La bande dessinée Printemps du peuple – Des derniers rois à Marianne est le quinzième tome de l’excellente collection Histoire dessinée de la France, dirigée par Sylvain Venayre. Ici, l’historienne Claire Fredj, spécialiste de la France du XIXe siècle, et le talentueux dessinateur Fabrice Erre, proposent un voyage à travers le XIXᵉ siècle.

Si les bouleversements politiques nourris par la montée de l’idéal républicain sont au cœur de ce volume, Claire Fredj et Fabrice Erré évoquent aussi les autres révolutions industrielle, urbaine, culturelle ou médiatique. En fin d’ouvrage, un dossier très complet permet de prolonger l’analyse ainsi que la réflexion. Les dessins de Fabrice Erre sont riches et expressifs, celui-ci jouant souvent de l’humour pour alléger la gravité des évènements ou pour ajouter une touche de satire.

Pédagogique, très rigoureuse d’un point de vue historique, mordante et drôle à la fois, cette bande dessinée est une vraie et belle réussite !

 

Adolphe Thiers et Marianne en envoyés spéciaux

Le lecteur, tel un spectateur devant son poste de télévision, assiste à une émission spéciale dont Adolphe Thiers et Marianne sont deux des intervenants, ils commentent et analysent les faits marquants des années 1815 à 1871 et notamment les différents scrutins politiques. Les visions divergentes des deux protagonistes ainsi que les celles des nombreux « invités » que sont Karl Marx, Louise Michel, George Sand ou encore le duc de Morny offrent une analyse complète des évolutions majeures du premier tiers de ce XIXe siècle.

Une histoire politique, culturelle et sociale

Les évènements politiques qui jalonnent le XIXe siècle sont bien sûr au cœur de l’ouvrage : la Restauration monarchique qui oscille entre libéralisme et retour à l’absolutisme royal, les révolutions de 1830 et 1848, la proclamation de la république, le coup d’État de 1851, l’empire autoritaire qui se libéralise sur la fin, la défaite de Sedan ou encore l’échec de la Commune. Mais, Claire Fredj et Fabrice Erré dépassent la seule entrée chronologique en proposant une analyse complète des années 1815 à 1871.

Ainsi, au fil des pages, la place et le rôle des médias apparaît comme essentiels. Expression populaire, contre-pouvoir et instrument politique, la presse a été bien souvent surveillée par des régimes craignant d’être déstabilisés. C’est notamment l’atteinte portée à la liberté de la presse qui va précipiter la chute de Charles X.

Le romantisme est présenté comme une sensibilité qui imprègne profondément la politique en se nourrissant de la Révolution française et en pesant sur les révolutions. Ce mouvement protéiforme témoigne des espoirs et des désillusions du XIXe siècle.

La révolution industrielle tient une bonne place dans cet ouvrage tant ses implications et ses conséquences sont nombreuses. Progressivement, la France tourne le dos à son économie agraire et se tourne vers une économique industrielle et de plus en plus libérale. L’ensemble des secteurs liés à l’économie sont révolutionnés et font entrer la France dans la mondialisation : transports, commerce, consommation, etc.

En lien avec l’industrialisation, c’est bien sûr la question sociale qui est posée face à l’explosion de la nouvelle pauvreté urbaine et à la quasi absence de mécanismes pour réguler la précarité qui touche les travailleurs. Le débat politique et les acteurs politiques, économiques et intellectuels tentent alors d’apporter des réponses. Le socialisme est en est un exemple.

Enfin, le lecteur découvre aussi l’intense activité diplomatique et militaire de la France tout au long de ce XIXe siècle. A partir de 1830, c’est la conquête et le peuplement de l’Algérie qui débute. Puis, sous Napoléon III, les interventions militaires se multiplient afin de rendre à la France sa place dans le concert des nations européennes : en Crimée, en Italie, au Liban ou en Chine.