LES QUATRE VÉRITÉS DU COVID-19
1ère vérité : l’apparition et l’intensité d’une épidémie dépendent de la vulnérabilité des sociétés.
2ème vérité : puisque la transmission s’effectue d’homme à homme, la diffusion de l’épidémie est corrélée avec les mobilités humaines et les fortes densités de population. Les grandes métropoles mondiales particulièrement ouvertes à la mobilité internationale, notamment via leur réseau aérien, ont subi une forte diffusion du virus ; à l’exemple de Paris, Londres puis New York. La liaison aérienne la plus fréquentée de Singapour était justement celle avec Wuhan…Mais ce sont aussi des villes densément peuplées où les mobilités internes ont nécessairement plus de risques de favoriser la transmission des virus.
3ème vérité : circonscrire une épidémie suppose inévitablement d’installer des barrières limitant la mobilité des personnes.
4ème vérité : contrairement à ce que nombre d’informations ont laissé entendre, le Covid-19 n’est pas une pathologie qui se centre sur une classe d’âge. Le taux de létalité des personnes âgées au Covid-19, n’est pas supérieur à leur taux de létalité pour les autres maladies. Ainsi, en France, 82% des décès, toutes causes confondues, surviennent chez les personnes ayant 70 ans ou plus. La proportion concernant le Covid-19 est la même. Ces résultats semblables tiennent tout simplement à une tautologie, au fait que l’avancée en âge signifie, pour toutes causes de mortalité due à une maladie, un risque accru.
DOSSIER par Gérard-François DUMONT
LES ÉPIDÉMIES : DE MULTIPLES EFFETS SUR LES POPULATIONS ET LES TERRITOIRES
La première conséquence démographique d’une épidémie, la plus visible, porte sur la mortalité. En Europe, la peste noire commencée en 1347 fit de l’ordre de 20 millions de morts, soit un quart de la population. Pour la seule Angleterre, la population serait tombée de 3,7 millions d’habitants en 1350 à environ 2 millions en 1377. Face aux épidémies, l’une des interrogations récurrentes concerne les populations les plus vulnérables. Pourtant, les travaux de démographie historique montrent que les grandes pestes n’ont pas eu d’effets différentiels selon les âges et qu’elles ont engendré une surmortalité équivalente dans toutes les générations. Seule l’épidémie du SIDA a des effets d’âge incontestables. Toute épidémie a des effets différés ou/et indirects. Par exemple, elle exerce des effets économiques d’autant plus intenses qu’elle affecte un nombre élevé de personnes et est mortifère sur des territoires élargis. Une part significative de la population active infectée engendre un risque de baisse de la production, donc un affaiblissement économique susceptible d’appauvrir la population et d’altérer sa capacité à se défendre face aux différents risques de morbidité. En outre, les épidémies peuvent se traduire par des violences ou des massacres lorsque des populations cherchent des coupables. Il est ainsi arrivé par exemple, lors de la grande peste du XIVème siècle que, dans certaines villes, les juifs soient accusés d’en être responsables pour avoir empoisonné des fontaines.
Un autre conséquence des épidémies est de modifier le peuplement des territoires sous l’effet de flux migratoires qui éloignent de certains territoires et, à l’inverse, en rend d’autres attractifs. Cela peut aller jusqu’à dépeupler totalement des villes oui des territoires au point de parler de « désertion ». Lors de la peste de Londres de 1665 qui cause probablement environ 100 000 décès en un an, des notables, de hauts responsables ainsi que la famille royale quittèrent Londres pour aller résider das leurs propriétés de province. Rien de nouveau en quelque sorte en mars 2020. Le problème est que ces migrations consistant à fuir devant une épidémie peuvent aussi la faire circuler. En 1720, face à la peste, des Marseillais, artisans, fonctionnaires, bourgeois, se bousculent aux portes de la ville pour s’enfuir vers Saint-Raphaël, à 98 km. Mais certains transportent la maladie avec eux, en commençant par les localités d’étape puis par les localités intermédiaires.
Outre la mortalité et les migrations, les épidémies affectent la nuptialité. La saisonnalité et les statistiques des mariages vont donc selon toute vraisemblance se trouver totalement bousculées par le Covid-19. La diminution ou le report des mariages engendre inévitablement une diminution des naissances. Mais des épidémies ont également des effets sur la fécondité des couples déjà mariés. Une épidémie peut infléchir les indices de fécondité lorsqu’elle est d’une ampleur telle qu’elle est nettement ressentie. On constate en effet, pour la grippe « espagnole » de 1918-1919, que le mois qui compte le plus de décès est celui où les conceptions sont les moins nombreuses. La diminution des conceptions semble aller de pair avec l’augmentation du nombre de décès.
