Lieu rarement évoqué dans la Cliothèque (pas de rubrique spécifique d’ailleurs), l’Antarctique est ici mis à l’honneur par les éditions Quae sous la forme d’un beau livre.
Et ce n’est pas parce qu’il ne compte pas de population permanente que ce continent pas tout à fait comme les autres n’a rien à offrir au reste du monde ! Espace aux conditions extrêmes, froid, obscur, il accueille pourtant des missions scientifiques de haut rang. En témoigne la plume de Paul Tréguer, Laurent Chauvaud et Erwan Amice, spécialistes complémentaires des mondes sous-marins et la préface de Laurent Ballesta qui nous confie que, sous les mers, l’intérêt va crescendo avec la profondeur.
Sur un ton très réaliste, relatant un vécu passionné, le récit accompagne de splendides images et permet au lecteur de partager la chronologie des étapes de la mission : le délicat cheminement du brise-glace, l’arrivée à la base Dumont d’Urville (ici en magnifique vue aérienne, image assez peu habituelle finalement) sous le regard des manchots, le forage manuel des trous dans la glace avant d’en arriver à la plongée en elle-même.
Le voyage n’a pas été sans rencontres cocasses comme celle avec le léopard des mers ou encore avec les déchets du Thala Dan, navire transportant les Français à la base dans les années 1960. La méthode des premiers prélèvements n’en est pas moins insolite, à l’aide d’un véritable « aspirateur polaire », sorte de grosse seringue artisanale destinée à attraper des isopodes, à savoir des petits crustacés.
S’ensuit une visite par « étages » des fonds marins où, comme l’indiquait Ballesta, la variété et la diversité des espèces et des paysages deviennent croissantes au fur et à mesure que l’on descend. L’on pénètre ainsi dans l’étage de la glace elle-même (E1), l’étage infra-littoral des laminaires (E2), le tombant rocheux (E3) riche en étoiles de mer, oursins et autres éponges. Un autre niveau (E4) complète la visite à partir d’un autre trou, révélant un espace sous-glaciaire, moins profond et au fond meuble, comportant bivalves, buccins, araignées et surtout les espèces phares de nos chercheurs : pétoncles et coquilles Saint-Jacques.
Au sortir de ce voyage privilégié, le lecteur ressortira satisfait, par les images naturellement, mais aussi car les auteurs ont pris la peine de reproduire, page 60, deux coupes schématiques de ces étages, ce qui guide clairement les étapes de leurs pérégrinations.
Il reste donc des trésors sur notre planète et les auteurs avouent dans leur conclusion avoir envie de retourner nous les montrer, dès que l’opportunité se présentera. Guettons la suite !