A la suite des récentes lectures de Bruno Modica, Hérodote N°157
je me pencherai sur la seconde partie du sommaire du dernier numéro de la revue Hérodote.

Les relations ambivalentes entre l’Etat-parti vietnamien et les Vietnamiens de l’étranger, Pierre Journoud


Dans son article Pierre Bournoud entend revenir les relations complexes entretenues entre le pouvoir communiste et les Viet kiêu. La première partie de l’article est consacrée aux diverses attitudes des Viet kiêu, qui se sont succédées chronologiquement. De l’opposition armée, menée par Hoang Co Minh, à la lutte politique en exil via le Viet Tan, en passant par la contestation artistique et l’emploi des progrès informatiques, les attitudes diverses et multiples de la communauté des vietnamiens de l’étranger ont su s’adapter au contexte géopolitique et technologique. Elles furent l’objet d’une réponse de la part de l’Etat qui développa à l’orée des années 2000 une cyber-répression à travers l’arsenal juridique (décret 72 interdisant la diffusion d’informations autres que personnelles sur les réseaux sociaux) et le développant d’une cyberpolice.

Pour autant, et ceci constitue le deuxième point abordé par Pierre Journoud dans son article, l’on ne saurait résumer l’attitude de l’Etat vietnamien à la répression et la censure envers les Viet kiêu, en témoigne le retour annuel de 300 000 vietnamiens de l’étranger au pays pour travailler. Dans le cadre du Doi Moi, la réintégration progressive des Viet kiêu est menée, par la réattribution de droits équivalents aux « nationaux », parallèlement au renforcement des liens diplomatiques et médiatiques avec les pays à forte diaspora (ouverture de trois nouveaux consulats en 1997 aux Etats Unis d’Amérique). Au delà du succès financier réel de cette nouvelle approche (12 millards de dollars transférés en 2014), l’accent est aujourd’hui mis sur les transferts intellectuels et la venue de grands scientifiques, qui restent encore, à quelques exceptions (Vo Van Toi en génie biomédical), peu présents. Le regain récent des tensions avec la Chine tend à renforcer l’unité que cherche à constituer l’Etat. De nombreuses initiatives ont été menées de la part des Viet kiêu en faveur des Spratleys et des Paracels.

En conclusion, l’auteur indique toutes la complexité des nouvelles configurations et relations qui se tissent entre la diaspora et le pays, bien moins marquées par le passé, et posant des paradoxes difficiles à gérer pour l’Etat (gestion des revendications contre la Chine et ménagement du premier partenaire économique) comme pour les plus anciennes générations de Viet kiêu (vote démocrate dans les plus jeunes générations de la diaspora étasunienne).

Géopolitique des religions au Viêt Nam. Les voies multipolaires d’une société civile confessionnelle, Jérémy Jammes et Paul Sorrentino

Jérémy Jammes et Paul Sorrentino livrent une étude des pratiques religieuses vietnamiennes en s’intéressant avant tout aux modes d’expression de pratiques sur lesquelles les clés de lecture classiques sont inefficaces à rendre compte des enjeux. Les auteurs débutent ainsi leur réflexion en revenant sur le concept même de religion dans sa signification occidentale et en rappelant, dans le cadre du Doi Moi d’un athéisme d’Etat à une certaine reconnaissance d’utilité sociale de mouvements contrôlés et devant recevoir de l’administration une reconnaissance officielle.

La reconnaissance officielle instituée de certains mouvements religieux par l’Etat vietnamien interroge les auteurs sur la question de « religion nationale » : au sein de ces autorisations, pouvons-nous faire ressortir un ferment d’unité, sorte de religion nationale, vecteur d’une orthodoxie reconnue et promue ? L’hypothèse du bouddhisme mahayana est écartée par les auteurs, du fait même des divisions et oppositions entre de nombreux mouvements, officiels (Eglise bouddhique du Viet Nam) et dissidents (action du moine Thich Nhât Han). De même pour le caodaïsme, religion autochtone et souhaitant revêtir un statut national, mais entrant régulièrement en conflit avec Hanoi.

