Les Chats du Louvre est un manga en deux volumes, initialement publiée en 2017 au Japon, puis en France chez Futuropolis en diptyque noir et blanc. Pour fêter les 20 ans de la collection Futuropolis / Musée du Louvre, une édition intégrale en couleur a vu le jour pour la première fois en version manga : petit format souple, dans le sens de lecture japonais.

Cette nouvelle version marque la rencontre entre Taiyō Matsumoto, l’un des plus grands mangakas contemporains (Amer Béton, Le Samouraï Bambou, Sunny…), et Isabelle Merlet, coloriste française reconnue, notamment pour son travail sur des œuvres graphiques sensibles et subtiles.

Cette collaboration exceptionnelle donne une nouvelle dimension à cette fable onirique. Avec Les Chats du Louvre, ils nous invitent à découvrir les véritables habitants du musée, de drôles de chats qui veillent sur les œuvres depuis des siècles et qui, la nuit venue, changent d’apparence pour révéler leur nature profonde.

Résumé

Au cœur du Louvre, un étrange ballet se joue loin des regards : celui de chats mystérieux, habitants discrets du musée depuis des siècles. Lorsque Cécile, guide passionnée, croit apercevoir un petit chat blanc semblant suivre sa visite, elle ouvre sans le savoir une porte vers un monde invisible au commun des mortels.

De son côté, Patrick, un nouveau gardien de nuit, est initié par Marcel, un ancien aux allures de sage, aux secrets du Louvre. Ce dernier le mène dans les recoins inaccessibles du musée, là où rôdent des félins bien particuliers. Ces chats, doués de parole et d’une grande sagesse, veillent silencieusement sur les œuvres, entre ombre et lumière.

Parmi eux, Flocon, un chaton blanc un peu à part, attire toutes les attentions. On le dit capable de traverser les tableaux… mais que cela signifie-t-il vraiment ? Et que se passe-t-il lorsque l’on entre dans une œuvre ?

Au fil des pages, Les Chats du Louvre nous entraîne dans un univers empreint de poésie et de mystère, où la frontière entre l’art et le réel s’efface doucement. Ce manga contemplatif propose une immersion dans les coulisses du musée, tout en explorant les liens entre passé, mémoire et imaginaire.

Une œuvre hybride entre conte, fantastique et poésie visuelle

Les Chats du Louvre se présente comme une fable contemporaine, mêlant mystère, nostalgie, humour discret et contemplation. Le rythme lent, presque suspendu, renforce l’impression de flottaison entre les mondes. Les chats, par leur regard extérieur, posent un regard original sur le musée, l’art et les humains.

Le motif du « passe-tableau » ouvre des perspectives littéraires riches : la peinture devient porte vers l’ailleurs, mais aussi refuge, mémoire, abri ou piège. Chaque œuvre est un monde en soi, habité par des sentiments et des histoires oubliées.

L’album fait aussi la part belle à la quête identitaire : Flocon cherche sa place, Tokiko fuit le réel, Marcel s’interroge sur son attachement au musée. Chacun, à sa manière, cherche à habiter l’Histoire.
Un Louvre vivant, gardien de mémoire et de transmission

L’histoire explore le Louvre comme lieu de mémoire, témoin de siècles d’histoire. En évoquant sa transformation, de château médiéval à musée moderne, en passant par le palais royal, l’œuvre ancre son propos dans une perspective historiquement fondée, qui peut être exploitée en classe.

Les chats incarnent la dimension intemporelle du lieu : figures protectrices, mais aussi métaphores des visiteurs oubliés, des artistes disparus ou des émotions cristallisées dans les œuvres. Marcel, le gardien, symbolise quant à lui la filiation, la transmission, entre générations humaines et entre époques du musée.

La couleur comme prolongement du rêve

L’apport d’Isabelle Merlet à la colorisation sublime l’univers de Matsumoto. Les teintes sont douces, feutrées, parfois pastel, renforçant le caractère onirique du récit. La nuit au Louvre prend des nuances bleu-gris mélancoliques, tandis que les scènes dans les tableaux oscillent entre lumière dorée et tonalités éteintes, comme vieillies par le temps.

Cette version couleur donne une nouvelle dimension sensorielle à l’histoire, accentuant la poésie visuelle sans trahir le style de Matsumoto, tout en facilitant peut-être l’accès du manga à un public plus large, moins habitué au noir et blanc.

Conclusion : une œuvre à découvrir et à transmettre

Avec cette édition anniversaire, Les Chats du Louvre se révèle plus que jamais comme une œuvre rare et précieuse, à la croisée de l’art, de la littérature et de la mémoire.

Elle séduira les lecteurs adultes sensibles à l’imaginaire, à l’histoire de l’art et aux récits contemplatifs, mais peut aussi toucher les adolescents dès la 4e, dans le cadre d’un projet pédagogique ou d’un parcours artistique et culturel.

Pour les enseignants d’histoire-géographie, l’œuvre offre de nombreuses pistes d’exploitation :
• Le Louvre à travers les siècles : de château à musée.
• Les œuvres comme témoins de leur époque.
• La mémoire et la transmission : patrimoine et récits.
• Le lien entre art et société.

Enfin, Les Chats du Louvre invite à une autre manière de regarder les œuvres d’art : non comme des objets figés, mais comme des récits vivants, habités, à la croisée des émotions humaines et de l’histoire collective.

Une lecture lente et envoûtante, à recommander aux amoureux des musées, aux rêveurs, aux enseignants curieux… et bien sûr, aux amis des chats.