Dans cet album très coloré et très printanier, le lecteur est guidé par le regard rêveur de Timothée, un jeune garçon qui se rend au parc tous les dimanches.

Là, ce qu’il préfère, « c’est s’asseoir sur l’un des bancs du parc pour observer les gens qui sont là. Il imagine leur vie et leurs journées, il s’amuse à deviner leurs métiers et c’est toujours incroyable ! »

Un tourbillon de personnages tous différents passe devant les yeux de Timothée : Mamie Pétale qui adore parler aux fleurs, Monsieur Rêve qui aime s’allonger de longs moments dans l’herbe, Monsieur Moineau qui vient toujours au parc avec des miettes de pain dans les poches… Et puis, il y a le Magicien, celui qui, debout sur son banc, donne des représentations pour les enfants ; ou encore les Amoureux, ce couple un peu étrange qui aime danser pieds-nus dans l’herbe…

            Si l’ouvrage est une invitation à la poésie du regard, il fait du parc un raccourci de la ville, un espace cosmopolite où le temps semble s’arrêter et où les différences deviennent des qualités qui embellissent le monde.

Les gens du parc participent de la vie. L’ouvrage fait écho avec ce que propose Philippe Meirieu[1]  aux éducateurs d’aujourd’hui et qui pourrait se réduire aux 3D : dé-sidérer, désengluer, différer. Timothée est un enfant qui ne reste pas dans la sidération devant ce qu’il voit. Son cerveau est en action : il rêve, il imagine. Il n’est pas engluer dans une seule manière de penser, il divague. Il n’est pas obséder par le temps présent et le futur proche. Il prend son temps, il prend du temps… et diffère tout ce qu’il aurait sans doute à faire.

            Emma Robert est une jeune auteure jeunesse née en 1979. Elle  a publié plusieurs ouvrages depuis une quinzaine d’années dans lesquels la nature est régulièrement mise en avant. Avec La Jeanette, elle a déjà collaboré pour un album paru chez A2MIMO en 2021, Tu es toujours avec moi, un ouvrage déjà sur la contemplation de la nature et du souvenir des doux moments que l’on a partagé avec un proche.

La Jeanette (alias Marion Coudert De Masi) est diplômée de la Haute École des Arts du Rhin en 2015. Illustratrice freelance, elle vit au milieu des montagnes auvergnates. En 2019, elle s’était fait connaître en montant une exposition originale à l’Inattendue Galerie, rue des Tournelles à Paris. Son art était mis au service d’un thème le supermarché (endroit qu’elle connaissait bien pour y travailler alors).

Elle disait à propos de cette exposition : « Lieu populaire et quotidien, le supermarché est devenu une véritable source d’inspiration pour ma Super-expo ! Il réunit toutes les classes sociales, jeunes, moins jeunes, riches, moins riches, grands, moins grands… On y croise alors une multitude de personnages, reflets d’une microsociété éclectique où naissent toutes sortes de situations plus ou moins cocasses ».

Le supermarché, comme le parc de Timothée, s’impose comme une « véritable scène d’un théâtre de notre présent ».

[1] Philippe Meirieu, « Le Pari de l’éducabilité », Conférence donnée à Roubaix le 5 novembre 2008.