Du projet à la réalisation à travers le regard des enfants
L’auteur se trouve confronté à une difficulté à savoir que les enfants n’étaient pas au centre du processus de construction. Il contourne donc l’obstacle en les reliant très souvent au métier de leur père. Le livre propose une sorte d’alternance entre un discours général sur le sujet et une vision par l’angle des enfants. Le parcours proposé suit la chronologie de la construction d’une cathédrale et des surtitres existent pour les parties concernant les enfants afin de préciser les métiers rencontrés qui vont de l’apprenti charpentier au verrier. Rappelons qu’entre 1140 et 1350, ce sont plus de 80 cathédrales qui ont été construites en France. On peut s’étonner du focus sur Audalde qui certes donne un cas précis de maître d’ouvrage, mais reprend en grande partie des informations qui figuraient déjà dans le texte général qui précédait. Sur aussi peu de pages c’est un peu dommage. On pourra déplorer quelques images qui semblent un peu vieillottes (pages 11 et 43).
Des hommes….
Les cathédrales représentaient des chantiers importants : les fondations pouvaient s’enfoncer à plus de 6 mètres. L’auteur montre bien le rôle des différents corps de métier qui intervenaient. Il insiste sur les corporations ou encore les loges qui regroupaient un maître, des compagnons et des apprentis. Un passage fort intéressant concerne l’embauche du maitre-d’œuvre avec notamment le fait que certains utilisaient des maquettes en cire pour aider les membres du jury à visualiser les projets proposés. Parmi les métiers qui intervenaient, il faut citer le cas des cordiers. En effet, les cordes servaient à attacher les troncs d’arbres qui flottaient sur la rivière pour atteindre le chantier. Mais elles étaient également indispensables pour lier les éléments en bois qui composaient les échafaudages. Les cordes étaient l’objet de soins particuliers comme la suppression de leurs aspérités.
…et des machines
On a donc de nombreuses notations sur les techniques de l’époque avec par exemple les échafaudages qui partaient rarement du sol. Ils étaient installés en hauteur à partir de poutres fixées dans le mur, formant ainsi une sorte de plate-forme sur laquelle les ouvriers travaillaient. L’auteur rappelle aussi utilement les matériaux nécessaires pour ces constructions et particulièrement le bois, les pierres. Le passage sur les machines utilisées s’avère également très instructif. Elles portent toutes des noms d‘animaux comme le célèbre écureuil
On pourra citer des exemples moins connus comme la louve. Il s’agit d’un assemblage en métal que « l’on fixe sur la face supérieure de la pierre à soulever. Grâce à une corde et à un crochet attaché à la louve, un seul manœuvre pouvait lever la pierre sans trop se fatiguer. C’est du verbe louver que viendrait notre verbe « lever ». N’oublions pas cependant que certains des engins avaient déjà été inventé par les Romains.
Le public ciblé
Si l’on raisonne en fonction du public ciblé, à savoir les enfants à partir de 9 ans, on constate qu’ils sont sensibles aux nombreuses illustrations qui parsèment l’ouvrage. L’étonnante maquette de Notre-Dame de Ratisbonne par exemple attire leur attention. Les images qui illustrent les aspects techniques aident souvent à mieux comprendre le texte. Le volume de celui-ci est bien adapté, avec ce qu’il faut de vocabulaire nouveau.
Cet ouvrage comme de nombreux de la collection constitue donc une bonne synthèse sur le sujet.
Jean-Pierre Costille