Une personnalité majeure au XIXe siècle, un peu oubliée

Mort en 1859, le naturaliste et géographe Alexandre de Humboldt est une figure devenue mythique de l’exploration de l’Amérique latine. Pendant 4 ans, de 1799 à 1804, ce géologue prussien qui écrit en français va parcourir les montagnes, les plaines et les plateaux du Venezuela jusqu’au Pérou, en passant par l’Equateur, pour collecter des informations sur les écosystèmes. Lors de cette extraordinaire expédition de l’Orénoque au Pacifique, Alexandre de Humboldt et son ami botaniste Aimé Bonpland vont étudier la faune, la flore, faire des relevés météorologiques et des mesures astronomiques.

Cette courte biographie éditée par Double Ligne, une maison d’édition suisse spécialisée dans l’univers de la route et du voyage, est signée par le géographe Gilles Fumey. Spécialiste de l’alimentation et de l’environnement, il est l’auteur d’un livre remarqué sur l’usage de la photographie par les voyageurs français au XIXe siècle. Ce livre n’est pas le premier que l’auteur consacre à Humboldt. Dans la collection « des pionniers de l’écologie », éditée par les éditions du Pommier, Gilles Fumey présente une partie de l’oeuvre majeure du duo d’explorateur (« Tableaux de la nature ») à travers deux ouvrages : « Steppes et Déserts » en 2020, puis « De l’Orénoque au Cajamarca » en 2021.

De Diderot à Darwin, Alexandre de Humboldt a été pour le géographe Roger Brunet l’homme-pivot qui unit le siècle des Lumières et celui du romantisme. L’écologie naîtra de cette synthèse du dernier des Encyclopédistes et des fondations multiples de ce génial touche-à-tout. Il se situe en avant de cette science qu’un de ses grands admirateurs, Ernest Haeckel (1834-1919), inventera plus tard avec le terme « écologie », en référence à la racine grecque oikos qui signifie « la maison », le cadre dans lequel évoluent les humains et les animaux. Mais alors qu’on a probablement figé le cadre, isolé les humains du « Tout », Humboldt, au contraire, a une vision très systémique et éclectique qui lui vaudra l’admiration d’un Darwin, d’un Wallace, d’une Vernadsky, et sans doute, d’un Wegener.

Alexandre de Humboldt – L’eau et le feu, Gilles Fumey, Double Ligne, 2023, page 113

Synthétique, particulièrement clair et porté par une écriture fluide, ce livre s’avère être une invitation à redécouvrir le destin d’un explorateur hors-pair, doublé d’une soif de découvertes pour inventorier et comprendre le monde. Sa lecture peut se poursuivre grâce aux nombreuses numérisations d’ouvrages d’Alexandre de Humboldt (régulièrement réédité depuis le XIXe siècle, parfois sans les riches illustrations) du site Gallica.

En 2024, l’une des prochaines sorties au sein de la collection des « Figures de l’itinérance » sera consacrée à Elisée Reclus, sous la plume de Nicolas Bogaerts.

Pour aller plus loin :

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Antoine BARONNET @ Clionautes