Aux côtés de « l’argent », « les frontières » constituent le deuxième thème au programme des questions contemporaines du concours commun 2011 d’entrée à Sciences Po.

La livraison d’Ellipses compile les dissertations de 13 auteurs d’une moyenne de 6 pages et débute par deux plus longues analyses sur l’essence même de la frontière en tant que coupure ou couture ainsi que son lien à l’identité nationale.

Le retour des frontières est l’occasion de citer de multiples références cinématographiques, littéraires actuelles et de saisir l’augmentation du nombre de frontières dans le monde lequel s’accompagne d’un renforcement de leur fonction de contrôle. Foucher évoque l’obsession des frontières où il voit une consolidation territoriale, une réponse à l’ouverture économique qu’il traduit par la « théorie du chaînage ». Debray pense que le sans-frontiérisme sert l’économisme et l’impérialisme. D’un autre côté, la frontière crée l’identification car elle produit du territoire national. Demeurent des cas de nations sans Etats (Kurdes), de multiappartenances mais également des situations d’effritement du sentiment national.

La quinzaine de textes formant le cœur de l’ouvrage répond à des attentes thématiques mais qu’il aurait été bon de classer: des questions plutôt épistémologiques (« Penser le territoires par ses limites ? » « La symbolique de la frontière ? » « L’universalisme et le refus des frontières ? »), les grandes tendances de demain (« Les barrières », « les murs »), les frontières floues (« les banlieues »)…Un regroupement régional aurait pu également apparaître en tant que tel…de plus, certains thèmes recouvrent des développements très proches: « Quelles frontières pour l’Europe ? » / « Les frontières et l’Union Européenne » ou « L’organisation de l’espace mondial » / « Les frontières et la mondialisation ».

Le livre s’achève sur 8 fiches de lecture variées (histoire, littérature, sociologie, écologie urbaine…) , intéressantes en soi mais dont la sélection n’est pas justifiée.

De bonnes synthèses donc, claires et argumentées, mais qu’une direction de l’ouvrage aurait permis de mieux lier notamment par une introduction et une conclusion.