Le nouvel atlas du Dessous des cartes présente les enjeux liés aux mers et océans. Le XXe siècle s’écrit sur les océans. Trois raisons poussent les hommes à dominer les mers : exploiter les ressources maritimes, commercer, disposer de points de contrôle. Le livre propose 21 escales pour comprendre les enjeux géopolitiques du XXe siècle. A chaque fois, on commence par une photographie introductive puis il y a le traitement du sujet en quelques pages avant de terminer par un focus.
Belem, le petit port des grandes découvertes
Le chapitre est consacré à la puissance maritime dans l’histoire et évoque notamment le rôle des Pays-Bas, la thalassocratie britannique ainsi que le rôle des Etats-Unis et de la Chine. En moins de vingt ans, le budget naval a été multiplié par huit. La puissance maritime n’est plus réservée à un club de pays occidentaux. Le Golfe de Guinée est la zone maritime la plus dangereuse du globe.
Le Cap Horn
Il apparait comme une vigie entre deux océans. L’Atlantique est le deuxième plus grand océan de la planète. C’est la deuxième zone de pêche au monde avec un quart des prises mondiales, loin derrière le Pacifique.
Suez et les grandes routes maritimes du globe
Le transport maritime représente 90 % des échanges mondiaux. La conteneurisation a permis de réduire les coûts de 35 % et les durées de 84 %. On achemine aujourd’hui cent fois plus de marchandises sur un navire qu’il y a cent ans. En 2023, parmi les vingt plus grands ports mondiaux de commerce, quinze sont asiatiques dont huit chinois. Le détroit de Malacca est aujourd’hui saturé car il concentre 20 % du trafic du globe.
Pêche : la guerre des filets
La photographie de début évoque la disproportion de moyens entre les petits pêcheurs locaux et les gros bateaux chinois. Les chalutiers chinois pèchent de nuit et près des côtes des espèces qui constituent la base de l’alimentation des Ghanéens pour les congeler à bord avant de les revendre en blocs surgelés à la population ghanéenne. La consommation mondiale de saumons a triplé depuis les années 80. Aujourd’hui, le saumon consommé n’est « sauvage » qu’à 25 %.
Mer baltique : face à face Russie-OTAN
C’est une voie commerciale depuis le Moyen Age. Aujourd’hui, 15 % du trafic mondial y transite. On trouve dans l’article un flash sur Gotland, « le porte avion insubmersible suédois ». Plus grande île de la mer Baltique, Gotland était une des pièces maitresses de l’architecture de la Suède pendant la Guerre froide, accueillant jusqu’à 25 000 soldats pour 60 000 habitants. Si la Baltique ne connait pas d’affrontements directs entre pays de l’Union européenne et Russie, elle semble devenir le lieu d’une guerre hybride où désinformation, intimidations et sabotages deviennent monnaie courante.
Calais et Gibraltar
Deux chapitres sont consacrés à ces lieux. C’est l’occasion de montrer le poids du trafic dans la Manche avec plus de mille bateaux qui s’y croisent chaque jour. L’entrée suivant parle de l’enjeu migratoire en Méditerranée et distingue trois routes actuellement.
Câbles et or noir
A la fin de l’année 2023, on comptait 552 câbles opérationnels ou en projet. Par eux, ce sont 98 % de nos données numériques qui transitent. Le chapitre suivant s’arrête sur la Caspienne et ses ressources. Selon que l’on considère qu’il s’agit d’un lac ou d’une mer, cela change radicalement la répartition des ressources. Le focus parle de la mer d’Aral et de la catastrophe écologique qui s’y est déroulée.
Russie et Dardanelles
Le pont de Kertch est le plus grand pont d’Europe, routier et ferroviaire, d’une longueur de 18 kilomètres. Il a été inauguré en 2018 par Vladimir Poutine. Il est régulièrement ciblé par les Ukrainiens dans le cadre du conflit qui les oppose à la Russie. La mer Noire, elle, apparait comme un front maritime de cette même guerre. La zone connait un climat propice au tourisme et constitue en même temps un carrefour économique et géopolitique. C’est aussi un pont gazier entre pays producteurs et consommateurs européens.
Mer Rouge et golfe Persique
La mer Rouge est relativement étroite et couvre une superficie comparable à l’Espagne. C’est l’une des trois grandes autoroutes maritimes du globe. Par ailleurs, c’est le percement du canal de Suez qui a fait de la mer Rouge un espace névralgique en reliant la Méditerranée à l’océan Indien, en évitant donc le passage par le cap de Bonne Espérance. Un porte conteneur doit s’acquitter de 700 000 dollars pour passer par le canal de Suez. Djibouti est devenu un lieu stratégique et accueille des troupes de plusieurs pays dont la Chine. Du côté du golfe Persique, c’est 35 % du pétrole mondial qui transite.
Trois états pour un détroit : Malacca
Il est craint des marins en raison de sa faible profondeur. Par lui circule un tiers du trafic mondial soit par exemple 16 millions de barils de pétrole par jour soit trois fois plus que le canal de Suez. C’est 100 000 navires par an. Singapour profite largement de sa position géographique. L’Indonésie quant à elle est la première économie de l’Asean et le dixième PIB du monde.
D’autres points chauds du globe
Les chapitres suivants s’intéressent à la nouvelle ambition maritime de l’Inde. Malgré ses 7500 kilomètres de côtes, l’histoire du pays fut longtemps continentale. Aujourd’hui, elle se heurte à l’influence de la Chine. Le thème suivant est consacré à Taïwan. La flotte chinoise souhaite verrouiller les mers de Chine pour en faire « des lacs chinois ». Le voyage se poursuit du côté de Nouméa, point d’entrée à une étude sur la place de la France dans l’Indo Pacifique. On pourra aussi voguer du côté des Kerguelen ou encore de Mourmansk. Il ne faut pas oublier par ailleurs que 55 % des mers et océans ne relèvent d’aucune souveraineté.
Cet atlas offre donc une approche très complète de la question. Il offre de très nombreux documents parfaitement utilisables en classe et notamment en Terminale tronc commun. Un outil indispensable.
AU FIG : Masterclass : « Quitter la terre, prendre le large »