Revendiqué le statut d’héritage culturel, et par dérivé, celui de pratique spirituelle nationale, constitue une autre approche de la question de l’existence ou non d’une « religion nationale ». L’évolution singulière des pratiques médiumniques lên dông, revendiquant le statut de patrimoine culturel à l’UNESCO, puis réemployées dans un but d’édification patriotique au cours de la recherche des dépouilles des héros de la guerre d’indépendance (liêt si), et aujourd’hui peu à peu reconnues et sécularisées dans le cadre du culte de la personnalité d’Ho Chi Minh, témoigne de la perméabilité entre spiritualité et politique.

Le dernier point abordé par les auteurs est celui du christianisme, allogène, et connaissant avec le pays des relations plus ambivalentes. Si l’Etat vietnamien et le Vatican ont entretenu longtemps des relations difficiles, sur la question notamment de la nomination et du contrôle de la hiérarchie nationales, de nets efforts de normalisation sont entrepris ces dernières années. Le constat pour le protestantisme est similaire, la situation des congrégations ayant grandement changé depuis les accords avec les USA de 1994, en témoigne la progression du nombre de fidèles (de 15 000 à 800 000 en l’espace de 40 ans).

Les auteurs concluent sur la reconnaissance d’une démarche citoyenne de tous les mouvements étudiés, à savoir défendre l’unité nationale. Pour autant les contestations de l’Etat sont multiples, ce qui les amènent à considérer le paysage religieux vietnamien comme répondant au modèle de la « multipolaires des forces » où négociations et compromis amènent les relations avec le pouvoir à évoluer, et une société plurielle dans ses conceptions sociales et ses stratégies à émerger

La cybersécurité au Viêt Nam : formulation et mise en oeuvre d’une nouvelle stratégie, Candice Trân Dai

L’auteure se penche dans son article sur la question informatique au Vietnam et les multiples enjeux soulevés. En effet, si le pays entame depuis les années 2000 de grands plans pour moderniser et développer l’emploi des TIC dans le pays, l’apparition progressive, en parallèle, d’une société d’information, pose pour l’Etat l’enjeu du contrôle et de la sécurité de cet espace face aux cyberattaques et cybercrime en constante augmentation.

Le premier point abordé dans l’article concerne ainsi la question des cybermenaces que rencontre le pays, dans le contexte d’une grande vulnérabilité de la zone Asie-Pacifique. Le développement de l’économies numérique s’accompagne d’une forte hausse des attaques pour l’ensemble du sous-continent asiatique (+ 48% dans la région en 2014), ce qui se traduit au sein du Viêt Nam par une fragilité face à la cybercriminalité comme le phising, le cyberespionnage à l’aide de logiciels malveillants et de botnet, ou le hacktivisme mené bien souvent pour des considérations sociales ou politiques, notamment autour du contentieux maritime avec la Chine. Les nombreuses attaques menées contre les sites gouvernementaux et d’entreprises vietnamiennes illustrent, à diverses échelles, la faiblesse des mesures de cybersécurité mises en place dans le pays. Les faiblesses sont de trois natures : le pays manque d’hommes formés et qualifiés, d’infrastructures, et d’une société sensibilisée à ces questions.

En réponse le pouvoir tente de développer une nouvelle politique de cybersécurité, dotée de moyens conséquents (42 millions de $), et décomposée en trois points :

1) Développement de structures et d’entités de coordination des efforts, de surveillance et de contrôle (Autorité de la Sécurité de l’Information).
2) Formation de spécialistes en cybersécurité d’ici 2020 (300 enseignants-chercheurs, 2000 diplômés de licence, formation continue des fonctionnaires) et ouverture de filières spécialisées dans les universités du pays.
3) Amélioration du cadre juridique de protection informatique et de sanctions de la criminalité, notamment via la loi sur la Sécurité de l’information, traitant autant de la cybersécurité que de la gestion de l’information (concepts indissociables).

