D’après « Alias Caracalla » de Daniel Cordier (© Gallimard)
Adapté par Olivier Salvatori Réalisé par Bernard George

Une présentation de cet ouvrage a été rédigée par Joël Drogland
http://www.clio-cr.clionautes.org/spip.php?article2479

Âgé de 20 ans en 1940, Daniel Cordier est un jeune étudiant, clairement maurrassien et antisémite qui se retrouve à Londres parmi les tous premiers à rejoindre le général De Gaulle. Le film est construit sur le témoignage de Daniel Cordier, qui se rend en compagnie de Régis Debray sur les lieux mêmes où il a vécu son histoire. En effet Daniel Cordier a été le secrétaire de Jean Moulin à Lyon, jusqu’à la période qui a précédé son arrestation.

La première partie du film évoque la trajectoire de ce « gamin de 20 ans » qui a envie de « tuer des Boches » mais qui doit d’abord se soumettre à un entraînement particulièrement exigeant et en même temps assez frustrant pour ces jeunes en mal d’action. Son premier contact avec le général De Gaulle a été assez particulier : « je n’ai pas vous à vous féliciter, vous ne faites votre devoir »
C’est un petit peu par hasard que Daniel Cordier rejoint les services secrets de la France libre, le bureau central de renseignements et d’action. Pendant cette période, les premiers contacts se nouent entre Jean Moulin et le général De Gaulle, avec cette rencontre du 25 octobre 1941. Pendant son entraînement et sa formation d’agent secret, Daniel Cordier est amené peu à peu à remettre en cause son engagement antisémite et à rompre avec Charles Maurras, dont il doit bien que le nationalisme intégral s’accommode parfaitement de la collaboration.

C’est en 1942 que Daniel Cordier est parachuté à Montluçon et après avoir rejoint Lyon il devient le secrétaire de Jean Moulin qui est en charge de l’organisation des mouvements de résistance de la zone sud, avec comme mission de faire accepter à leurs chefs respectifs le commandement militaire unique du général De Gaulle. La tâche ne semble pas très facile d’autant que, Daniel Cordier l‘affirme clairement, en 1942 la résistance active ne réunit pas grand monde.
Daniel Cordier se retrouve en compagnie de Régis Debray dans l’appartement lyonnais de Jean Moulin, et dans cette pièce de 5 m² qui lui servaient de chambre et de bureaux. Daniel Cordier tous les matins devait se présenter à Jean Moulin après avoir réuni les messages radio de la nuit et les avoir déchiffrés.
En novembre 1942, le débarquement allié en Afrique du Nord permet aux anglo-américains de mettre le général De Gaulle de côté, puisqu’ils trouvent avec l’amiral Darlan et le général Giraud des militaires moins intransigeants et plus étoilés. Ceci amène Jean Moulin et le général De Gaulle a entamer une offensive politique permettant à la France libre de s’imposer comme représentant de la France.

L’occupation de la zone sud à partir du 11 novembre 1942 modifie considérablement la vie quotidienne de Daniel Cordier et de son secrétaire. Sur ce point d’ailleurs on peut regretter que le témoignage ne soit pas plus précis. En février 1943 Jean Moulin et à Londres et il semblerait que ce soit lui qui ait eu l’idée de rassembler la société civile au-delà de la résistance militaire, dans un conseil national de la résistance ayant vocation à représenter la France pendant la guerre face aux alliés.

Le film évoque également, lorsque Daniel Cordier raconte l’un de ses voyages à Paris, l’attitude de la résistance à propos des persécutions des juifs. Très clairement, Daniel Cordier explique, en le regrettant que la question des juifs n’était pas un sujet pour la résistance. En effet celle-ci n’a mené aucune action spécifique sur cette question. Le voyage de Daniel Cordier à Paris à l’occasion duquel il rencontrait pour la première fois des juifs porteurs de l’étoile jaune, était surtout destiné à unifier dans un cadre commun les cinq mouvements de résistance existants à Paris, ce qui n’était pas là non plus chose facile.

De retour à Lyon Daniel Cordier qui ne connaît pas le rôle exact de Jean Moulin, et notamment son rôle politique éminent, mesure parfaitement les dangers qu’encourt son patron. Le cas de Hardy, arrêté puis évadé, semble avoir été envisagé par Jean Moulin lui-même. Le commandant militaire de la résistance le général Delestraint est d’ailleurs arrêté, peu de temps avant Jean Moulin lui-même lors de l’opération de Calluire. Daniel Cordier est à Paris, envoyé par Jean Moulin lui-même, lorsque lieu l’arrestation du 21 juin 1943. Jean Moulin devait décéder le 8 juillet 1943. Le film s’achève par une évocation de la non existence de Jean Moulin, pendant près de 20 ans. Le premier chef du conseil national de la résistance ne figurait pas dans le dictionnaire de la résistance publié en 1946 !

Bruno Modica