Ce livre est conseillé à partir de dix ans il est illustré par Christel Espié. Précisons qu’il s’agit de quelques dessins qui rythment le livre, comme des visages des personnages ou des éléments de chapitre telle une vue de ville.
Imaginer l’enfance de Colomb
Le récit est organisé en dix-neuf chapitres assez courts, pour parler de Cristoforo Colomb. L’angle du livre tourne autour de l’attirance du jeune homme pour la mer. L’auteur a pris soin de ne pas se focaliser uniquement sur lui et elle lui a donné un ami, Quinto. Là où l’un rêve de grands espaces en mer, l’autre ne rêve que de devenir funambule. Dès que possible, le jeune Colomb qui habite alors Gènes essaie de se rendre au port. Son père n’est pas réellement enthousiasmé par ses projets car il se soucie de savoir qui continuera à s’occuper de son atelier de teinture de laine. Cristoforo est prêt à tout pour arriver à ses fins et si sa famille n’est pas aisée, il cherche pourtant à améliorer ses connaissances. Il se rend ainsi vers maitre Lupo qui remarque très vite qu’il est un très bon élève.
L’histoire avance avec plusieurs rebondissements comme celle d’un cirque qui arrive en ville. Les deux garçons découvrent que des numéros sont truqués et négocient leur silence contre une entrée gratuite. Mais l’attirance pour la mer est trop forte et le jeune Colomb s’embarque clandestinement avant de rencontrer des pirates. Il s’en sort miraculeusement. Son père évolue progressivement jusqu’à finalement accepter les demandes de son fils pour s’embarquer.
L’amitié entre Christophe et Quinto offre de beaux moments de complicité et d’échanges même si le destin sera plus cruel pour ce dernier. Les affaires de la famille Colomb sont mauvaises mais alors une affaire à reprendre dans la famille se présente à quelques kilomètres de là. La famille déménage et pour Cristoforo, Savone s’avérera le lieu de toutes les opportunités. En plus de sa passion pour les bateaux, il croise une jeune fille…
Des éléments de réalité
Tout au long du roman d’Anne Pouget, on trouve donc un certain nombre de notations qui créent le décor. Il s’agit des villes de Gènes et de Savone. Lorsqu’au début du livre, Christophe veut aller voir les bateaux au port, l’auteur livre quelques éléments de description de Gènes. Elle évoque ainsi le bourg des lainiers page 14 en expliquant que chaque quartier était identifiable à ses odeurs. On retrouve plus loin dans le livre d’autres notations sur ce métier comme à la page 39 ou encore page 153.
On sent par endroits et par petites touches la vie quotidienne dans une cité italienne du XVème siècle. Anne Pouget glisse également dans son roman des références que pouvait posséder le jeune Cristoforo : « Le livre des merveilles » de Marco Polo, véritable réservoir à rêves et à fantasmes de voyage. A la page 74, Ptolémée est mentionné ou encore page 108, da Noli, explorateur un peu oublié aujourd’hui. On croise également des architectes comme Michelozzo Michelozzi.
La fin du livre propose un petit dossier intitulé » ce qui est vrai, ce qui est faux », permettant, si on le souhaite, de faire la part du vrai de ce qui est le fruit de l’imagination de la romancière.
Voici un livre agréable à lire qui imagine donc Colomb avant Colomb. L’histoire n’est pas mièvre, et sans céder au déterminisme, Anne Pouget montre ce qu’a pu être l’enfance de celui qui vogua ensuite vers une nouvelle route des Indes. Un efficace cocktail pour entrer dans l’histoire et prolonger la découverte.
© Jean-Pierre Costille, Clionautes.