Pour autant, l’auteur rappelle que la question du cyberespace ne saurait être pensée à la seule échelle nationale, d’où la stratégie engagée par le Viêt Nam autour de coopération internationale dans ce domaine. Les moyens limités dont dispose le pays le conduisent à concevoir des accords bilatéraux renforcés avec les pays plus développés, afin de bénéficier de leurs technologies, tant à l’échelle asiatique (Inde, Japon, Corée du Sud) que mondiale (Etats-Unis d’Amérique).`

Le constat dressé fait ainsi ressortir une prise de conscience tardive des enjeux, et donc la nécessité pour le pays, de développer de nombreux partenariats via des accords bilatéraux, à défaut d’une gestion plus multilatérale (les alliances régionales sur la question, notamment l’APCERT, restent encore très limitées).

Géopolitique des ressources naturelles et énergétiques au Viêt Nam : un ancrage économiquement viable ? Eric Mottet et Frédéric Lasserre

Au cours de leur article, les deux auteurs prennent soin de reposer le défi énergétique auquel fait face le Viêt Nam : comment répondre aux demandes de plus en plus importantes, nécessitant à l’heure actuelle de doubler les capacités de production énergétique tous les cinq ans ?

Les auteurs s’intéressent dans le premier temps de leur réflexion aux diverses ressources énergétiques dont dispose le pays pour faire aux besoins, et les stratégies développées autour de celles-ci. Si les réserves en hydrocarbures restent limitées, le Viêt Nam dispose de nombreux minerais, notamment d’immenses quantités de charbon, employées à la production électrique principalement et l’exportation. Néanmoins le pays devra importer le minerai dès 2015 pour faire face aux besoins, ce qui pose la question du développement du potentiel hydroélectrique. Evalué à 110 TWh, le potentiel hydroélectrique vietnamien est actuellement exploité à 50%, d’où les nombreux projets de centrales sur les cours d’eau non aménagés (211 actuellement en construction). Pour faire face aux périodes de sécheresse des accords bilatéraux sont signés avec ses voisins proches (Chine, Cambodge, Laos) pour importer de l’électricité. Les demandes croissantes limitent à terme la part tenue par l’hydraulique dans la production électrique. Les problématiques énergétiques ont amené le pays à entamer un programme nucléaire civil depuis 2006 visant à terme la construction de 14 réacteurs et une participation du nucléaire dans la production électrique nationale à hauteur de 20%. Toute la démarche vietnamienne s’inscrit dans une politique énergétique et diplomatique plus vaste, visant à développer de nombreux partenariats avec les instances internationales (le pays a obtenu le soutien de l’AIEA) et les puissances nucléaires majeures (accord nucléaire signé avec les Etats-Unis d’Amérique en 2013, discussions engagées avec la France). Depuis catastrophe de Fukushima le programme semble être mis en suspens.

Les auteurs reviennent dans un second temps sur les interrogations grandissantes de la société vietnamienne sur les questions énergétiques, que cela soit sur la durabilité ou l’aménagement, d’où découlent des conflits d’utilisation et des critiques environnementales rencontrés dans l’exploitation de toutes les principales ressources énergétiques du pays. A l’image du conflit dans la baie d’Ha Long entre le secteur touristique et les projets d’exploitation charbonnière, ou encore les oppositions villageoises et paysannes au projet d’exploitation du bauxite dans le centre du pays par la société Vinacomin, les grands projets soulèvent auprès des populations les questions de gestion collective des ressources, des transformations socioterritoriales induites ou encore des dégradations environnementales. Celles-ci se posent d’autant plus pour ces populations, attachées au caractère national des ressources énergétiques, que le gouvernement, soucieux d’exploiter de manière optimale les ressources à sa disposition, fait appel massivement aux investissements étrangers et aux technologies plus avancées, ce qui n’est pas sans risquer de créer une dépendance à terme.

