Les éditions L’Harmattan ont organisé en 2007 deux journées de conférences-débats avec pour titre: L’Afrique, histoire d’une lingue errance?
Le thème des conférences filmées sur la scène du théâtre du Lucernaire est introduit par François Manga-Akoa, analyste politique et responsable du Secteur Afrique aux éditions L’Harmattan. Ce sont deux DVD dans un coffret sobre sans information autre que la liste des intervenants.

Les conférenciers défendent des points de vue qui, sans être forcément objectifs, n’en sont pas moins intéressants même si le fil conducteur de ces journées entre peine à émerger.

Le premier DVD (4h22) présente la journée du 24 mars 2007 soit deux temps de quatre interventions suivis d’un débat avec la salle.

La culture de la mainmise par Simon MOUGNOL, universitaire camerounais ou comment un peuple est dépossédé de ses idées au profit d’idées venues de l’extérieur ne peut d’être en errance, une approche philosophique : justification de l’esclavage par les philosophes grecs : Platon, Aristote, Kant ou Hegel mais rendu difficile à suivre par la lecture du texte, on peut regretter le choix des éditions L’Harmattan de rendre compte de cette manifestation par la vidéo le texte en a été publié en 2007 par les éditions L’Harmattan, ISBN : 978-2-296-02990-3 • avril 2007 • 238 pages. Après la philosophie, et notamment la présentation de AMO AFER : un Noir, professeur d‘université en Allemagne au 18ème siècle; l’orateur montre aussi les origines africaines des mathématiques. Une partie de son intervention est consacrée à la religion, le rôle du christianisme dans la domination européenne. Il veut surtout montrer comment les penseurs européens ont justifié à la fois la traite, la colonisation et le maintien des peuples africains dans une situation de soumission.

Alexandre GERBI, est auteur de “Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine,
Imposture, refoulements et névroses”, essayiste, il aborde la question de la décolonisation mais en la mettant en relation avec le temps de cette conférence, à savoir la campagne électorale des élections présidentielles françaises de 2007 durant laquelle les thèmes de l’immigration, les violences des banlieues, la “repentance” ont été d’actualité. Il montre que les migrations d’africains vers la France ne sont pas seulement liées à la misère mais aussi à l’idée que la France est d’une certaine manière leur pays malgré 50 ans de décolonisation. Il rappelle que l’Afrique Noire au lendemain de la seconde guerre mondiale demandait plus l’égalité et la citoyenneté française que l’indépendance. La décolonisation fut un trompe-l’oeil et l’a mise en place du néo-colonialisme.

Magloire Kede ONANA, proviseur de lycée et écrivain camerounais évoque la crise des valeurs, de leur sens et la réflexion qui découle pour le modèle éducatif et pour l’école. Comment répondre aux inquiétudes de la jeunesse? Quel héritage de la colonisation? Quel rôle de la famille, quelle adéquation de l’éducation aux besoins de la société dans le monde globalisé?

Un exemple d’éducation réussie par Blaise Alfred NGANDO, juriste et universitaire camerounais. Il s’agit de la présentation Nelson Mandela, symbole et espoir de l’Afrique en matière politique.

Suit un débat avec la salle et un moment de “publicité” pour les derniers livres sortis en 2007

La seconde série d’intervention ou l’après-midi cette journée voit se succéder à nouveau quatre conférenciers

André-Julien MBEM, écrivain, chercheur à l’EHSS traite du rôle historique des diasporas africaines. Il remarque avec pertinence la nécessité de ne jamais généraliser quand on parle, quand on étudie l’Afrique. Il met en évidence la place des diasporas dans la réflexion politique qui débouchèrent sur les indépendances et particulier avec l’exemple de Nkrumah mais aussi au sein des organisations internationales. Insistant sur le rôle économique des diasporas villageoises grâce aux transferts d’argent des migrants vers leur famille ou via des associations et analyse l’émiettement qui en découle sans réel projet d’ensemble incapable de répondre à des problématiques globales. L’intervenant fait un plaidoyer pour le panafricanisme face à l’Europe et non pas face à la seule France.

Albert M’PAKA, anthropologue, spécialiste du Congo a choisi de traiter de la marginalité et de l’errance dans le contexte de la mondialisation. Partant de la traite puis la colonisation il évoque la “pression culturelle” qui s’est imposé aux jeunes africains notamment par l’école, comme une forme d’exil qui caractérise, selon lui, encore les migrants vivants en France. D’autre part les cultures africaines sont menacées par la mondialisation.

Le Nigéria à la rencontre des dynamiques socio-économiques des femmes est présenté par Benedicta TARIERE PERETU dans le cadre des OMD. Elle montre que le regard porté sur les initiatives des femmes s’est amélioré depuis les années 80 même s’il reste à faire pour le droit des femmes.

Diaspora et voyages, deux richesses des Africains par Claude GARRIER, avocat, auteur de deux ouvrages sur l’exploitation des forêts ivoiriennes. Il traite ici des “voyages” de la connaissance des étudiants africains dans les universités européennes ou nord-américaines, richesse de la découverte, de la confrontation de pensées qu’il compare au tour de France des Compagnons. C’est pour l’intervenant une richesse tant pour l’Afrique que pour les pays d’accueil, il note que la sous-scolarisation des filles est par contre un handicap.

Le second DVD (2h35) concerne la journée du 25 mars après une longue introduction de plus de 5 minutes qui rappelle les travaux de la première journée Le docteur Same KOLLE, chef du département de psychologie à l’université de Douala (Cameroun) propose une réflexion sur le discours africain sur l’identité et la négritude, sur la méthodologie de l’éthnophilosophie qu’il rejette comme étant signe d’un refus de l’altérité et en découle une approche comparatiste des sociétés africaines.

Ignatiana SHONGEDZA, spécialiste de l’éducation des femmes en Afrique australe, nous propose une réflexion sur les migrations intra-africaines vers l’Afrique du Sud en particulier le Zimbabwe et les questions d’éducation en relation avec les migrations.

Un nouveau débat et long avec la salle sur les migrations avec les deux orateurs du jour et des reprises des conférenciers du 24 présents dans la salle.

Le côté très statique des images rend peu aisé son utilisation avec des élèves, l’absence de possibilité d’une lecture par menu rend cet objet inutilisable.