Qu’apporte la modélisation en trois dimensions à la compréhension des bas-reliefs néo-assyriens de Mésopotamie ? C’est à cette question qu’essaie de répondre dans sa thèse de doctorat Guillaume Sence, nous entrainant dans le nord de l’Iraq, de Kalkhu à Ninive, en passant par Khorsabad, à l’intérieur des palais des célèbres rois du Ier millénaire av. J.-C : Assurnazirpal, Sargon et Assurbanipal.

Les dessins des découvreurs du XIXe s. et leurs premières photographies, les dalles exposées dans les musées sont confrontés, les plans des bâtiments étudiés de manière à pouvoir reconstituer l’élévation, l’éclairage et le décor de ces palais fabuleux. Le résultat est à la mesure de la tâche et le lecteur a là, à disposition, à la fois l’iconographie qu’il lui faudrait autrement aller chercher dans de nombreux ouvrages et de quoi comprendre l’organisation interne des palais ainsi que les bases de l’idéologie royale. De fait, à l’époque, le décor n’est pas là pour être esthétique mais pour véhiculer un message. Les palais en sont les lieux privilégiés. C’est pourquoi la part donnée aux reconstitutions dans cet ouvrage est importante et se justifie en elle-même ; c’est là son apport essentiel.

La partie texte est assez descriptive et énumérative. Tous les thèmes utilisés sur ces bas-reliefs sont tour à tour présentés : les processions, la figure du roi, les porteurs de tributs, les génies, la chasse, la bataille…, le tout s’appuyant sur de très longues citations. Puis, l’iconographie est confrontée aux textes présents sur les dalles ainsi qu’à celui des Annales royales. Ceci est à compléter par les travaux de Joshua Jeffers (Université de Pennsylvanie) qui, étudiant textes et paysages gravés sur les dalles, a réussi à situer sur une carte topographique des lieux figurés sur les bas-reliefs, retraçant ainsi pas à pas certaines campagnes militaires menées par ces rois. D’une manière générale, Guillaume Sence aurait gagné à mieux mettre en exergue, dans cette partie texte, ses propres conclusions ainsi qu’à éviter quelques jugements un peu sévères sur ses prédécesseurs, notamment ceux du XIXe s, époque où l’archéologie en était à ses balbutiements, où l’assyriologie était un loisir parfois ruineux et où certains l’ont payé de leur vie !
Quoiqu’il en soit Les bas-reliefs des palais néo-assyriens; portraits de rois du Ier millénaire av. J.-C est à connaitre pour tous ceux qui s’intéressent au Ier millénaire av. J.-C. ou plus généralement à l’architecture des palais de Mésopotamie ainsi qu’à la représentation de la royauté et de celle du roi. Cette remise en situation des images dans chacune des pièces, l’étude de l’éclairage de telle ou telle dalle, leur répartition à l’intérieur des salles… font de cet ouvrage, un livre essentiel !