Dans les pandémies actuelles, la gravité des conséquences sanitaires est contenue dans une forte proportion. Toutefois, l’amplitude géographique de la pandémie du Covid-19 s’est accompagnée de confinements inédits puisque touchant plus de la moitié de l’humanité. Cela devrait limiter l’ampleur de la mortalité en comparaison avec les grandes épidémies des siècles précédents, mais des conséquences sur les dynamiques de nuptialité, de natalité et de migrations pourraient être observées au cours des prochains mois.
DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)
LA GÉOGRAPHIE ET LA MORTALITÉ DES PRINCIPALES ÉPIDÉMIES CONNUES AU FIL DES SIÈCLES
EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Eric GACHET
LES FRONTIÈRES, ESPACES-COUPURE, ESPACES-COUTURE – LES EFFETS DE LA DISCONTINUITÉ AU HAUT-KARABAGH ET SUR LA TORTILLA BORDER
La frontière a une forte implication géographique, et la géographie s’intéresse aux discontinuités, aux ruptures dans l’espace. Les évolutions géopolitiques et économiques entraînent une transformation des frontières. A l’échelle locale, les frontières peuvent constituer des carrefours majeurs d’échanges ; d’autres prennent la forme de « murs » visant à protéger de l’immigration illégale, du terrorisme ou de trafics. En classe de 4ème (dans la cadre du thème 2 intitulé « Les mobilités humaines transnationales »), la frontière peut être étudiée selon une approche comparative et multiscalaire, en plaçant les individus et leurs pratiques au cœur de la démarche.
Les deux régions du Haut-Karabagh (entre Azerbaïdjan et Arménie) puis de la Tortilla Border (entre les États-Unis et le Mexique) sont d’abord présentées. Ensuite, un ensemble varié de 9 documents (photos, cartes, textes) est proposé. Enfin, les élèves doivent, dans un premier temps, distinguer les différents types de frontières (naturelles/politique/sociales) et les échelles d’analyse (mondiale/nationale/locale) et, dans un second temps, identifier les acteurs impliqués dans les différents usages des espaces frontaliers. Cet exercice est facilement adaptable par les professeurs de collège et de lycée (en Seconde notamment).
LE POINT SUR…par Frédéric BOUHON
MILLE-FEUILLE INSTITUTIONNEL ET INTERCOMMUNALITÉ : MOEULLEUX OU INDIGESTE ?
En France, on se croit souvent le seul pays à avoir un « mille-feuille » institutionnel. Pourtant…
Comme l’affirme l’article 1er de la Constitution, la « Belgique est un Etat fédéral qui se compose des communautés et des régions » : 3 communautés et 3 régions qui disposent d’une autonomie considérable. Le système implique l’existence d’une double couche d’entités fédérées. Chaque parcelle du territoire belge est soumise à l’action d’au moins 3 législateurs et 3 exécutifs (fédéraux, régionaux et communautaires). Avant le développement du système fédéral (en 1970), l’État était déjà caractérisé par une décentralisation territoriale, au profit de provinces et de communes qui demeurent aujourd’hui des instituons importantes. Les 10 provinces et 581 communes sont des entités à la fois subordonnées, pour la réalisation de certaines charges, et autonomes.
Au sein du « mille-feuille » institutionnel, il faut ajouter la faculté des communes de coopérer entre elles, sous la forme désignée « l’intercommunale », qui possède une forte élasticité spatiale. Au cours des dernières années, la Belgique a été marquée par des scandales politiques autour de leur gestion. Selon l’auteur, elle peut être pourtant « un moyen de gérer adéquatement des intérêts publics, en s »adaptant aux particularités territoriales et démographiques, tout en respectant l’autonomie communale ».
LES TERRITOIRES DE JAMES BOND
Quand on veut faire une géographie des territoires fréquentés par James BOND, on remarque certaines préférences. Si sa première aventure cinématographique se déroule en Jamaïque, Londres reste bien sûr la ville la plus plébiscitée. Même si la France et Paris sont périodiquement présentes, les États-Unis, l’Italie, la Turquie, Hong Kong ou le Japon sont les principales destinations de l’espion réputé au service secret de sa Majesté. Par contre, on remarque la quasi-absence de l’Afrique dans ses voyages.
Ces voyages sur grand écran ne correspondent pas toujours aux goûts de son auteur, Ian FLEMMING, qui n’était par exemple pas très positif sur les villes américaines qu’il a visitées. Il n’aime pas « la pomme » (New York), trouve que « Los Angeles est devenue le rendez-vous de la lie », dénonce les violences à Chicago ou les gangsters de Las Vegas.