Catherine et Bernard Desjeux offrent une fois encoreKankan Nabaya, paru en 2018 aux éditions Grandvaux Voyage un très bel album de photographies de grande qualité tant dans les sujets choisis que par leur esthétique.

A travers des clichés des années 1970 à nos jours, ce livre propose une vision du Sénégal qui n’a rien de touristique. Il présente un pays en devenir.

Les auteurs témoignent de l’urbanisation croissante de Dakar. Ils redisent combien c’est un pays jeune (55 % de la population à moins de 20 ans).

Accompagnées de textes toujours justes, les photographies montrent le Sénégal moderneSalle d’embarquement de l’aéroport Blaise Diagne (cliché n°2) si contemporain quand on a connu le vieil aéroport Léopold-Sédar-Senghor avant sa réhabilitation., mais un pays né d’une très longue histoireMégalithes du Sine N’Gayène (cliché3).

La vie dans la ville

Dakar est une capitale en pleine évolution où se côtoient la richesse, du côté des Almadies et la pauvreté des bidonvilles. La ville, d’où disparaissent les attelagesLa corniche interdite aux charrettes (cliché 14), est désormais reliées à son nouvel aéroport par une autoroute et un train express régional.

Naissance d’une nation

Un court texte et une douzaine de photographies illustrent cette histoire au long court : de Gorée où l’incontournable « Maison des esclaves » (cliché 26) rappelle la traite à un public de touristes en short aux images de la colonisation très présentes à Saint-Louis : pont Faiherbe, maisons coloniales.

La passion du sport

Si les footballeurs sénégalais brillent dans les équipes européennes et font rêver les jeunes, le sport-roi, c’est la lutte, consacrée ici par de très belles photographies.

De l’espace du Sahel au quadrillage des rizières

Ce chapitre invite le lecteur à un voyage dans les villages du Sénégal rural. Les auteurs rappellent le rôle de l’eau dans ce pays largement sahélien, les effets positifs et négatifs du barrage de Diama sur le fleuve Sénégal, les dangers de la déforestation de la Casamance. C’est l’occasion de découvrir, grâce aux photographies aériennes d’Eric Desjeux, les bolongs du Sud (Saloum et Casamance) menacés par la montée du niveau de la mer.

« Cacahuète », riz, zébus et moutons

Variété des productions agricoles, le secteur emploie encore une main-d’œuvre nombreuse. Longtemps l’arachide fut la première denrée d’exportation, malgré le développement du marché chinois, elle a cédé sa place à la pêche et au tourisme. Les auteurs rappellent le rôle de l’élevage dans le Ferlo et invitent à se renseigner sur les nouvelles pratiques agroécologiques.

Traces de vie

En quelques clichés les oiseaux disent leur place dans une faune sauvage qui a perdu ses grands animaux : lions, girafes…

La présence de Dieu

Malgré le développement des religions du livreL’islamisation a commencé dès de XIe siècle, l’animisme n’a pas disparu.

Enseignements et transmissions

Si le modèle français est bien présent dans les écoles, les structures traditionnelles : classes d’âge, initiation, n’ont pas été oubliées. Le diplôme a perdu de son aura, vu le chômage d’une grande partie de la jeunesse, même diplômée.

Un constat, le Sénégal est un pays connecté où la scolarisation des fillesTrès belles photographies d’écolières appliquées (clichés 87 – 88) demeurent un enjeu.

La manne de l’océan : poissons et sel

Lébous et Sérères sont les peuples pêcheurs aux nombreuses pirogues qui assurent un apport protéiné malgré la concurrence de la surpêche internationale. Si le traitement traditionnel du poisson par les femmes persiste, des usines comme celle de M’Bour (cliché 104) montrent que des fossés économiques et sociaux se creusent, thématique reprise au chapitre suivant.

Economie : le grand écart

Les auteurs ont choisi de montrer les innovations, encore timides, de l’économie sénégalaise, mais aussi des aspects plus traditionnels comme les marchés où se côtoient la production locale et les produits chinois d’importationCliché 114 au marché de Cap-Skirring tomates et peluches.

Art : l’explosion de l’expression

Dans ce dernier chapitre, est rappelé le rôle du premier président Léopold Sédar Senghor qui mit à l’honneur l’art africain. Les auteurs évoquent la vitalité de la musique, le peinture, la sculpture illustrée lors de la Biennale Dakar’Art.

 

Deux auteurs, plein d’amitié et de respect pour un pays qu’ils connaissent bien.

Laissez-vous guider dans cette visite du Sénégal contemporain.