Un petit livre étonnant entre récit de vie et analyse de la filière cacao.
Samy MangaNé en 1980 dans la forêt équatoriale camerounaise, à l’âge de 4 ans Samy Manga est initié au rituel “Mongo Bibab Bilé ” Enfant Écorce ‘‘. Il révèle son engouement pour la création littéraire dès l’âge de 14 ans en produisant son tout premier recueil de poèmes intitulé, Terre de chez moi alors qu’il est à l’école primaire de son village, raconte son enfance dans un village du centre du Cameroun entre les travaux des champs et croyances traditionnelles. raconte l’enfance d’Abéna dans un village du centre du Cameroun.
Cette expérience montre les conditions économiques, sociales, environnementales (utilisation massive de pesticides sans protection) de la culture de la cabosse. On y voit la dureté du travail notamment des enfants, les maladies liées aux conditions d’emplois des pesticides, mais attribuées à la sorcellerie des aînés solitaires, le poids des chefs de village et la corruption, le mépris des Blancs pour les paysans pauvres.
On découvre aussi les conditions inégales et injustes du marché de la fève, les rêves de promotion sociale envolés dans l’accumulation des dettes et les vapeurs d’alcool.
Alors qu’Abéna rêve de devenir guérisseur, son grand-père l’envoie à la ville, au collège, espérant en faire un fonctionnaire, qui assurera ses vieux jours. Entre la rue, les petits boulots pour payer ses études et le goût de la lecture, le récit de la jeunesse de l’auteur, à Yaoundé, est l’occasion de décrire la société camerounaise inégalitaire, les migrations, le désenchantement des étudiants de retour d’Europe qui ne trouvent pas leur place.
L’anecdote de la découverte, fortuite, du goût d’une tablette de chocolat blanc dit bien l’écart entre les producteurs de cacao et le marché international. Cette anecdote introduit l’histoire de cette denrée, une boisson exotique rapportée d’Amérique centrale pour une élite, la démocratisation de sa consommation en Europe, la diffusion de sa culture en Afrique : un produit mondialisé.
L’auteur dénonce les mécanismes du commerce mondial, le système d’endettement pour les outils et les produits phytosanitaires en début de saison qui interdit au producteur à la fois initiatives et défense de ses intérêts ; un modèle comparable à d’autres situations : Révolution verte en Inde, mais aussi élevage en batterie en Bretagne.
L’auteur rappelle les engagements des grandes firmes (Nestlé, Barry…) de ne pas employer des enfants, engagements non tenus. Il décrit le green/social washingPar exemple le Plan Cacao de Nestlé, quand les profits des multinationales pourraient permettre la restauration des forêts et de la dignité des planteurs. Il dénonce la déforestation, la débauche conjuguée de la mode et du chocolat, la géopolitique des firmes alimentaires.
Le texte, à la fois poétique et bien documenté, propose un voyage au pays du chocolatSur ce thème, pour une exploitation en classe, on pourra s’appuyer sur le dossier de la campagne Alimenterre : La face cachée du chocolat, la vidéo (35’) Cacao, enfants pris au piège, les dernières évolutions des cours du cacao : Au Ghana et en Côte d’Ivoire, les cacaoculteurs dans la tourmente et pour une note d’espoir, un documentaire sur la coopération entre l’établissement d’enseignement agricole « Nantes Terre Atlantique » et le Collège Régional d’Agriculture (CRA) d’Ebolowa au Cameroun : Keka Wongan : notre cacao made-in Ebolowa-Cameroun, envoûtant, mais aussi amer pour les planteurs.