Le projet du livre de Jean-Pierre Escofier, mathématicien, ancien maître de conférences à l’université Rennes 1 à la retraite, est de raconter l’histoire de la forme de la Terre et de sa mesure, centrée sur les travaux scientifiques. Escofier entend réagir à certaines croyances, diffusées et amplifiées par les réseaux sociaux, qui vont « à l’encontre de ce que nous enseignent les démarches scientifiques » (p.1). L’ouvrage est divisé en dix chapitres qui adoptent un découpage chronologique.
La forme sphérique de la Terre, remis en cause par quelques illuminés des réseaux sociaux, est connue depuis l’Antiquité et plus particulièrement chez les Grecs du IVe siècle avant notre ère. Aux XVe et au XVIe siècle, les nombreux voyages à travers le monde permettent une meilleure représentation de la Terre et de ses différentes parties. Se pose alors le problème de la détermination des longitudes, essentielles pour réaliser des cartes précises pour permettre aux navires de se repérer au milieu des océans.
Au XVIIe siècle, les découvertes vont se multiplier. Galilée découvre l’existence des satellites de Jupiter. Des tables de leurs éclipses, calculées par Jean-Dominique Cassini permettent l’élaboration d’une méthode pour calculer les longitudes sur Terre. La méthode de triangulation et des appareils bien conçus pour la mesure des angles permettent à Jean Picard (1620-1682) d’obtenir la première mesure précise d’un degré de méridien et d’en déduire la longueur du tour de la Terre.
Une fois la question de la forme de la Terre posée, César-François Cassini va mener à bien, à la demande de Louis XV, un projet immense : faire une description complète de la France en une série de près de 200 cartes. Ce projet sera achevé dans els années 1830. Dans les années 1760, la mise au point de montres de précision permet enfin de résoudre de façon satisfaisante le problème des longitudes sur mer.
Avec l’époque révolutionnaire, le système archaïque des poids et mesures est abandonné au profit d’un nouveau système. Delambre et Méchain sont chargés d’établir un système universel et adopté par toutes les nations.
Les travaux pour une nouvelle carte de France plus précise, la carte d’état-major, commencent dès la Restauration et dureront jusqu’en 1880. La défaite française de 1870 engage une réorganisation des services cartographiques. En 1914, les débuts de la guerre révèlent les défauts des choix français pour exécuter les cartes d’état-major ; il est nécessaire de les changer dès 1915.
Depuis les années 1950, l’aventure spatiale permet de nombreuses innovations dont la cartographie. Pour de multiples recherches, on utilise un ellipsoïde de référence et on introduit la notion de géoïde pour pouvoir mieux décrire la surface de la Terre.
L’ouvrage de Jean-Pierre Escofier reste très technique et s’appuie sur de nombreux travaux de recherches mathématiques et physiques qui ont accompagné l’aventure de la description, de la représentation et de la mesure de la Terre.


