Cet ouvrage est structuré en six grandes entrées et permet d’aborder vingt discours majeurs, qu’ils appartiennent à l’histoire, à la littérature ou encore à la télévision. Grâce à une mise en forme vivante et rythmée, le lecteur appréhende facilement l’importance de ces textes.

Une organisation en plusieurs temps

Même s’il y a quelques variations en fonction du type de texte, on retrouve le même genre d’organisation pour les vingt textes sélectionnés. Ainsi, une présentation rapide du texte, une mise en contexte grâce à la bande dessinée, le texte lui-même ou du moins des extraits, une analyse sur «  pourquoi est-ce éloquent ? » puis une approche sur les conséquences du discours. Lorsqu’il s’agit d’un texte issu d’un livre, on trouve soit une présentation de l’auteur, soit un résumé de l’ouvrage en question.

Convaincre

Cette partie est constituée de quatre discours dont trois politiques. Il y a d’abord celui de Simone Veil pour le droit à l’avortement. La partie contexte est très utile et replace le débat dans l’histoire en rappelant, par exemple, le manifeste des 343 en 1971. La double page sur l’analyse du discours permet de décortiquer les mécanismes du discours en montrant que c’est à la fois un discours qui prône le retour à l’ordre, se veut un discours de santé publique sans tourner aux revendications féministes. Le texte de Robert Badinter sur la peine de mort est un autre texte fort et il faut se souvenir que la loi est finalement adoptée par 369 voix contre 113. Le discours de Dominique de Villepin en 2003 voulait mettre en garde les Etats-Unis contre une intervention en Irak. Dans un autre style, le texte de 1990 de Carl Sagan s’appuie sur une photographie célèbre de la planète Terre.

Séduire

Quatre exemples sont traités en rapport avec la littérature ou la musique. « On ne badine pas avec l’amour » d’Alfred de Musset a encore une résonnance aujourd’hui. A sa façon, il montre que le chemin du bonheur est tortueux. « Cyrano de Bergerac » est aussi analysé à travers la déclaration d’amour de Cyrano à Roxane. Pour cette scène, Edmond Rostand s’inspire de la scène du balcon de Roméo et Juliette de Shakespeare et la détourne en triangle amoureux.

Dénoncer

Ce chapitre commence par le texte de Victor Hugo de 1851 où il dénonce la misère dans laquelle vivent les plus démunis. Ainsi, en martelant le mot « travail », Hugo reproduit le rythme effrené auquel les ouvriers sont condamnés. Très virulent, Victor Hugo invite les dirigeants à aller constater en face la réalité de cette vie misérable. Parmi les textes très célèbres, on trouve le discours de Martin Luther King, ici analysé en partie. Son célèbre «  I have a dream » est scandé comme un refrain. Il rassemble les communautés et chante la fin de l’esclavagisme comme un gospel en fin de prêche. Les auteurs prennent le temps de préciser les conséquences d’un tel discours en montrant bien combien les inégalités demeurent criantes aux Etats-Unis. La question des armes à feu est abordée par le discours d’Emma  Gonzales en 2018, après une enième tuerie de masse. Elle choisit d’associer chaque victime à un détail touchant de sa vie de jeune étudiant. Elle conclut par un cri de rage qui tranche avec le silence peu avant.

Manipuler

Cette partie s’appuie sur des exemples très variés, à commencer par «  Les liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos. On pourra donc lire un extrait assez court de l’ouvrage, à savoir une lettre du vicomte de Valmont à Madame de Tourvel. La deuxième entrée s’appuie sur la série «  Mad men » avec un discours de Don Draper, le directeur de création de l’agence de publicité Sterling Cooper. A l’heure où le marketing présente les produits comme des sources de progrès, il choisit de tout miser sur le pouvoir émotionnel de l’objet pour vendre une campagne de publicité. « Mad men » propose à sa façon une réflexion sur le pouvoir de la communication qui permet de mesurer l’importance du story telling actuel dans lequel nous baignons. Un extrait de « Game of thrones » complète cette partie sur la manipulation.

Accuser, défendre

La première entrée est consacrée à la plaidoirie de Maitre Vincent de Moro-Giaferri au procès de Landru. La vie du criminel est d’abord récapitulée sous forme de quelques vignettes en bande dessinée. Il a été arrêté en 1919, à l’âge de 50 ans. Son avocat fit une plaidoierie sur le doute et l’erreur judiciaire. Landru est finalement guillotiné en 1922. Le second texte est le réquisitoire du procureur général Gideon Hausner lors du procès Eichmann. Ce procès n’eut pas pour seule vocation de rendre la justice mais il fut aussi une leçon d’histoire adressée au monde. Le procureur plaida pour montrer qu’Eichmann ne s’était pas contenté d’exécuter les ordres, ce qui était sa ligne de défense.

Remercier, rendre hommage

Pour finir, les auteurs choisissent trois textes très différents autour de cette thématique. Parmi les grands incontournables, on retrouve le discours d’André Malraux en hommage à Jean Moulin. A travers l’image du « terrible cortège », Malraux adresse son hommage à toute la France de la Résistance. On lira avec intérêt le texte d’Albert Camus, à savoir une lettre de 1957 dédiée à son instituteur, monsieur Germain. La dernière phrase témoigne de tout son amour pour celui qui lui a permis d’être l’écrivain qu’il est devenu. Le livre se clot par le discours de réception à l’Académie française de Marguerite Yourcenar. Elle fut la première femme élue à ce poste en 1980. Pour elle, ce doit être la qualité du texte et le talent d’écrivain qui doivent primer et nullement le sexe de celui ou celle qui écrit.

Une rapide dernière partie intitulée « Formules et slogans importants » s’arrête sur six d’entre eux dont « Du pain et des jeux »  ou encore « On ne nait pas femme, on le devient ». Chacun n’est traité que sur une page.

Cet ouvrage à travers vingt exemples très différents redonne sa place à l’éloquence, à la qualité des discours. La bande dessinée est intelligemment utilisée pour mettre en valeur et en contexte les principaux enseignements de textes de référence. Un ouvrage à conseiller pour son plaisir ou pour travailler dans l’optique du grand oral.