Le livre de Sylvie Joye «l’Europe Barbare de 476 à 714» retrace de manière synthétique le début du Moyen-Age entre la chute de l’Empire romain d’Occident et la montée au pouvoir des Carolingiens. Il ne s’agit pas seulement d’un effondrement de la civilisation romaine mais aussi de « constructions innovantes et audacieuses » des barbares pour faire apparaître un nouveau monde en Europe.

Dans l’introduction, l’auteur analyse la chute de l’Empire romain de 395 à 475 et définit ce qu’est un barbare. Avec la scission Occident/Orient en 395 et la première invasion barbare de 407, les évènements s’accélèrent à la première chute de Rome en 410 et surtout avec l’arrivée des Vandales et des Huns. De 455 à 475, Rome sombre dans les assassinats et les Empereurs fantoches comme Olybrius en 472. Enfin, en 476, le dernier empereur Romulus Augustule est chassé du pouvoir.

Dans une première partie, on assiste au « Printemps des Royaumes Barbares » avec l’essor foudroyant de 3 peuples : les Ostrogoths, les Wisigoths et les Burgondes. Se rajoute une analyse pertinente des différent christianismes de cette époque : nicéens, ariens et homéens. Ces divisions auront des conséquences politiques et les francs joueront de leur choix nicéen orthodoxe pour obtenir l’appui du pape contre les hérétiques ariens et homéens.

Dans une deuxième partie, l’auteur nous propose deux périodes centrales pour l’Histoire des Francs : d’abord la montée en puissance après le règne de l’homme clé Clovis de 481 à 511. Cette période dure de 511 à 613, avec de nombreuses conquêtes des Francs. Puis la période de décadence des Mérovingiens de 613 à 714 avec la division de plus en plus grave entre les Royaumes de Neustrie et d’Austrasie et les figures célèbres des deux femmes rivales : Brunehaut et Frédégonde qui ont été les «boucs-émissaires » de la cruauté mérovingienne.

Dans une troisième partie plus originale et plus passionnante, on analyse l’histoire de la Grande Bretagne coincée entre Angles, Saxons, Jutes, Pictes et Scots, avant de succomber aux invasions vikings ; et celle de l’Italie envahie par le peuple lombard, mais toujours en relation avec l’Empire Byzantin, qui finira d’ailleurs par signer la paix avec les Lombards.

Enfin dans une conclusion accrocheuse, on voit que cette Europe Barbare a été historiquement et politiquement revisitée par les nationalismes du XIXème siècle, en particulier les Allemands, pour glorifier leurs origines et le passé germanique de leur nation. De plus, la peur des Barbares inquiète aujourd’hui encore les tenants du déclin de l’Occident face aux « Nouveaux Barbares » du controversé choc des civilisations de Samuel Huntington.

En bref, c’est un résumé documenté et pertinent de ce début de Moyen-Age souvent méconnu et oublié totalement des programmes d’histoire…

Marc De Velder