Car l’exploitation énergétique du gouvernement n’est pas exempte de considérations géopolitiques. La première d’entre-elles est celle de l’indépendance énergétique et du statut de pays émergent qui lui est associé. D’autre part l’exploitation énergétique offre les moyens d’aménager et de contrôler davantage le territoire national. Mais aussi la question énergétique est utilisée à des fins diplomatiques, via les accords signés avec les voisins. Le souci accordé à la multiplication des accords s’explique par la volonté du Viêt Nam de contrebalancer l’influence chinoise, non sans chercher depuis peu à coopérer avec son voisin, notamment dans l’exploitation commune des ressources en mer de Chine méridionale.

Les ressources diminuant, Hanoï développe de nouvelles approches, centrées sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Ceci ne peut se faire sans la participation d’acteurs étrangers, cristallisant les tensions et les nombreux enjeux évoqués au cours de l’article.

Viêt Nam : les nouveaux territoires d’une modernisation inégalitaire, Christophe Gironde et Olivier Tessier

Dans leur article, Christophe Gironde et Olivier Tessier s’interrogent sur les transformations territoriales induites par les bouleversements du Doi Moi, et les dynamiques de population qui en découlent : si des espaces témoignent de la modernisation accélérée du pays, ils mettent aussi en lumière les inégalités qui se creusent. La politique du Doi Moi,en libéralisant la propriété et en faisant sauter les mesures de contrôle de circulation, offre la possibilité à une grande partie de la population rurale d’entamer de vastes mouvements migratoires, uniformisant la population dans ses mentalités, ses comportements, et lui permettant de s’enrichir. Mais elle permet aussi aux investisseurs étrangers de s’installer et donc de transformer le territoire.

La plus grande de ces transformations reste la transition urbaine et la densification du tissu urbain, notamment Hanoi et Ho Chi Minh Ville. Peu à peu les deux grandes cités se restructurent en centre-ville et s’étendent en périphérie, suivant de plus en plus le modèle de la ville diffuse. Le constat est le même, à une autre échelle, dans les villes secondaires (Cân Tho). Ainsi l’emprise urbaine dessine peu à peu des corridors urbains et industriels, attirant emplois et habitants (corridor Hanoï-Haiphong), se déconcentrant dans les espaces moins saturés au fur et à mesure de leur développement, et renforçant de la sorte l’interconnexion des villes. L’impact des populations locales n’est pas nul, celles-ci diversifiant leurs cultures agricoles, puis leurs activités : des zones artisanales se développent aux abords des villages et aux bords des routes, devenant multifonctionnelles. Conjointement les terres agricoles se resserrent.

La modernisation des territoires offrent l’occasion au pouvoir d’investir dans des territoires aux marges et jusqu’ici ignorés (hautes terres, zones montagneuses). Agricoles (augmentation nette des surfaces cultivées consacrées à des productions industrielles comme l’hévéa ou le poivre), les projets d’aménagement se tournent vers l’exploitation hydroélectrique et l’utilisation des ressources maritimes. Néanmoins les auteurs rappellent que cette approche fait fis des populations locales qui rencontrent au contraire de plus en plus de difficulté d’accès aux ressources disponibles, avec de nettes distinctions entre les ethnies, les chefs-lieux et les villages éloignés où les cultures n’ont pas évolué et où les populations peinent à accéder aux marchés nationaux et internationaux, à l’image du village de Sa Pa.

Globalement les inégalités se creusent au Viêt Nam. Longtemps liées aux questions du permis de résidence qui subordonnait l’accès aux services publics à la reconnaissance de la présence d’un individu à un endroit, les inégalités sociales sont aujourd’hui davantage conditionnées par des questions d’accès au logement (forte pression des prix en zone urbaine, entrainant l’apparition de larges ghettos et de quasi gated communities comme Royal City à Hanoï), mais aussi par les inégalités d’accès à l’éducation supérieure, basé sur la concurrence des moyens (l’élite est formée en Occident) et au système de santé. Ces évolutions frappent aussi les campagnes, les vastes migrations vers les zones urbaines remettant en question les réseaux de sociabilité traditionnels bien que les évolutions technologiques rendent possibles le maintien de liens sociaux à distance, et facilitent l’uniformisation culturelle des populations. Ainsi les évolutions récentes permettent aux distinctions économiques ville/campagne de s’estomper, si ce n’est dans les marches où la domination de l’ethnie viet s’impose sur les populations autochtones. Face aux problématiques nouvelles, le pouvoir vietnamien use de la solidarité budgétaire entre provinces.

