« Né à Mannheim en 1912, le jeune Oskar Rohr se passionne pour un sport alors encore jeune : le football. Prodige du ballon rond, celui que l’on surnommera « Ossi » intègre à 18 ans le FC Bayern Munich. Sa carrière est rapidement bouleversée par la montée du nazisme : il fuit son pays pour la France où il rejoint l’équipe du RC Strasbourg. Dès lors, il est considéré comme un traître par le IIIe Reich qui ne manquera pas de le rappeler à son devoir de citoyen allemand et lui fera porter de force l’uniforme…
Ossi rend hommage à l’un des joueurs de football le plus talentueux de sa génération, aujourd’hui injustement oublié.
Préface de Gernot Rohr, ancien footballeur et entraîneur (Girondins de Bordeaux), conseiller technique de la Fédération du Nigeria (NFF) et petit-neveu de Ossi ».
Considéré comme un des meilleurs attaquants de sa génération, Oskar Rohr est aujourd’hui presque oublié. Pourtant, sa vie témoigne d’une époque particulièrement intéressante : celle du passage des clubs de football au professionnalisme dans un contexte de politisation du sport.
Julian Voloj a réalisé une bd touchante sur la passion d’un jeune garçon puis d’un homme pour le football. Jeune virtuose du ballon, Rohr devient le premier footballeur professionnel allemand au Bayern de Munich. En 1932, il offre au Bayern son premier titre de champion d’Allemagne et porte à quatre reprises le maillot de l’équipe nationale. Encouragé par son entraineur, désireux de vivre de sa passion, il quitte l’Allemagne pour Zurich en 1933. Il joue pour le club des Grasshopper avec lequel il remporte la coupe de Suisse puis rejoint le Racing Club de Strasbourg avec lequel il se montre un buteur brillant. Lors de l’invasion de la France par les troupes allemandes, il se réfugie en zone dite « libre ». Considéré comme déserteur par les nazis, il est arrêté, déporté puis envoyé combattre sur le front de l’Est. Sauvé par un soldat supporter du Bayern qui le reconnaît. Resté en Allemagne après guerre, il rejoue au football sans parvenir à retrouver son niveau de jeu.
Julian Voloj ne néglige pas le contexte historique. Il montre le sentiment ambivalent des supporters pour un joueur considéré comme un traître ; il rappelle le traitement réservé aux dirigeants juifs dans les clubs de football… Peut être le contexte aurait-il pu être davantage approfondi. Les nazis se méfiaient du football sport considéré comme « étranger ». Mais Rohr s’est lui-même peu intéressé à la politique.
Cette BD mérite d’être lue et intéressera principalement les amateurs d’histoire du sport. J. Voloj présente un beau récit sur une vie qui reste néanmoins mal connue (http://www.slate.fr/story/119351/oskar-rohr-footballeur-allemand-alsace).
Jean-Marc Goglin, pour les Clionautes