« Quand vient le temps des pluies, la terre chaude et sèche vire du rouge au vert, les oiseaux gazouillent à la cime des arbres, la terre respire à nouveau et les hommes chantent sur le chemin du retour des champs. A une époque, la saison des pluies était aussi la saison des girafes. »
Ce beau livre nous raconte la vie en symbiose de l’homme et des girafes, il y a un temps pas si lointain que cela. L’arrivée du troupeau avec la saison des pluies rythmait les jours. Les girafes faisaient partie du quotidien des hommes. Elles étaient utiles aussi en aidant les arbres à répandre leurs graines et leur pollen. Elles étaient « une bénédiction, comme les arbres, les oiseaux et la pluie ».
Mais comme bien souvent, les choses changent. Les arbres ne sont plus que du bois, la terre se couvre de fermes, de routes, d’immeubles et les girafes ne sont plus que de la viande. La pluie se fait de plus en plus rare avec le changement climatique. Et «aussi silencieusement qu’elles étaient apparues, les girafes disparurent. »
Malgré le retour des pluies par la suite, les girafes ne sont pas revenues dans 7 des pays d’Afrique où elles vivaient. Au Niger, les hommes ont pris conscience de la nécessité de les protéger. Avec l’augmentation du nombre de girafes et les dégâts qu’elles pouvaient commettre dans les champs , les hommes ont préféré leur trouver une nouvelle maison dans une réserve.
Cette histoire bien écrite s’inspire de l’action de Kisilu Musya, fermier militant pour le climat. Il a raconté sa vie dans un film documentaire « Merci pour la pluie » qu’il a lui-même réalisé avec la cinéaste Julia Dahr. Ce film a reçu 7 prix internationaux et a été traduit en 8 langues.
Une page de présentation de cette action est en introduction du livre à destination des plus grands. L’ouvrage se termine par des explications précises sur l’impact du changement climatique sur la population des girafes. Leur territoire se réduit suite aux diverses sécheresses. On apprend aussi qu’il existe 9 espèces de girafes alors que pendant longtemps on n’a cru qu’à une seule espèce. Au Niger, il ne restait que 49 girafes d’Afrique de l’Ouest. Protégées, elles sont aujourd’hui environ 600. Une association, la GCF (Giraffe Conservation Foundation), oeuvre à sauver les girafes de l’extinction dans toute l’Afrique.
Le texte est simple, précis, accessible dès 6 ans avec la lecture par l’adulte. Nicola Davies, l’autrice a animé auparavant une émission de sciences naturelles pour enfants. Elle a donc l’habitude de s’adresser au jeune public.
Les illustrations en pleine page sont foisonnantes de détails et de couleurs. Elles accompagnent tout à fait le texte. Le mouvement des girafes, leur regard sont très bien rendus.
Ce bel ouvrage est très intéressant. Au-delà de l’histoire, c’est un plaidoyer pour la protection de l’environnement mais aussi un témoignage des effets du changement climatique. A utiliser en classe dès le cycle 2 et le cycle 3 de primaire pour en parler avec les élèves dans le cadre de l’EDD, d’autant plus que la girafe a un capital sympathique auprès des enfants. Au collège, un support intéressant pour travailler en géographie avec en appui le film documentaire. Un dossier pédagogique est proposé ici.