Ce documentaire de Jérôme Bourdon (réalisé par Antonio Weber) est passé sur Public Sénat en mars 2008. Le DVD (production INA) reprend les 2 parties (53 minutes chacune) de l’émission. Le propos des auteurs est d’analyser le conflit Israélo-Palestinien au travers du foisonnement d’images qui l’ont, dès le début, accompagné. Trois problématiques sont au cœur du sujet :
– de quelle façon le regard des médias sur ce conflit a-t-il changé
– comment les médias ont-ils contribué à façonner l’histoire
– en quoi ces mêmes médias sont-ils devenus un enjeu du conflit

Disons-le de suite je distinguerai très nettement les 2 parties du documentaire. Autant la 1ère est passionnante, riche et didactique… autant la 2nde m’a paru plus confuse et quelconque !

On trouvera également un livret de 8 pages et 2 bonus.

Partie 1, Israël à l’avant-scène (1948-1967)

Les auteurs ont utilisé largement des extraits des Actualités Françaises, des Journaux Télévisés (ORTF) et de quelques émissions emblématiques de l’époque (« Cinq colonnes à la Une » ; « les dossiers de l’écran »…). Le tout combiné avec une voix off pertinente et des témoignages passionnants donne un documentaire en tout point réussi.

On peut distinguer 2 phases :

– de la proclamation de David Ben Gourion de 1948 aux années 50, Israël est perçu très positivement. C’est le temps du juif pionnier qui a pris son destin en main, y compris avec les armes. C’est la fin du « juif du ghetto » et le temps du Kibboutzin. Cette perception connaîtra, auprès des media et du public français, deux moments d’apogée : la guerre de 56 et le procès Eichmann de 61. A contrario, le Palestinien c’est le réfugié de 48 sur lequel on porte un regard compassionnel… sans plus.

– La guerre des 6 jours marque un tournant. En même temps que le conflit Israélo-Palestinien et Israélo-Arabe se durcit, l’opinion publique française commence à se diviser : l’extrait du dossier de l’écran qui tenta de créer un dialogue entre juif et Palestinien est éloquent : ledit dialogue n’est pas possible ! On connait bien sûr les phrases de de Gaulle sur le « peuple d’élite sûr de lui […] dominateur », mais le documentaire va plus loin et démontre que la perception de l’état d’Israël par les français est brouillée : la télévision montre de plus en plus des images de l’occupation des territoires et finit par poser cette question : si l’on transpose la situation à la France Occupée des années noires, qui seraient l’occupant ? le résistant ? Le juif persécuté par les nazis devient-il à son tour persécuteur ?

Partie 2, un média pour 2 peuples, depuis les années 70

Comme je l’ai dit précédemment cette 2nde partie m’a beaucoup déçu. En effet on assiste plus à un enchainement de temps forts qu’à un véritable discours autour des 3 problématiques énoncées plus haut. On a également le sentiment que les documentaristes ont subi les images plutôt que de les avoir apprivoisées comme ils l’avaient si bien réussi dans la 1ère partie.

Tout commence par la guerre du Kippour (1973) et les chocs pétroliers pour enchainer sur les élections de 1977 qui porte le Likoud au pouvoir et alimente une inquiétude… que les accords de Camp David dissiperont.

Le tournant de 1982 (la guerre du Liban) est bien sûr largement traité. ce qui est particulièrement intéressant c’est d’observer qu’en même temps qu’Israël est en train de « perdre son âme » (Beyrouth détruit ; exil des héroïques combattants du Fatah ; massacres de Sabra et Chatilla) les manifestation pacifistes ou encore les violents affrontements à la Knesset démontrent la vigueur de la démocratie israélienne.

Avec l’Intifada de 1987 les média, omniprésents, deviennent un enjeu politique : censure israélienne ; manifestations palestiniennes « devant les caméras » ; « bavures » filmées en direct… Instrumentalisation ?

Suivent pour finir les accords de Washington ; l’assassinat de Rabin ; sharm el sheikh… et pour terminer un condensé de l’histoire de ce conflit au travers de la ville de Jérusalem. La conclusion aborde la 2nde Intifada et le nouveau  » mur de la honte ».

En conclusion

Il est possible que l’analyse différenciée que j’ai fait entre les 1ère et 2ème parties soit induite par le le fait que mon ignorance était bien plus importante pour la période pré-1967 et, par conséquent, mes attentes étaient plus fortes pour la 2° partie, à priori mieux connue. Reconnaissons également la complexité grandissante des données et paramètres du conflit depuis 25 ans.

Il n’empêche que je reste sur ma faim…

Alors, avec nos élèves ? Le propos du documentaire me semble bien au delà de ce que nous pourrions faire en classe : difficile et périlleux me semble-t-il… Mais pourquoi ne pas sélectionner un / deux extraits pour les décortiquer (terminale – terminale stg) ? Je pense à la fin sur l’histoire de Jérusalem, une assez bon condensé de l’histoire de ce conflit. Je pense aussi au 2nd bonus (un extrait de l’hebdo du médiateur de 2006 à propos d’Israël et du Liban).