Hélène Bouillon est docteur en égyptologie et spécialiste des relations entre l’Égypte et le Proche-Orient anciens. Conservatrice du patrimoine, elle dirige le service des expositions et des éditions du musée du Louvre-Lens. Membre de l’équipe « Mondes pharaoniques » à Sorbonne-Université, elle enseigne également à l’École du Louvre.

Après avoir collaboré à de nombreuses revues scientifiques, Hélène Bouillon met son savoir au service du plus grand nombre en rédigeant ce petit ouvrage de synthèse fort utile dans cette première édition de la  collection Que Sais Je. Présentées par ordre alphabétique, les entrées sont de multiple nature : les textes, les lieux,  les monuments, les nombreux dieux et déesses, les animaux, les fêtes mais aussi les couronnes, les objets symboliques et les notions propres à l’Égypte ancienne. L’intérêt de ce livre consiste à faire percevoir l’évolution de ces croyances millénaires qui se sont transformées au gré des changements politiques et des influences extérieures.

Prenons Isis, la déesse la plus connue du panthéon égyptien, l’auteur montre bien que, si elle ne fait pas partie des divinités les plus anciennes, on la trouve déjà citée dans Le texte des pyramides (vers 2300 avant JC). Pourtant, si elle est honorée dans des chapelles de temples datant du Nouvel Empire, il faut attendre la XXXe dynastie pour que soit construit un édifice complet en son honneur. Son nom vient de Aset, « le siège », hellénisé en Isis, une personnification du trône royal. Sa fonction principale est d’être épouse d’Osiris dont elle rassemble les chairs, puis mère allaitante d’Horus. Le récit de la mise au monde de l’enfant à tête de faucon est fixé au Moyen Empire dans Les textes des sarcophages. Sa représentation anthropomorphe portant le hiéroglyphe du trône sur la tête se trouve au pied des sarcophages avec sa sœur Nephtys, toutes ailes déployées. On la voit sous forme d’un oiseau milan mais elle ne possède aucun d’animal sacré. Au Nouvel Empire, Isis est assimilée à Hathor ou à d’autres filles de Rê, à qui elle emprunte la couronne au disque solaire entouré de cornes de vache, ou les bois d’antilope de Sothis (la déesse caniculaire). Au premier millénaire, la déesse magicienne connaît une vogue grandissante, toujours gardienne de la maternité qui se manifeste dans le cadre social de la famille, mais aussi protectrice contre les venins par sa maîtrise des formules magiques (on sait comment elle a percé le mystère du nom caché du dieu Rê). A la Basse Époque, Isis est représentée comme la mère allaitante surtout en amulettes ou en statues de bronze. Les Grecs lui associent Sarapis et son culte se répand dans tout le bassin méditerranéen, à la faveur de l’expansion romaine. Plus tard, la déesse est associée aux cultes à mystères que l’on perçoit dans les récits initiatiques d’auteur comme Apulée. Il n’est pas étonnant de trouver ensuite Isis devenant une figure maçonnique au XVIIIe comme le montre La flûte enchantée, l’opéra de Mozart.

Par cet exemple détaillé, il est facile de comprendre la richesse et l’intérêt de cet ouvrage qui est à la fois précis et synthétique. Il devient donc indispensable dans la bibliothèque du professeur d’histoire de 6e qui veut répondre rapidement à toute question qu’il se pose ou qui lui est posée. Il convient aussi parfaitement à tout passionné qui veut faire un petit tour de la question avant de se plonger dans un volume plus conséquent suggéré par la bibliographie proposée en fin de volume. On regrette cependant qu’aucun article ne soit accompagné de petits dessins comme il en existe dans certains volumes de la collection.