Ainsi en optant pour un développement libéral, le Viêt Nam a connu une phase de développement économique, se traduisant par une interdépendance grandissante, et un renforcement des inégalités. A ces enjeux s’ajoute pour les auteurs la question de la durabilité environnemental du modèle en place..

Gestion foncière métropolitaine et confrontations entre société villageoise et Etat/province (delta du fleuve Rouge), Sylvie Fanchette

L’auteure aborde dans son article les problématiques foncières actuelles au Viêt Nam, notamment illustrées par les récentes révoltes paysannes, reflets des inégalités croissantes à mesure qu’avance la libéralisation du pays. Ceci n’est pas sans poser de véritables défis au pouvoir communiste devant concilier propriété collective populaire de la terre et privatisation croissante. En se centrant sur la zone métropolitaine d’Hanoï, Sylvie Fanchette se penche sur l’évolution des relations Etat/population dans le cadre des transformations foncières actuelles.

Ces conflits nouveau prennent source dans les transformations entamées au cours des années 2000 par les autorités, recherchant à intégrer les grandes métropoles du pays au réseau urbain mondial, et pratiquant de vastes expropriations pour y développer des infrastructures modernes, repoussant les catégories populaires de plus en plus en périphérie, et provoquant des conflits sur l’usage. Les tensions sont d’autant plus grandes que les mécanismes de compensation divergent selon la nature du projet (conversions imposées par l’Etat ou projets privés), et provoquent de fortes disparités entre les provinces et les populations. Les dysfonctionnements sont imputables en partie aux contradictions grandissantes entre la libéralisation économique et le maintien du centralisme démocratique, et d’une logique décisionnelle top-down rendant illisible pour les investisseurs les stratégies à adopter. Depuis 2003 la gestion foncière est confiée aux provinces, qui délèguent aux communes, développant par la même les conflictualités locales (dilemme de la loyauté envers les autorités et les lignages familiaux et amicaux pour les représentants politiques locaux). Ces pratiques favorisent ainsi le développement du recours à la corruption (notamment de la part des fonctionnaires) et au jeu des réseaux d’influence pour les populations.

Ceci pose la question des stratégies villageoises adoptées, et de la grande variabilité de celles-ci en fonction des situations. Le schéma d’opposition villageois/Etat ne correspond pas à la réalité, les situations variant notamment en fonction de l’enrichissement des communautés : les villages riches, intégrés depuis longtemps aux évolutions du Doi Moi, font jouer les relations pour éviter l’expropriation (village de Dông Ky et sa menuiserie d’art), là où les villages reculés et agricoles ne possèdent pas les moyens de s’opposer aux décisions. Des situations très variables découlent des initiatives plus ou moins légales de construction sur les terres agricoles : face aux rejets des demandes de la part des instances au pouvoir, les collectivités villageoises n’hésitent pas à construire illégalement sur des terres moyennant pots de vin, s’estimant pas suffisamment prises en compte par le pouvoir central (cas du village de Son Dong). A ceci s’ajoute le développement d’un marché foncier parallèle sur les terres prochainement constructibles en périphérie des villes. Celui-ci réunit des acheteurs rachetant à prix d’or des parcelles à proximité des futurs grands projets annoncés par les pouvoirs, sans même en connaitre la future localisation, et des villageois expropriés souhaitant bénéficier au mieux des possibilités de négociation des compensions offertes par la réforme de la loi foncière en 2014.

La multiplication des révoltes, des expropriations, mais aussi les diverses stratégies villageoises adoptées selon la situation illustrent ainsi pour l’auteure les dysfonctionnements dans la gestion foncière, et pose en filigrane la question de son actualisation pour faire face aux nouveaux enjeux.