de la faculté de droit d’Orléans Pierre Allorant intervient pour la deuxième fois dans ce colloque. Il revient sur le parcours politique de Roger Secrétain qui commence par sa position de journaliste républicain orléanais, dès 1938, au quotidien Le Républicain orléanais. Sous l’Occupation, il fait parti du réseau de « Libération-Nord » et en constitue le groupe orléanais. À la Libération, il apprend la mort de son ami Jean Zay. En 1951, il prend la succession du mandat de député de son ami, le Dr Chevallier, député UDSR (centre-gauche anti-communiste), à la suite de la mort tragique et à l’issue d’une campagne législative très violente. En 1955, Secrétain devient président du groupe parlementaire UDSR et vice-président de ce parti.

Avec Roger Secrétain maire : l’union des droites orléanaises (1959-1971), l’historien et enseignant-chercheur (professeur à l’Université de Picardie Jules Verne à l’UR 2849) Philippe Nivet se polarise sur les municipales de 1959 et 1971, soit la première victoire de Secrétain à Orléans comme maire et son ultime défaite municipale en 1971. Lors des municipales de 1959 et dans le contexte du retour de De Gaulle au pouvoir en 1958, Secrétain devient maire d’Orléans grâce à l’union des droites et aux gaullistes orléanais durant deux mandats municipaux consécutifs, soit 12 ans. Sa défaite aux municipales de 1971 est due aux gaullistes.

Le créateur d’urbanité

Avec Roger Secrétain et la reconstruction d’Orléans (1940-1949), Antoine Prostl’historien et professeur émérite d’histoire à Paris I (ancien adjoint à l’urbanisme d’Orléans de 1989 à 2001) met en valeur à juste titre la culture urbanistique de l’autodidacte Roger Secrétain au contact des urbanistes et ingénieurs en bâtiment dont le seul diplôme était le brevet de l’Enseignement Primaire Supérieur.

Avec Aménagement du Territoire et urbanisme municipal. L’exemple de La Source, le professeur Loïc Vadelorge restitue la part municipale de l’ensemble urbain nouveau de 410 ha de La Source à Orléans : ni une ville nouvelle, ni une ville universitaire et ni même une ville satellite aboutie. Grâce à Roger Secrétain et à ses deux mandats municipaux consécutifs, comme Toulouse-Le Mirail ou Bordeaux-Talence, Orléans II-La Source fut le symbole d’un centre urbain connexe au campus qui fut à la mode pendant une vingtaine d’années (1990-2010).

Avec Réflexions sur La Source que l’ancien ministre PS Jean-Pierre Sueur décrit sur le modèle de la Genèse, il rend hommage à son prédécesseur Roger Secrétain en qui il voit un maire bâtisseur.

Avec Le renouveau de l’Université d’Orléans, Claude Micheau revient sur la part décisive qu’a pris Roger Secrétain en tant que maire pour la création du pôle universitaire de 100 ha à La Source, dès 1959. De 1960 à 1970, la ville d’Orléans et le département du Loire ont payé pour faire venir les étudiants à La Source (locaux, matériel pédagogique, frais de déplacement des enseignants, etc.). Un IUT est créé en 1966. Il fallut presque 30 ans pour les préfabriqués de la fac de lettres disparaissent au profit de locaux dignes de ce nom en 1988. L’équipe du maire Robert Secrétain perdirent les municipales de 1971 en parti à cause des investissements colossaux dans le pôle universitaire considéré comme un échec, à l’époque.

Avec Les floralies internationales d’Orléans de 1967 , Jean-Pierre Imbault évoque la transformation des 35 ha restants des 410 ha de La Source en un gigantesque jardin, en seulement 7 ans (1960-1967) sous l’impulsion du maire Secrétain et selon les leçons d’un ingénieur-horticole Albert Poyet. L’objectif était d’organiser les floralies internationales à Orléans-La Source, pendant les 6 mois de 1967, qui compta 2 500 000 visiteurs.

L’écrivain, ami des arts et des artistes

Avec Roger Secrétain et la littérature : comment de lecteur on devient écrivain ? Considérations autour de « Ceux qui ont éclairé nos chemins », le professeur de Lettres Modernes et doctorant Hadrien Courtemanche confirme que Roger Secrétain fut un très grand lecteur et l’ensemble de sa production est celle d’un critique littéraire d’une grande acuité sur ses contemporains. Toutes ces qualités se retrouvent dans son essai, composé sous la forme d’une anthologie de textes écrits de 1934 à 1976, intitulé « Ceux qui ont éclairés nos chemins » (1977).

Avec Roger Secrétain, un député et un maire acquis à la cause des musées (1952-1971), Lola Buxeraud nous montre le maire Roger Secrétain qui a su accompagner les conservateurs des musées orléanais, grâce au soutien que représentaient les politiques financières de l’État et l’aide de l’Inspection générale des musées de province.

Avec Roger Secrétain et les musiciens, Nathalie Berthelot rappelle que Roger Secrétain a obtenu un 1er prix de violon et il est le premier élève à obtenir un 1er prix depuis l’existence du Conservatoire d’Orléans. De plus, Secrétain a écrit régulièrement dans la Revue Musicale de France. Passionné de musique, cette dernière va l’accompagner tout au long de sa vie.

Avec Roger Secrétain et Charles Péguy, Jean-Pierre Sueur nous révèle que Roger Secrétain va « rentrer » dans l’œuvre de l’écrivain-poète Charles Péguy qu’à l’âge de 37 ans, soit en 1939, au point de lui consacrer une biographie, qui fait encore autorité aujourd’hui. Lors de ses deux mandatures en tant que maire d’Orléans, Secrétain a été à l’origine de la création du centre universitaire Charles Péguy.

Avec Max Jacob – Roger Secrétain correspondance inédite, la présidente de l’association des Amis de Max Jacob Patricia Sustrac restitue 12 lettres inédites signées Max Jacob adressées à son ami Roger Secrétain qui a mené une active politique d’acquisition (via la Bibliothèque, le Musée des Beaux-Arts et les Archives départementales d’Orléans) lorsqu’il fut maire de la cité.

Enfin, avec Roger Secrétain et Louis-Joseph Soulas, l’enseignant-chercheur Philippe Nivet démontre que Secrétain et Soulas sont deux personnalités du monde culturel orléanais de la première moitié du XXe siècle, qui se connurent, dès 1925, dans le cadre de la création de la revue Le Grenier. Secrétain a toujours soutenu son ami Soulas jusqu’à sa mort brutale en 1954 puis entretient sa mémoire jusqu’à son propre décès survenu en 1982.

Conclusion du colloque

La fin du colloque en revient à l’élu orléans chargé de la culture William Chancerelle dans une communication intitulée : Sagesse du pessimisme, tentative de conclusion (p. 237-240). Député par hasard, Roger Secrétain s’est épanoui en tant que maire mais la littérature fut sa religion au point que seul l’art l’a sorti de sa condition sociale et le sauver de sa condition humaine, l’homme qu’il fût.

Les Actes du colloque orléanais « Roger Secrétain »

La publication des Actes de ce colloque consacré à Roger Secrétain vont permettre à de nombreuses personnes de découvrir la personnalité de cet homme aux facettes multiples et qui a marqué de son empreinte la ville d’Orléans, de manière si profonde.

Cet ouvrage s’adresse donc aussi bien aux enseignants-chercheurs s’intéressant à de nouveaux champs historiques que les érudits locaux et les étudiants en histoire cherchant de nouveaux sujets de Master 1 et 2, voire de thèse, sans oublier les amoureux de la préfecture du Loiret.