Un guide pour préparer la visite
L’ouvrage est structuré en deux grandes parties. Tout d’abord sur une cinquantaine de pages ce que Dominique Pierre appelle « les récits » qui correspond à une présentation des dieux, de leurs amours et des héros. La seconde partie de l’ouvrage est organisée en dix parcours autour de la mythologie gréco-romaine. Il y a également un index très pratique par exemple si on veut comparer deux versions d’une même histoire. Ainsi pour le mythe d’Europe, on dispose d’une version peinte du XV ème siècle et d’une version postérieure de trois siècles avec la patte de François Boucher. Le livre, tout en conseillant de s’en procurer un sur place, reproduit le plan du Louvre pour anticiper ses déplacements.
Assurons d’abord les repères
La première partie fournit les points nécessaires pour mieux appréhender ensuite les tableaux et sculptures proposés à l’explication. Cela permettra à l’adulte désireux de préparer son enfant à la visite de se remettre en quelque sorte à niveau. Ainsi, sur les dieux, c’est en général une dizaine de lignes qui leur sont consacrées pour les présenter. Les noms grecs et latins sont donnés pour plus de facilité. Dans une deuxième sous-partie, Dominique Pierre évoque les amours, ce qui permet là aussi de se remettre les idées en place tant il y a à dire sur le sujet. C’est l’occasion de préciser quelques histoires comme l’explication mythologique des jacinthes. Dans un dernier temps, c’est la présentation des héros et de leurs exploits comme Héraclès. L’auteur évoque également Œdipe, la guerre de Troie ou Ulysse.
Dix parcours pour appréhender la mythologie gréco-romaine
Le nombre de parcours proposé permet de mesurer l’influence de la mythologie gréco-romaine car, de l’Antiquité au XIXème siècle, elle marque profondément l’art. Dominique Pierre choisit aussi de consacrer un parcours aux objets d’art pour proposer une ouverture qui va au-delà de la peinture ou de la sculpture. L‘ouvrage pourrait d’ailleurs glisser parmi les propositions un parcours qui dépasse les catégories préconstruites de l’histoire de l’art s’appuyant sur l’index. Il faut souligner la qualité des reproductions proposées dans le livre. Pour chaque parcours, on trouvera les aspects pratiques nécessaires comme la salle, le numéro éventuel de la vitrine. L’œuvre est expliquée en une dizaine de lignes, puis on en trouve une reproduction.
Les œuvres célèbres inspirées de la mythologie
Au fur et à mesure des parcours, on rencontre forcément des grands classiques comme « la Vénus de Milo », « Artémis chasseresse », « Vénus et les trois Grâces » ou encore le splendide « Psyché ranimé par le baiser de l’Amour » de Canova. A chaque fois l’essentiel est dit. Ainsi, sur le tableau de Botticelli, le commentaire évoque cette rencontre entre l’Antiquité et le XVème siècle, souligne les traces de broderies précieuses peintes à l’or aujourd’hui disparues ainsi que la présence du petit Cupidon qui invite le spectateur à entrer en quelque sorte dans la scène. Dominique Pierre présente aussi par exemple « Orphée et Eurydice » de Nicolas Poussin.
Vases et mythologies
Deux parcours sont consacrés aux vases, l’un général et l’autre entièrement ciblé sur Héraclès. Les commentaires délivrent également du vocabulaire clairement expliqué comme chiton ou chlamyde par exemple. Sans aller trop loin, c’est le nécessaire pour appréhender les particularités d’une époque. Le parcours sur Héraclès est l’occasion d’aborder quelques-uns de ses exploits comme lorsqu’il étouffa les serpents qui le menaçaient ou se débarrassa du lion de Némée.
Peinture et mythologies
Quatre parcours soulignent l’influence de la mythologie gréco-romaine et l’on navigue entre l’Allemagne, la Hollande, la France ou l’Italie. Le tableau de Mathis Gerung offre un bon résumé de cela car sur un fond mythologique, le peintre ajoute des costumes et des armements qui eux datent du XVI ème siècle. Dans le parcours consacré à la peinture française, on retrouve « Eva prima Pandora » de Jean Cousin, peintre auquel le Louvre consacra il y a quelques années une exposition qui le remit dans la lumière.
Des éclairages différents
Au fil des parcours, on pourra découvrir des œuvres parfois moins connues comme « Caron passant les ombres », tableau de 1735 de Pierre Subleyras. Le peintre a choisi de représenter de dos le passeur Caron et « son corps nu, en plein effort, dégage une impression de force et de robustesse ». Le tableau aborde donc un thème rarement traité et il le fait de façon à montrer toute la maitrise du peintre en terme de nu et de drapés.
Dans le dernier parcours, on peut s’arrêter également sur « Jason et le dragon », un bronze doré de la fin du XVIème siècle. On assiste là au moment où Jason va porter le coup fatal. Dominique Pierre commente : « la composition de ce groupe ….est astucieuse ; dans leur lutte, les deux adversaires s’équilibrent mutuellement, et l’ensemble tient simplement par trois points d’appui. L’artiste joue avec les différents effets de matière » pour donner un « aspect reptilien à la peau du dragon ».
Cet ouvrage remplit donc parfaitement son rôle en donnant des clés de lecture sur la mythologie gréco-romaine puis en suggérant des parcours possibles pour la voir au Louvre. A chacun ensuite de s’en emparer, de créer son propre chemin et surtout d’emmener ses enfants au Louvre. Ils seront parfois surpris parfois par la taille de telle peinture ou de telle sculpture, mais l’essentiel c’est la rencontre avec l’art.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.