Moon vous expédie aujourd’hui, au milieu d’ados d’une station balnéaire méditerranéenne endormie l’hiver pour une tranche d’histoire du temps présent ou plutôt un bout d’uchronie du temps présent.
C’est le quotidien de gamins de »province » plus ou moins paumés, scandé, guidé par des smartphones traçant de nouvelles frontières ou de nouvelles connexions, trames sociales inédites. Le propos est parfois sombre, laissant apparaître les solitudes, les joies et les rapports de force qui émergent dans l’adolescence contemporaine. La toile de fond oscille entre famille, bandes de copains et milieu scolaire.
Le dessin est irréprochable, porté des ambiances et des expressions humaines tour à tour douces comme l’enfance puis abruptes comme la force. Le rythme narratif est tout autant captivant. L’histoire évite les clichés pour mieux se reposer sur des émotions et des sentiments bien traduits.
L’invasion numérique
L’ensemble donne à méditer sur l’invasion de l’outil numérique dans des chemins de vie mus par une foi aveugle dans le progrès technologique et la grégarité propre aux communautés asservies. Mais au cœur de cette machinerie réticulée surgit un incident, assez improbable mais tout à fait imaginable à moyen terme, rupture invitant les ados à moins de virtualité. Toutefois, Cyrille Pomès, au dessin et au scénario, ne juge pas cette génération collée aux écrans (de gré ou de force…), mais laisse le lecteur observer le couple intrusion / absence et les incidences dans nos vies d’un outil de plus et des illusions qu’il porte. Moon se lit comme une chronique sociale, bercée par une esthétique fluide et des dialogues très justes, et pourrait très facilement être adaptée à l’écran.
La présentation de l’éditeur :
