Qui es-tu, Avitus ? Christophe Grégoire présente cet empereur oublié, né en pays arverne, soldat puis empereur pour une courte période : 9 juillet 455 au 17 octobre 456.

Ce roman historique porte sur la trajectoire politique d’un notable gallo-romain arverne dans la période très troublée de la fin de l‘empire romain d’Occident du Ve siècle. Un gallo-romain qui devient empereur suite au 2e pillage de Rome, celui de 455 par les Vandales, avec l’appui des barbares fédérés wisigoths de Toulouse. La complexité et la vitesse des évènements d’un empire mourant font que les romans sont rares sur cette période charnière de l’Antiqué tardive en Occident. Personnellement , j’en ai lu et retenu 4 : «Soleils barbares » de Norbert Rouland (2007) où on retrouve le gendre d’Avitus, Sidoine Appolinaire ; « L’empire barbare » de Gary Jennings (2012) sur les Huns, rempli de clichés violents ; « La chute de l’empire romain » de Max Gallo (2016) où on retrouve la princesse impériale Galla Placidia, superbement écrit mais si court ; « Dernière nuit dans le Comminges : Et Albi oubliera l’invincible Mommole » de René Pagès (2018), sur le siècle suivant du 6e siècle. Dans ses « éléments bibliographiques » (p 374), je retrouve un de meilleurs ouvrages par son sérieux « Les empereurs romains » de François Zosso et Christian Zingg (1994). Et il indique qu’il remercie pour son aide Grigori Tomski « Les amis d’Attila » (2005). Il aurait pu aussi s’appuyer sur l’excellent « Les derniers jours : la fin de l’empire romain d’Occident » de Michel De Jaeghere (2014).

Le livre est construit à partir d’un long prologue « Autem, post mortem », puis de 17 chapitres, complétés par des annexes intéressantes pour la chronologie et la galerie des personnages.

Le prologue est long. Le personnage principal semble justifier la fragilité de son héritage politique, malgré « sa loyauté » : « Nos traces s’étiolent comme la poussière. Aux conquérants, artistes et hommes de science, le privilège de graver leur nom dans le marbre. Les autres créatures s’arrangent d’un horizon plus éphémère » (page 14). A l’imitation des « Pensées » de Marc Aurèle, il énumère des personnages qui l’ont marqué, anciens ou vivants, comme ses amis Aetius et Théodoric. Mais cela le rend quelque peu ennuyeux d’un point de vue narratif.

L’écriture bénéficie des descriptions paysagères sensuelles agréables, comme par exemple « La nature sent bon, ses arômes de miel, de coquelicot et de fenouil annoncent le paradis » (page 12), des rapports personnels du personnage, une description prenante du combat contre les Huns dans les Champs Catalauniques. Paradoxalement, cette même écriture a parfois un style alambiqué (« voilà du gibier de potence qu’à écorcher, nul ne trouverait à redire ! »), parfois des constructions incorrectes (« Une surprise puis laminées, elles s’enfuirent », « un de ses clients en profita pour une audience »). Au niveau cognitif, le 1e pillage de Rome est à peine évoqué. Le Chapitre le plus touchant est le XIII « Les larmes de Severiana Roscia » où il décrit la fin brutale du règne de Valentinien III.

Au final, Christophe GrégoireNé à Clermont-Ferrand, Christophe Grégoire se passionne pour l’histoire auvergnate, avec pour ouvrages : « Les troupes allemandes en Auvergne » (2020), «Seule mon âme portera le deuil » (2022), «  Les Vampires : Éliminations et sabotages ; Résistance 1943-1945 » (2024)a réalisé un roman historique irrégulier mais agréable sur un personnage méconnu.